Disciple des piqures

Le Palais Royal fut cédé par Louis XIV à son frère, Philippe d’Orléans. Son fils, également prénommé Philippe, s’y installera et organisera ces fameux « dîners fins » en menant une vie de débauche. Devenu Régent, il ne changera pas ses habitudes.  Comme le propriétaire des lieux refuse l’entrée de la police sur son domaine, les prostituées, voleurs y trouvent refuge.

Avec la Révolution, on tente de rétablir la moralité. Ainsi une « dame » fut promenée sur un âne la face tournée vers la queue du bourricot. Sur un écriteau était inscrit : « femme corruptrice de la jeunesse ». Exposée nue, sur la place du Palais-Royal, elle recevra le fouet et sera marquée à l’épaule au fer rouge avant de passer 3 ans en prison.

Après 1815, les jardins sont librement ouverts au public. Rapidement, ce sera un lieu de débats mais aussi de rencontres libertines…

Fin 1818, de nombreuses plaintes sont déposées. Le 3 décembre, la préfecture signale qu’: « un individu dont on n’a put se procurer le signalement que d’une manière imparfaite se fait, depuis quelques temps, un plaisir cruel de piquer d’une canne ou d’un parapluie les jeunes personnes de 15 à 20 ans que le hasard lui fait rencontrer dans les rues… »
Tout cela se passe sous les voutes des galeries du Palais-Royal.


Les chanteurs de rues diffusent cette histoire dans Paris. Un pharmacien propose un baume anti-piqures, un corsetier vend des « protège-fesses » incluant une plaque de métal.

Enfin, on arrête un suspect : Auguste-Marie Bizeul sera condamné en 1820 à une forte amende et à 5 années de prison.

Alors que de nouvelles agressions seront signalées durant plus d’un an, le bougre purgera l’intégralité de sa peine.

Etait-ce une erreur judiciaire ou avait-il fait des émules ?

Mona pas de plaques sur les fesses et ne met pas de baume, et vous ?

L’avaleur n’attend pas le nombre des années

Le temps imparti au repas du midi étant de plus en plus court, nous rendons quotidiennement hommage à Lord Sandwich. C’est en 1762 que Sir John Montagu, quatrième comte de Sandwich, amiral de la flotte du roi d’Angleterre George III et joueur invétéré, se retrouva dans un pub pour une partie de cartes qui n’en finissait pas. Pour éviter d’avoir à interrompre sa partie, John demanda qu’on lui amène deux tranches de pain avec de la viande froide au milieu.

sandwich

Bon an mal an, chaque français achète 20 sandwiches par an ce qui représente 1,20 milliards pour plus de 20 000 tonnes de boustifaille. Et ce segment de restauration est en augmentation constante.

En mastiquant son sandwich, on ingurgite généralement de l’eau, de la bière ou même un soda, vous dire ! Pour inciter les mangeurs sur le pouce à boire du vin, la maison de négoce Cordier a lancé Tandem, le bordeaux en tétra brick à boire avec une paille. Mais pas n’importe quelle paille : une paille sensorielle développée spécifiquement pour le vin qui, grâce à quatre jets diffusants, permet de retrouver les mêmes sensations que lorsqu’on boit au verre.(dixit Cordier)

Quant au Comte de Sandwich, onzième du nom, il a lancé sa propre chaine de restauration rapide. Et on dit qu’il fait son beurre.

Ben vous voyez : que du bonheur. Vade resto satananas !

Mona, je suis pas du tout mûr pour boire mon jaja à la paille. Mais sortez donc cette douceur venue du Jura. Dans un joli verre, la robe de ce vin de paille 2002 de Berthet-Bondet va vous envouter.

Grease de nerfs

johntravolta

John Travolta a confié à un journaliste qu’il traînait un vieux TOC (trouble obsessionnel comportemental). Il ne peut boire un verre de bourbon sans que les glaçons ne soient d’une taille et d’une forme rigoureusement identiques. Ils doivent être impérativement carrés, biseautés et d’une pureté cristalline. Faute de quoi, il peut faire un malaise.

