Taille Guyot

Le vin, c'était la FranceAujourd’hui, Mona et moi rendons un hommage appuyé à un homme politique. Je vois déjà certains d’entre vous se gausser : ah, je le savais bien, il fallait bien que ce blog se politise !… Qu’est ce que j’en ai à faire de connaître les idées politiques de Mona ? Vous emballez pas, mes petits chats.

Le gars qui sera à l’honneur aujourd’hui est hors service depuis un bon moment.

Yves Guyot fut député de la Seine de 1885 à 1893 et Ministre des Travaux Publics de février 1889 à février 1892. Bien que membre perpétuel de la Société française de tempérance[1], cet homme politique et écrivain faisait une distinction entre les mauvais alcools (absinthe, alcools de grains) et le vin. Ainsi, dans un ouvrage publié en 1917(La question de l’alcool), il écrit :

Les hydromanes[2] se prétendent patriotes : et ils trahissent la patrie française. Notre boisson quotidienne a de l’influence sur notre caractère, nos aptitudes, notre manière d’être générale. Jamais un Munichois ne pensera et n’agira comme un Gascon. Il y aura toujours la différence qu’il y a entre un verre de bière et un verre de Médoc. Enlever à la France le vin et l’eau de vie, ce serait supprimer une partie des qualités qui en font le charme et en constituent le rayonnement et l’influence. Mettez de l’eau à la place du vin dans les verres de Montesquieu et Montaigne, et vous enlevez des chefs-d’œuvre à la littérature française. Enlever à la France le vin et l’eau-de-vie, ce serait supprimer une partie des qualités qui en font le charme et en constituent le rayonnement et l’influence.

Ha, çà fait du bien. Enfin du bon sens ! Nos politiques français feraient bien de s’inspirer de ces propos. Le vin ne peut pas être présenté comme le symbole de l’alcoolisme en France. Allez Mona, buvons, buvons, qu’un vin bien pur abreuve nos maisons. Je débouche, sous vos yeux émerveillés, un Beaujolais Villages 2009 de Jean-Charles Pivot. Un fruit qui explose en bouche. Gourmande, va… je vous ressers.


[1] Ancêtre de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)
[2] Buveurs d’eau

Perche interdite

Tout près du Panthéon, au cœur du V° arrondissement, la rue de l’Estrapade est calme. Les plus lettrés se souviennent que Charles Péguy y demeura et que Diderot y rédigea nombre d’articles de l’Encyclopédie. Au bout de la rue, on aboutit sur la place de l’Estrapade. Lieu romantique, s’il en est : place ombragée avec en son centre une des belles fontaines Wallace, des bancs qui attirent les amoureux… Un endroit plaisant.

Mais à qui rend-on hommage ? Qui est cette Estrapade ?

Et bien, mes choux, c’est un souvenir du Moyen-Age :

Tout d’abord utilisé pour les déserteurs, ce supplice servit à châtier les hérétiques, les sorcières… Il consistait à hisser avec une corde le condamné, mains liées derrière le dos, au sommet d’une haute potence. La corde était brusquement lâchée. La chute du corps était rapide et ce d’autant plus qu’on avait attaché des poids à ses chevilles. En arrivant au sol, les membres étaient en sale état, mais le gars était généralement vivant. Aussi, on hissait à nouveau la corde et le condamné avait le droit à autant de tours que nécessaire pour passer de vie à trépas.

Il fallut attendre 1776 pour que Louis XVI supprime ce mode de torture.

Mona prend chaque jour quelque chose…

Il me renfloue

Cartouche devant le Pont Neuf

Il fait nuit glaciale ce jour de décembre 1718. A Paris, une ombre vêtue de noir enjambe le parapet du Pont Neuf, reste immobile quelques secondes avant le grand saut fatal. Brusquement, un homme jaillit et attrape le malheureux par son froc. Le pauvre bougre, après avoir râlé contre son  sauveur, se met à parler :

– « A quoi bon vivre, je suis couvert de dettes. Je suis ruiné et ne peux plus payer mes créanciers. Ces bougres m’ont poussé à acheter beaucoup trop de tissus, et mon activité de drapier ne me permettra jamais de rembourser ces rapaces.  Alors laissez-moi en finir… ».

