Impression sur bristol…

Les Français sont souvent convaincus qu’ils sont à l’origine de toute la grande cuisine et de tous les grands vins. Et pourtant ! Sans les Anglais, nombre de vins n’auraient pas atteint la qualité qui leur est reconnue aujourd’hui. Sans les Anglais, pas de Bordeaux, pas de Porto, pas de Xérès, pas de Madère….

Aussi, je profite de ces colonnes pour rendre hommage à un pionnier : John Harvey. En 1796, alors que les Français « révolutionnent », John importe ses premiers vins d’Espagne et du Portugal. Dans les années 1860; ses descendants créent une crème à base de sherry connue encore de nos jours sous le nom de Harvey’s Bristol Cream. C’est un mélange savant de vins de Jerez (Fino, Amontillado, et Oloroso et Pedro Ximenez) pour obtenir une crème onctueuse, riche et pleine de douceur. Le mot crème est trompeur : elle ne contient pas de produits laitiers. Le succès est là. Les Harvey lancent une maison de négoce à Bristol. Bien que la famille ne soit plus présente dans la société, la marque est signe de qualité en matière notamment de sherry.

Il y a encore quelques années, un restaurant se situait au cours des caves de Bristol. Une de mes amies, Mélanie, y a travaillé. Et elle m’a montré une addition exceptionnelle. Régulièrement, les meilleurs employés pouvaient dîner en payant le vin avec une réduction de 93%.

En 2001, Mélanie a ainsi pu manger quelques mets de choix et boire un Château Cheval Blanc 1959 avec son compagnon pour 115 £…  dont 31,50 £ pour le vin. Or le millésime 1959 est considéré comme une des plus grandes réussites du 1er cru de Saint-Emilion.


Neuf années se sont passées… et pourtant le souvenir est toujours vivace. Alors patrons de restaurant, voilà une idée à lancer…

Encore une fois, Epicuriens, l’exemple vient d’ailleurs !

Ma chère Mona, je suis content de votre travail. Et vous avez le bonheur de déguster avec moi nombre de bons vins et pour vous, c’est gratis. Avouez que je suis un patron exceptionnel ! Bon. Bon, c’est pas tout çà, buvons un coup.  J’ai choisi un Fino de chez Alvear. Mettez donc quelque olives et amandes… Un vin sec et parfumé qui nous emmène tout droit en Andalousie.

Vous avez un peu de Monet ?

En 1915, Sacha Guitry présentait au Théâtre des Variétés un film muet de 22 mn intitulé « Ceux de chez nous« . Le titre a été choisi pour répondre à un manifeste allemand vantant la culture germanique. Le jeune cinéaste y présente des images d’Auguste Rodin, Maître Henri-Robert, Claude Monet, André Antoine, Camille Saint-Saëns, Edgar Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Octave Mirbeau

En 1939, puis dans sa version définitive de 1952, ce film  fut sonorisé et Guitry y ajouta des images de son père.

Mais, en pleine exposition « Monet », je m’attarderai sur l’extrait consacré au peintre de génie. Sacha Guitry y raconte que Clémenceau, son grand ami,  appelé au chevet du mourant, quitta en toute hâte sa Vendée pour rejoindre Giverny. Il arriva juste à temps pour embrasser son vieil ami… C’était le 5 décembre 1926.

Il assista à la mise en bière et quand l’homme des pompes funèbres voulut recouvrir le cercueil de Monet du voile noir traditionnel, Clémenceau le lui prit des mains : « Non, dit-il », et ayant regardé tout autour de lui, il alla à la fenêtre, arracha l’un des rideaux de toile fleurie, et lui-même, il en recouvrit le cercueil du grand peintre en disant à mi-voix : « Pas de noir pour Monet ! Le noir ce n’est pas une couleur ! ».

Existe-t-il plus bel hommage ? Mona pas sure !

Claude Monet