Pauvre chou ! Un bon conseil, John, il faut arrêter le bourbon et passer à la camomille…

Mona dansé jusqu’au bout de la nuit sur Saturday Night six-verres. Pas vous ?

Il n’y a que le premier papa qui goûte

L’ami Auguste ne rate pas une occasion de nous instruire sur les choses de la vie. Aujourd’hui, il nous avertit des risques à pratiquer la chose si on n’est pas au top de sa forme. Avant de penser à bomber la guérite, à Maman, vérifiez que vous êtes pas en train de pomper dans les rinçures pour que vos enfants à venir ne souffrent pas d’une faible constitution :

M. Théophile V***, homme du monde, qui n’avait reçu de ses parents qu’une très faible santé, arriva jusqu’à l’âge de trente ans sans songer à se marier. D’une intelligence aussi développée que sa constitution physique était chétive, il avait jugé que son état valétudinaire lui défendait les plaisirs du mariage. Cependant le désir d’avoir des enfants et de vivre au milieu d’une famille dont il serait l’idole devint si vif, si pressant, qu’il se décida subitement à prendre femme. Son médecin, consulté, lui donna des conseils qu’il suivit ponctuellement.

siesteThéophile V*** alla choisir en province une femme de vingt-quatre ans, fraîche, bien constituée, pleine de force et de santé. Après dix mois de mariage, il eut le bonheur de se voir père d’une jolie fille, qui ressemblait à sa mère par sa bonne constitution. Sa femme lui donna encore deux autres enfants aussi beaux que le premier. Mais, il faut le dire, Théophile avait suivi strictement le régime des hommes qui veulent avoir une belle progéniture. Avant de s’approcher de sa femme, il s’était soumis, pendant un mois, aux règles de la continence et à une alimentation fortifiante. Une fois sa femme enceinte, il s’était interdit toute caresse amoureuse qui eût pu gêner le travail de la gestation.

Le même mariage va nous montrer la triste influence qu’exerce, sur la progéniture, l’état antihygiénique des parents.

man-exhaustedForcé de quitter sa femme pour remplir une mission diplomatique, Théophile revint, après quelques mois, fatigué, épuisé de veilles, de soirées, de parties aristocratiques auxquelles sa position sociale l’obligeait de prendre part. Le soir de son arrivée, il eut l’imprudence de s’approcher de sa femme; la fécondation s’ensuivit ; mais le fruit qu’elle donna ne ressembla en rien aux premiers. Ce quatrième enfant, malgré tous les soins dont fut entouré son berceau, resta toujours malingre et chétif. On eût dit que ses parents épuisés ne lui avaient pas transmis une assez forte dose de vitalité ; il crût cependant, mais fluet, étiolé, semblable à une plante qui s’allonge comme un fil et se dessèche, bientôt. M. Théophile, s’accusant intérieurement d’avoir donné le jour à un être si faible, eut la douleur de le voir mourir avant sa cinquième année. Cette perte fut pour lui un constant remords, car il avait l’expérience du passé, et l’homme sage, avant de céder à l’attrait du plaisir, doit en calculer froidement les conséquences.

Louis XIV demandait à son médecin pourquoi les enfants qu’il avait de sa femme étaient chétifs ou difformes, tandis que ceux que lui donnaient ses maîtresses étaient beaux et vigoureux.
– « Sire, lui répondit le médecin, c’est parce que vous ne donnez à la reine que les rinçures. »

Répétons encore ici qu’une trop vive ardeur en amour, de même que les excès vénériens, nuit à la fécondation, La salacité ou la soif immodérée des voluptés sensuelles sont également les ennemis d’une belle procréation.

Comme il y va Auguste. Rinçures, c’est trivial mon vieux ! Enfin Mona, çà ne doit pas nous empêcher de boire à la mémoire du Doc. Allez on fait péter Château Simone 2001 : un merveilleux vin blanc des Bouches du Rhône en appellation Palette. Un vin qui redonne des forces, si  vous voyez ce que je veux dire, ma chère Mona.