– Combien devez-vous exactement ?

-Plus de 27.000 livres, alors, vous pensez….

-Hé bien, je trouverai une solution et dès demain, vos fournisseurs seront payés. Donnez-moi leur adresse et rentrez chez vous.

Le misérable bien qu’incrédule, accepte d’attendre le lendemain.

Et, en effet, le jour suivant, un vieillard semblant bien fatigué, se présente chez les marchands et paie rubis sur l’ongle les factures impayées. Ils les charge d’informer leur client.

Sitôt dit, sitôt fait. Les créanciers font savoir au pauvre homme que toutes ses dettes sont payées. Mais, leur joie est de courte durée. Quelques jours, plus tard, ils sont dévalisés de toutes leurs espèces. On apprendra plus tard que le vieillard n’était autre que le célèbre Cartouche bien grimé…

Ma Chère Mona, que diriez-vous de tâter un Domaine Duseigneur Antarès 2007. Ce vin de Lirac dont Philippe Faure-Brac est associé, offre des arômes de fruits et de fleurs. Généreux et long en bouche…

Cardinal, nous voilà…

Etrange destinée que celle du cardinal de Richelieu après sa mort, lui qui fut si redouté pendant sa vie! En 1793, au château de la Melleraye, un « patriote » décapite la statue de marbre du prélat et fait de sa tête, le contrepoids de son tournebroche…

Pendant ce temps à la Chapelle de la Sorbonne, le 5 décembre 1793, le tombeau de Richelieu est profané. Et comme nous l’avons déjà fait pour les Rois et Reines, pour Turenne, nous relatons cette ignominie pour que la mémoire des atrocités de la Révolution soit connue du plus grand nombre.

« Lenoir qui se multipliait pour assister à la destruction de ses chers monuments était présent dans l’église de la Sorbonne quand les furieux voulurent réduire en poudre le tombeau de marbre du cardinal, magnifique modèle de sculpture de Girardon. En s’opposant à ces vandales, il fut blessé d’un coup de baïonnette mais, du moins, il réussit à sauver le marbre. Les brigands se dédommagèrent en arrachant le corps de sa tombe et le foulèrent aux pieds sur les dalles du sanctuaire. »

Ce même Lenoir écrit : « Le cardinal que j’ai vu retirer de son cercueil offrait aux regards l’ensemble d’une momie sèche et bien conservée. La dissolution n’avait point altéré ses traits. Une couleur livide, était répandue sur sa peau. Il avait les pommettes saillantes, les lèvres minces, le poil roux et les cheveux blanchis par l’âge. Un des suppôts du gouvernement de 1793, croyant venger, dans sa fureur, les victimes de ce cruel ministre, coupa la tête de Richelieu et la montra aux spectateurs qui se trouvaient alors dans l’église. »

Il ajoute : « Je ne pus empêcher la fracture du nez du cardinal. Il a été heureusement recueilli et recollé ». Voilà donc la réponse à une question posée par Lépicurien.

Les restes du corps furent vraisemblablement jetés dans une fosse commune. Quant à la tête après avoir circulé de main en main, elle fut emmenée par un commerçant du nom de Cheval. Craignant les représailles après la Terreur, il se débarrassa de la relique auprès d’un prêtre Nicolas Armez. Ce dernier l’emmena en Bretagne et la laissa dans sa famille. Elle y restera jusqu’en 1866. A cette date, un des descendants Armez, Louis, futur député, la remit aux autorités pour qu’elle soit inhumée dans le tombeau de la Chapelle de la Sorbonne qui était vide depuis plus de 70 ans…

Voilà, vous savez… Encore un moment d’émotion. Que de grands hommes de notre histoire n’ont pas eu le droit au repos éternel.

Mona rougi comme un cardinal, mais de colère !

Sorbonne : riche lieu

Mona fait régulièrement des recherches à la Sorbonne pour le blog

En 1895, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, demanda à exhumer la tête du Cardinal Richelieu. Les raisons de cette demande n’ont pas paru très claires. Mais, ce ministre, historien et admirateur de Richelieu n’avait pas à se justifier.

