Allez… lisez

Mona aime lire sur la tombe de Félix Faure

La scène se déroule au palais de l’Elysée, le 16 février 1899. Au sortir du conseil des ministres, Félix Faure se plaint à son chef de cabinet d’avoir ressenti, lors de son lever, une violente douleur à hauteur de la nuque. Puis il se rend dans son bureau où il reçoit, à la va vite, deux visiteurs venus plaider la cause de Dreyfus. Les entretiens terminés, il appelle un huissier et lui demande d’apporter un  « petit verre ». L’homme qui connait bien les habitudes du Président, présente rapidement un verre à base de quinquina, réputé pour ses vertus « vivifiantes » (si vous voyez ce que je veux dire).
Sitôt, la potion ingurgitée, Félix Faure s’éclipse dans le salon bleu…

Quelques instants plus tard, des cris bouleversent la quiétude de l’Elysée. Monsieur Le Gall, chef de cabinet, après quelques hésitations, ouvre la porte du salon pour répondre aux appels au secours. Il trouve le Président couché sur le tapis ayant pour tout vêtement un gilet de peau. Manifestement, il est mort. Et ses mains tétanisées sont emmêlées dans la chevelure d’une dame allongée en tenue d’Eve. Vite, vite, il faut agir. Vite, vite, elle doit partir… Pour dégager la belle, il faut  même lui couper des mèches de cheveux. Vite, vite, il faut s’habiller ! Avant de prévenir Madame Faure, qui habite le palais, il faut que la dame doit sortir du salon. Vite, vite, tellement vite qu’elle n’a pas le temps de remettre son corset à lacets. Elle enfile (si j’ose dire) un manteau et part précipitamment.

Madame Faure, prévenue, fait appeler le curé de la Madeleine. Celui accourt pour administrer les derniers sacrements. A la porte du salon, il demande à un huissier :
-« Monsieur Félix Faure a-t-il encore sa connaissance ? »
-« Oh, non, rassurez-vous, elle est partie …. »

Clémenceau qui fut journaliste, écrit :
« Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui. Il a voulu vivre César et il est mort Pompée. »

Pour conclure, une remarque :

Se retrouver mort nu devant son chef de cabinet, c’est un comble pour un Président connu pour son souci extrême de l’étiquette. Ainsi, il avait demandé à toutes ses connaissances de le vouvoyer à dater de son élection. Un des ses amis d’enfance lui aurait répondu :
-« Mais bien sûr, je comprends, Monsieur le Président, mais permettez-moi de vous tutoyer une dernière fois pour vous dire que je t’emmerde. »

Et une question :

Qui est cette belle qui fit mourir Félix Faure en épectase[1] ? Vous voulez le savoir, il faudra attendre demain…

D’ici là, ne nous laissons pas aller. Sans atteindre l’épectase, ma Chère Mona, ne boudons pas notre plaisir. Je vous sers un Château Latour Martillac 2007. Ce Pessac Léognan blanc est élégant et bien équilibré. Un grand vin


[1] Mourir durant l’acte sexuel

4 pensées sur “Allez… lisez”

  1. Souvenir d’une « urgence médicale » une certaine nuit de 1963, au S.P. 69…en RFA: le médecin que j’étais alors, appelé par les voisins d’un couple, alertés par des cris, se rendit au domicile de la HLM où créchaient les gens, découvrit, après avoir défoncé la porte, un volumineux adjudant, velu, ventru, puant la vinasse ( pas comme celles que l’Épicurien recherche), reposant, de profundis, sur le corps menu de sa vietnamienne d’épouse suffocant sous le poids…lourd.
    Je suppose que le défunt en question n’avait jamais entendu parler d’épectase, de la fin glorieuse d’un ancien président, de Clemenceau, de César et de Pompée en s’acharnant sur sa « Tonkiki, tonkiki, tonkinoise » ! Y’a des priorités à respecter, pas vrai, Mona ?

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