Ma p’tite puce

Puce_programméeCe matin, dans ma salle de lecture favorite, je suis tombée dans mon Dictionnaire Historique de la Langue Française sur « puce« . Pour nombre d’entre nous, ce n’est plus qu’un composant informatique. Mais c’est avant tout, le nom d’un petit insecte sauteur, parasite des hommes et des animaux. La puce entre dans quelques locutions figurées :

Avoir, mettre la puce à l’oreille qui a d’abord signifié « provoquer ou avoir un désir amoureux » et ceci jusqu’au XVI° siècle, y compris chez La Fontaine avant de prendre son sens moderne (XVII°) de « être intrigué, mis en éveil »

Secouer les puces à quelqu’un est la variante de remuer les puces à quelqu’un.

Mais revenons à notre sympathique insecte. Il aime la chaleur et cherche donc notre compagnie. Colette Renard nous livre une histoire pas piquée des vers (et pourquoi pas des puces ?)

La puce

Au dortoir,
Sur le soir,
La sœur Luce,
En chemise
Et sans mouchoir,
Cherchant du blanc au noir
À surprendre une puce.
À tâtons,
Du téton,
À la cuisse
L’animal ne fait qu’un saut
Ensuite un peu plus haut
Se glisse.
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre,
De pincer,
Sans danger,
Il se flatte.
Luce pour se soulager
Y porte un doigt léger
Et gratte.
En ce lieu,
Par ce jeu,
Tout s’humecte
À force de chatouiller
Venant à se mouiller
Elle noya l’insecte.
Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l’âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme.

Mona pas piquée des hannetons, et vous ?

Forte en j’t’aime latin

Requies est silentium – Nec tamen diu! [1]

A Rome, l’épouse d’un riche Romain avait passé son temps à accabler son mari d’incessants reproches tout au long de sa vie.

A la mort de ce dernier, elle attendait avec impatience l’ouverture du testament. Elle dut se rendre à l’évidence : il ne lui avait laissé aucun héritage, pas même le moindre sesterce [2].

Furieuse, elle se rendit chez le graveur qui réalisait le monument funéraire de son mari.

– Que dois-tu inscrire sur sa la frise de la tombe de mon mari ?

– J’écrirai ces mots à la demande du défunt : «REPOSE EN PAIX MAINTENANT»

– Hé bien tu ajouteras, dit la veuve, les mots suivants : «JUSQU’A CE QUE J’ARRIVE»

Mona, je souhaite trinquer avec vous. Vous qui me comprenez si bien, vous qui me laissez picoler sans m’engueuler sans arrêt… c’est pas comme ma future veuve. Bon allez, encore une qu’elle n’aura pas : Les Carruades de Lafite 2003. Un second vin qui dépasse tant de premiers.

A notre bonne santé, Mona…


[1] Le repos est  silence… Mais pas pour  longtemps !
[2] Le sesterce, appelé aussi numus puis numisma a donné le terme numismatique.

Marlbrough s’en va-t-en guerre

Colette Renard, sur le disque « Les Chansons Gaillardes » en a interprété une version à ne pas mettre entre toutes les oreilles.

duke-marlboroughMais c’est surtout comme chanson enfantine que chacun de nous connaît le départ en guerre de Malbrough.

Et qui était donc ce Malbrough ? :

Lord Churchill, duc de Marlborough (1650 – 1722), ancêtre de Winston Leonard Spencer Churchill.

Capitaine général des armées britanniques, il se distingua dans une guerre contre les Pays Bas (de 1672 à 1673) sous les ordres du duc d’York, futur Jacques II roi d’Angleterre. Il remporta de nombreuses victoires contre les Français, et notamment, lors d’une bataille dans une petite ville de Bavière, Blenheim. En 1709, il combattit à nouveau contre les armées de France à Malplaquet, sous le règne de Louis XIV. C’est lors de cette bataille que les Français écrivirent la chanson « Malbrough s’en va t’en guerre »pour se moquer du général qu’ils croyaient mort sur ce champ de bataille. Il mourut en fait, dans son lit, en 1722 d’une crise d’apoplexie.