C’est à la Sorbonne, dans la chapelle, que le grand homme reposait. Un coffret fut extrait du tombeau. Il contenait sa tête. Des photos furent prises, mais rarement publiées, car le ministre ne tenait pas à faire savoir que « nous avons tout de même commis une petite profanation« . Une description détaillée fut rédigée. On y lit notamment : « si la moustache avait été taillée maladroitement, c’était pendant l’agonie du malade pour faciliter l’absorption d’un remède. Le nez est déformé et a été recollé. »

Ceci pose questions. Pourquoi la tête était-elle conservée à part dans un coffret ? Pourquoi le nez était-il cassé ?

Pour le savoir, il faudra revenir demain. Mona prendra la suite et vous racontera le fabuleux destin de cette tête qui gouverna la France. Pour vous aider dans votre entreprise, ma Chère Mona, que diriez-vous d’un Maranges 1er Cru la Fussière 2007 du Domaine Jean-Claude Regnaudot. Surement un des meilleurs rapports qualité prix de la Bourgogne…

Vers de contact

Je ne sais à quel sein me vouer

Georges Camuset (1840-1885) est un ophtalmologiste qui exerça à Dijon. En 1884, soit un an après sa courte vie, furent publiés des sonnets qu’il avait composés en s’inspirant souvent de son métier. Bien que réédité deux fois en 1926 et 1939, je dois vous avouer que je ne connaissais pas ce poète.

Pour le plaisir, savourez ce sonnet :

« L’auscultation »

Comment ! C’est toi, belle Margot ?
« Mais oui, m’sieu Paul, et j’mépouvante.
« Quel malheur pour un’ pauv’ servante !
« Mais quoi qu’j’ai donc ben dans l’jabot ?

« Pourvu qu’ça s’rait pas quéqu’ pierrot !
« Ça m’porte au cœur, ça m’grouill’ dans l’vent’e !
« Pas comm’vous, moi ; j’suis pas savante.
« P’t-êt’ ben qu’vous m’en direz l’fin mot. »

«…Là donc ! Baisse encor ta chemise !… »
Complaisamment l’oreille est mise
Sur deux seins plus durs qu’inhumains ;

Et, dans des gestes téméraires,
L’Etudiant à pleines mains
Palpe ses premiers honoraires.

Mona pas été palpée comme çà. Dommage

God « serve » the Queen

Mona aime les "Helix pomatia"

Lorsqu’en 1967, deux cuisiniers d’origine bourguignonne, les frères Roux ouvrent un restaurant à Londres, peu de gens croient à leur succès. Depuis longtemps, les Français se plaisent à se moquer des viandes et légumes bouillis, des mélanges curieux. Et pourtant, après des débuts difficiles, le succès sera au rendez-vous. Ils mettent à la carte nombre de spécialités de la gastronomie hexagonale : soupe à l’oignon, tournedos Rossini, poissons plats au beurre. Ils font découvrir aux Londoniens les crustacés  originaires de leurs côtes, mais qui ne les intéressent pas. D’ailleurs langoustines, crabes étaient exportés vers le continent jusqu’à l’arrivée des Frenchies. Et bien entendu, ils servent des escargots de Bourgogne.

Il faudra un peu de temps pour que les clients adoptent ce met typiquement français. Ils ont même frôlé la catastrophe lorsqu’un sujet de Sa Majesté, après une longue hésitation, mit dans sa bouche un gastéropode entier, coquille comprise. Malgré l’intervention rapide du personnel de salle, le convive se blessa à la bouche.

Les Frères Roux furent les premiers à décrocher « trois étoiles » au guide Michelin du Royaume Uni.

Pour arroser çà, un vin au nom bien Français : Raisins Gaulois 2009 du Domaine Marcel Lapierre. Ce vigneron, récemment décédé, a été un des premiers à refaire des vins naturels dans cette région de Beaujolais. Un vin rouge qui croque le fruit. Du plaisir !

