Adonis est-ailleurs ?

Ma Chère Mona, comme à votre habitude, malgré mes nombreuses recommandations, vous prenez  nos lecteurs pour des lecteurs de magazine people.  Certes, je suis moi-même encore sous le charme de cette soirée que nous passâmes dans le cadre de notre dîner d’entreprise. A vous seule, vous étiez le personnel et moi, seul également, je représentais la direction… Mais, même ému, nous avons le devoir de donner à nos liseurs la becquée journalière qu’ils attendent avec autant d’impatience qu’un oisillon insatiable espère un ver de terre de ses parents épuisés.

En effet, dans cet article dont les lignes enflamment mon cœur, vous avez relevé que j’avais utilisé un de ces mots de la langue française dont l’emploi est aussi rare qu’un  morceau de musique classique dans le lecteur Mp3 d’un jeune coiffé façon Iroquois.

Mais ce mot mérite explication, ma petite Mona, on ne peut juste déverser des sentiments. Nous avons un devoir : divulguer la culture aussi souvent qu’un boulanger enfourne de baguettes nuitamment.

Aussi, pour respecter notre cahier des charges, je reviens sur ce joli mot : « s’adoniser ». Avouez  que son emploi est plus joli que de dire :

-Bon Mona, je pars enfiler un costard et on se rencarde au resto de la Queue de Cochon à 8h45 pétantes.

Mais, comme les plus instruits d’entre vous l’ont deviné, ce mot trouve son origine dans la mythologie grecque.

En quelques mots, il est difficile de résumer la vie de ce mortel. Aussi pour ceux qui voudraient la totale, cliquez sur ce lien.

Pour les autres, retenez qu’Adonis était un mortel aussi beau qu’un Berliet à la sortie de l’usine. Sa beauté était telle qu’Aphrodite, la déesse de l’amour, elle-même, en tomba amoureuse. Vous dire ! Mais Perséphone, qui avait élevé le petit Adonis en avait fait son amant.

Inutile de vous dire que les deux donzelles de l’Olympe se crêpèrent le chignon et demandèrent au big boss, Zeus himself, de décider laquelle des deux garderait le top model dans son pieu. A croire que Zeus était Normand, il offrit Adonis quatre mois à Aphrodite, quatre mois à Perséphone et laissait les quatre derniers mois pour un repos bien mérité après que le petit fut aussi pompé par ces gloutonnes que Pompée à sa sortie d’Egypte.

Mais, vous savez bien Mesdames, ce que vous êtes capable de faire pour conserver un bel hidalgo qui vous broute magnifiquement votre green fraîchement taillé. Aphrodite, qui en connaissait un rayon en matière d’amour, ne respecta pas le jugement olympien. Perséphone qui  attendait avec impatience le retour de son mignon pour se faire récurer la marmite, fut folle de rage.

Elle se rendit, par un joli matin de mars, chez Arès, le dieu de la guerre, qui fricotait depuis longtemps avec Aphrodite. Il ne prit même pas le temps d’un arès-buffet, et envoya un énorme sanglier qui transforma le mortel en marionnette désarticulée.

Inutile de vous dire qu’Aphrodite pleura comme une madeleine qui sait qu’elle va être trempée dans la tasse de Marcel. Une de ses larmes tomba sur une goutte de sang d’Adonis. C’est de là que naquit l’anémone. Snif, snif ! C’est beau, non ? Et c’est pas fini. Figurez-vous que la déesse se piqua sur un rosier. Et pour la première fois les roses prirent la couleur du sang. Quand vous irez chez votre fleuriste pour honorer votre voisine de pajot, ayez une pensée pour ce brave Adonis en achetant vos roses rouges.

Ben, pleurez pas comme çà, ma p’tite Mona. Ce n’est qu’un mythe. Bon pour vous remettre, il faut vous arroser la glotte. Que diriez vous d’un Rioja Reserva 2005 du Baron de Urzande : petits fruits rouges et poivre pour un vin délicat.

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