La chanson fut vite oubliée puis remise au goût du jour par Marie-Antoinette qui l’entendait chantée par la nourrice du Dauphin. Et là, gros succès. Elle est reprise par toutes les classes sociales. On dit que Napoléon fredonnait cette chanson avant de partir en campagne.

En 1780, apparaît, dans un livre de cuisine, une nouvelle recette :

Prenez du bœuf cuit dans la marmite et si vous en avez de la veille, il sera aussi bon; coupez le en tranches fort minces, prenez le plat que vous devez servir. Mettez dessus dessous deux cuillères de coulis. Un mélange haché très fin d’ail, persil, ciboule, câpres, anchois; couvrez votre plat, une demi-heure, servi très réduit, à courte sauce (Menon, Cuisinière Bourgeoise 1797).

De chanson de soldat, puis de nourrice, elle finit en cuisine. Le boeuf bouilli prend son nom du fameux « Mironton, tonton, mirontaine« .

En cuisinant, je vous conseille de chanter :

« Malbrough s’en va-t-en guerre, Mironton, tonton, mirontaine ; Malbrough s’en va-t-en guerre, Ne sait quand reviendra… (ter) « 

Çà délasse… et çà donne de l’entrain

Quant à vous ma p’tite Mona, si vous voulez vous délasser en ma compagnie, je vous invite à boire ce verre de Mas Amiel Vintage 2007. Que de la douceur !

Pompe Afrique

En Europe, depuis Jean de La Fontaine, on sait que Perrette lorsqu’elle va au marché avec son pot de lait sur la tête, passe son temps à tirer des plans sur la comète et finit par casser le pot. Et lorsqu’elle revient chez elle, elle craint d’être battue par son mari. En Afrique, les choses semblent se passer autrement selon Mamadou Khânto, auteur de ce poème :

chaponbresse3Une fermière du Rwanda,
Qui était Hutu de surcroît,
Quitte sa case et sa smala
Pour le marché de Kampala.
Elle veut honorer sa tribu
D’un beau chapon gras et dodu.
Mais elle était peu fortunée,
Et le marchand Tutsi, rusé,
Refusa de baisser le prix
Du chapon par elle choisi.
Me le donnerais-tu,
Dit la cliente Hutu,
Contre une gâterie
Sur ton beau bengali ?
A voir, dit le vendeur,
De cette gâterie quelle serait la valeur ?
Vaudrait elle un chapon ?
Il m’en faudrait la preuve pour de bon.
Aussitôt la bougresse s’enfouit sous le boubou,
Et vite fait jaillir la sève du bambou.
J’ai gagné le chapon, s’exclame l’innocente,
La bouche encore pleine du produit de la vente.
Que nenni’ lui répond le volailler acerbe
Tout comme la figure, le chapon tu as perdu
Car comme le dit notre si beau proverbe :
Turlute Hutu,
Chapon point eu.

Mona pas oublié le drame du Rwanda : c’était en avril 1994

Hymen, c’est vache

Sallentin a publié au début des années 1800 une série de recueils au titre curieux : l’Improvisateur Français. Ces ouvrages ressemblent à un dictionnaire mais agrémenté de nombre d’anecdotes. Au mot « coucher« , on peut lire :

« Nous ne pouvons vendre que ce qui nous appartient.
Autrefois les curés de Picardie prétendaient que les nouveaux mariés ne pouvaient pas, sans leur permission, coucher ensemble les trois premières nuits de leurs noces. Il intervint arrêt le 19 mars 1409, portant défense à l’évêque d’Amiens et aux curés de ladite ville, de prendre ni exiger aucun argent des nouveaux mariés pour leur permettre de coucher avec leurs femmes la première, la seconde et la troisième nuit de leurs noces. Il fut dit que chacun desdits habitants pourrait coucher avec son épouse sans la permission de l’évêque et de ses officiers. »

Un peu plus loin, au mot « cul, culage » on peut lire :

jeunes-maries– Les femmes, à qui la mode a de tout temps tourné la tête, portaient il y a vingt ans des culs postiches; elles en portaient il y a 200 ans, et davantage. Henri Etienne dit que de son temps, environ l’an 1680, quand une dame demandait son bourrelet pour sortir, elle disait : apportez-moi mon cul, et que quelquefois on criait : on ne trouve point le cul de madame ; le cul de madame est perdu.