L’âge d’oraison

Faudrait conclure, nos bourdaloues sont pleins

« Le Père Bourdaloue fit un sermon qui transporta tout le monde ; il était d’une force, à faire trembler les courtisans ». C’est Madame de Sévigné qui parle ainsi de Louis Bourdaloue. Louis XIV fit venir ce jésuite (1632-1704) à Versailles. Ses dons de prêcheur furent vite remarqués. Il était considéré comme roi des prédicateurs et le prédicateur des rois. Et si son nom fut oublié, c’est parce qu’il défendit un peu trop la cause des Jansénistes. Pourtant, il fut chargé de prêcher, à la cour du Roi Soleil, pas moins de cinq avents et cinq carêmes entre 1672 et 1697.

Mais son nom est attaché à une rue de Paris (9ème arrondissement). Au XIXème siècle, un pâtissier de ladite rue, y créa une tarte aux poires et aux amandes : la tarte Bourdaloue.

Bourdaloue

 

Et puis, il donna son nom à une sorte de pot de chambre oblong. Le jésuite était connu pour la longueur de ses sermons qu’il énonçait sans aucune note. Le temps passé à écouter le prêtre n’était pas sans conséquences sur la vessie des dames. Aussi, sous leurs larges robes, elles posaient ce pot de chambre qui leur permettait de se soulager facilement.

Mona pas pu faire pipi dans son barbeloue. Elle avait gardé sa culotte.

Je ne suis pas entêté

Hommage à Edouard Robert et au Dr Léon Dufour

En octobre dernier, Mona vous a présenté le biberon d’Edouard Robert (nom prédestiné, si j’ose dire) commercialisé à partir de 1860. Malheureusement à l’époque, l’hygiène faisait encore largement défaut et nombre de nourrissons meurent des suites de coliques en absorbant un lait souillé dans un biberon sale… En 1894, le docteur Léon Dufour, médecin de Fécamp, fonde « L’œuvre de la Goutte de Lait« . Il prône l’allaitement maternel mais les femmes de Normandie travaillent et ne peuvent assurer les tétées à leur progéniture. Aussi cette bonne œuvre va mettre à disposition gratuitement pour les plus pauvres la ration de biberons prêts à l’emploi. Pour les autres, le paiement est proportionnel aux revenus. Dans le même temps, il convainc la municipalité de Fécamp de nettoyer régulièrement les quartiers des pêcheurs où des restes de poissons se décomposent et multiplient les infections en tous genres. Et il conseille gracieusement les jeunes mères pour le suivi de leurs bébés (hygiène, pesée…).

Petit à petit, cette association se développe : en 1912, plus de 160 Gouttes de Lait sont présentes dans le monde.
Ce n’est qu’en 1972, que Fécamp fermera sa succursale.
Quant à Léon Dufour, c’est pauvre qu’il quittera ce monde en 1928.

Ma chère Mona, bien que vous n’ayez pas encore allaité, je vous invite à rendre un hommage à ce bon médecin normand, non en buvant du lait (comme dirait l’autre, je ne boirai du lait que lorsque les vaches mangeront du raisin), mais en dégustant ce Jasnières du Domaine de Bellivière 2006. Ce blanc vif et long en bouche. La minéralité est contrebalancée par une rondeur qui augmentera avec le temps. A la tienne, Léon !

Une bourse royale

Jeune étudiant présentant son vase de nuit au pieds de Saint Louis

Une chanson enfantine « Frère Jacques » parle des matines. Cet office religieux est chanté au milieu de la nuit au Moyen-âge.  Ceci explique que notre frère Jacques était peut-être endormi au moment de sonner matines.

Louis IX, futur saint Louis, était fort pieux. Il ne ratait pas les offices et notamment les matines.

Une nuit, chevauchant avec quelques amis, il se dirige vers l’église des Cordeliers pour assister à l’office. Au détour d’une rue, il reçoit sur son auguste tête royale le contenu d’un vase de nuit. Il faut dire qu’à cette époque, les toilettes n’existaient pratiquement pas et que chacun déversait ses matières liquides ou non par sa fenêtre.

On chercha le coupable de ce crime de lèse-majesté. C’était un pauvre et jeune étudiant. Louis qui rendait, comme dirait l’autre, la justice sous un chêne, comme un gland, ne condamna pas le fautif. Mais au contraire, il lui versa un revenu pendant le temps de ses études. Il voulait ainsi encourager le jeune homme si méritant de se lever si tôt pour étudier.

Mona une grosse envie… elle vous laisse!