Talleyrand forme Grand

Hier, Mona a évoqué avec panache le boiteux. Je vais, si j’ose dire, lui emboiter le pas.

de gauche à droite : Madame de Staël, Talleyrand, Madame Grand
de gauche à droite : Madame de Staël, Talleyrand, Madame Grand

Madame de Staël avait exercé une forte influence sur Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. En effet, durant la révolution, ce dernier dut s’exiler en Angleterre, puis aux Etats Unis. C’est Madame de Staël (elle fut sa maîtresse) qui le fit rayer de la liste des émigrés et sollicita de Barras, membre du Directoire, le poste de ministre des Affaires Etrangères pour son protégé.  Mais Catherine Grand, rencontrée aux Etats-Unis d’Amérique, avait fait tourner la tête du « diable boiteux. » Or tout opposait les deux femmes : Madame de Staël était considérée comme une intellectuelle mais franchement laide. Madame Grand, quant à elle, était d’une grande beauté[1]. Par contre, elle semblait incapable d’avoir une idée pouvant rivaliser avec celui qu’elle avait su charmer. On demanda à M. Talleyrand comment il pouvait rester avec une personne si peu « intelligente ». – « Cela me repose, » répondit-il.

Il faut dire que Catherine Grand semble avoir été la seule femme à le rendre heureux « physiquement ». Madame de Flahaut, qui fut une des maitresses du grand homme, disait de lui « Il n’est pas fort dans la chose mais suave dans la manière ».
D’ailleurs, c’est bien Catherine qui devint sa femme et Princesse de Bénévent.

On raconte que Madame de Staël, plutôt jalouse de la belle, demanda un jour à Talleyrand laquelle il sauverait d’elle ou de Madame Grand si elles tombaient à l’eau.
Cette demande n’avait été faite que pour l’embarrasser ; cependant Talleyrand ne le fut pas. Il lui répondit du tac au tac :
« Je suis sûr, Madame, que vous nagez comme un ange. Aussi, c’est Madame Grand que je sauverai ».

Bon c’est pas tout çà, Mona, débouchons la dive bouteille et buvons le jus de la treille.


[1] La Duchesse d’Abrantès écrit à son sujet: « Elle était grande, parfaitement faite, et ses cheveux, du plus beau blond cendré, tombaient en chignon flottant sur ses épaules. Ils la doublèrent et furent charmés en la voyant : une peau de cygne, des yeux bleus admirables de douceur, un nez retroussé et un ensemble parfaitement élégant. »

2 pensées sur “Talleyrand forme Grand”

  1. Bravo pour votre jeu de mot dans le titre. Je suis sure que Charles Maurice serait fier de vous !!!!
    Votre blog est un régal.

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