– Culagium en latin, en français couillage ou culage, étaient des termes dont on se servait autrefois pour exprimer le droit que s’étaient attribué les seigneurs, et qui les autorisait à jouir, le jour de l’hyménée, des prémices du mariage avec toutes les filles qui habitaient sur leur territoire. Ce droit, quoique fort agréable pour l’ordinaire, était fort embarrassant pour les vieux seigneurs, pour les vieux prélats, et quelquefois même pour les jeunes quand le pays était passablement peuplé. Ils imaginèrent donc de donner aux maris la licence de se racheter du droit de culage, et comme l’argent était rare, les seigneurs n’en exigèrent pas. Ils se contentèrent du paiement d’un impôt en nature, tel que blé, vin, cidre ou bestiaux, selon les productions du sol. Du reste, nul ne pouvait coucher avec sa femme s’il n’eût payé ce droit. Alors le seigneur se contentait de mettre une cuisse nue dans le lit de la mariée, ce qu’on appelait prendre le droit de cuissage ou culage. Même les filles de nobles n’en étaient pas dispensées. Mais il paraît qu’il vint un temps où elles purent s’en racheter par le don d’une vache.

Voltaire s’est insurgé contre cette ancienne pratique :

Les jeunes fiancées donnaient donc sans résistance la première nuit de leurs noces au seigneur châtelain.
On prétend que cette jurisprudence commença en Ecosse ; je le croirais volontiers : les seigneurs écossais avaient un pouvoir encore plus absolu sur leurs clans, que les barons allemands et français sur leurs sujets.
Il est indubitable que des abbés, des évêques s’attribuèrent cette prérogative en qualité de seigneurs temporels : et il n’y a pas bien longtemps que des prélats se sont désistés de cet ancien privilège pour des redevances en argent, auxquelles ils avaient autant de droit qu’aux pucelages des filles.
Mais remarquons bien que cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique. Si un seigneur ou un prélat avait assigné pardevant un tribunal réglé une fille fiancée à un de ses vassaux, pour venir lui payer sa redevance , il eût perdu sans doute sa cause avec dépens.

Mona, çà me rappelle cette vieille blague :
Qui grossit le plus en une nuit ? Vous ne savez pas ? Votre langue au chat ?
C’est la femme ; car son mari lui dit le soir : « tu viens ma petite puce » et le matin : « tu te lèves, grosse vache« … Oui, je sais c’est déplacé, gamin et tout. Mais enfin, il y encore quelques temps, il fallait avoir au moins une vache pour passer sa nuit de noce. J’ai rien inventé.
Bon allez, on boit un coup ? Et pas du lait. Moi je boirai du lait uniquement quand les vaches mangeront du raisin. Mais une simple Clairette de Die authentique fera l’affaire. Le plaisir du muscat avec des bulles. C’est léger, léger… Et avec ce morceau de tarte que vous avez faite, le pied !!

Le Roi au bord d’elle

Dans les Fastes de Louis XV, l’auteur, un certain Bouffonidor publie en 1782, un ouvrage en deux volumes sur la vie de Louis XV. La lecture de ces pages montre la déliquescence du pouvoir. N’oublions pas que Louis XVI était encore Roi. La préface illustre bien le dégoût que le Bien-Aimé avait suscité à la fin de son règne :

On va parler d’un Roi qui avait mérité de son peuple le doux titre de bien-aimé ; d’un Roi qui fut, dans son berceau, l’idole des Français ; à qui y dans son printemps, on éleva des statues que, dans son automne, on insulta de la manière la plus sanglante ; d’un Roi dont la mort fut, comme celle de son bisaïeul, le triomphe de la nation. Voici le moment de la vérité. Ayons le courage de tout dire et de ne rien cacher. Ne dissimulons ni les vertus, ni les vices du Monarque, ni les crimes, ni les forfaits des esclaves, des roués, des courtisans, des Ministres, des viles prostituées qui l’entourèrent pour son malheur et celui de ses peuples.


A propos de Madame Du Barry, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ces quelques mots suffiront à illustrer :

C’est ainsi qu’on vit une catin, née dans une condition très obscure, vouée au libertinage dès sa tendre jeunesse, autant par goût que par état, n’apportant au Monarque que les restes de la prostitution de la plus vile canaille; c’est ainsi qu’on l’a vit s’asseoir presque sur le trône, et le Roi lui prodiguer le trésor public pour lui faire étaler un luxe de Reine, multiplier les impôts pour satisfaire ses fantaisies puériles, et faire dépendre le destin de ses sujets des caprices de cette folle.

Dois-je vous rappeler que cette dame est toujours en vie [1] lors de la parution de ce livre.

De même, l’auteur rapporte les attaques contre la favorite. Même au sein de la Cour, on jase… Ainsi cet ecclésiastique profite d’un sermon pour envoyer la purée :

L’abbé de Beauvais ayant obtenu l’honorable station du carême [2] de 1774, devant Louis XV, prit le parti de faire fortune par cette voie, en s’exposant ou à avoir un évêché pour prix de son zèle apostolique, ou à être enfermé à la bastille en punition de son audacieuse témérité. Il osa donc tonner en chaire contre la vie scandaleuse du Monarque. Il caractérisa spécialement sa passion pour Madame du Barry, dans une peinture énergique qu’il fit des mœurs de Salomon, dont la comparaison était sensible. « Ce Monarque, disait-il, rassasié de volupté, las d’avoir épuisé, pour réveiller ses sens flétris, tous les genres de plaisirs qui entourent le trône, finit par en chercher d’une espèce nouvelle dans les viles restes de la corruption publique. » Madame du Barry se reconnut trop bien à ce portrait pour n’être pas piquée. Elle écrivit le soir même cette lettre à l’audacieux prédicateur : « Vous venez, Monsieur l’abbé, de prêcher avec une insolence extrême, la charité, la modération ; vous avez eu la hardiesse de noircir la vie de notre Monarque aux yeux de son peuple; vous n’avez attaqué que lui, quoiqu’il fût le seul que vous deviez ménager, et dont vous deviez en quelque sorte excuser les faiblesses, devant ses sujets. Ce n’est point la charité chrétienne qui vous a inspiré ; c’est l’ambition et le seul désir de vous élever qui ont été les mobiles de votre conduite. A la place de Sa Majesté,  je vous exilerais dans quelque village éloigné, pour y apprendre à être plus circonspect, et à ne plus chercher à soulever les peuples contre les Princes que Dieu leur a donnés pour les gouverner. Je ne sais ce qu’elle fera; mais vous avez trop compté sur sa bonté. Vous ne vous attendiez pas à recevoir de moi des règles pour vous conduire, puisées dans le christianisme et la morale ; mais pour votre bien, tâchez d’en faire votre profit. Voilà mon sermon, je souhaite qu’il vous puisse être utile ». La favorite chercha, par toute voie possible, à indisposer son royal amant contre le hardi prédicateur; mais Louis XV était bon ; il ne se fâcha pas, il l’excusa même, en disant qu’il avait fait son métier, et il récompensa la station de ce nouvel Athanase, par le don de l’évêché de Sénez.

Mona pas de Royal amant ; dommage ?


[1] Elle sera guillotinée le 8 décembre 1793
[2] Se dit particulièrement des prédicateurs auxquels on assigne telle ou telle église pour y prêcher pendant l’avent ou le carême.