Ce pinot est anormal !

Décidément je vous aime. Le mois dernier, Lépicurien a pondu un texte sur la discordance entre les souhaits de consommateurs voulant boire des vins peu alcooleux alors que le degré, lui, ne fait que monter….

Le lendemain Gérard Mendeuver de Vinrouge, un fidèle lecteur de vieille noblesse bretonne, m’adressait un article du Figaro qui traitait de ce problème. La journaliste y rappelle que le vin languedocien a gagné près de 1° tous les dix ans au cours des trente dernières années.

Pour réduire l’alcool, l’INRA a mis au point une technologie pour «désalcooliser» le vin.

Selon l’ingénieur de l’Institut «Cela n’altère pas les caractéristiques organoleptiques, la perception des arômes».

En lisant çà, Lépicurien manifestait sa surprise, voire son agacement. Et de me dire que les dégustations de vins désalcoolisés qu’il avait pratiquées il y a quelques années, ne l’avaient jamais convaincu, que ces vins étaient mous… sauf à ce que la technique ait récemment évolué ; en un mot qu’il préférait boire moins mais bon.

Encore merci à Gérard M de V.

Vos envois sont des encouragements pour notre mission. Merci à tous.

Mona-tendrie par votre bonté. Si, si !

Une histoire de mille cochers…

Apparu au XVIIe siècle, le phaéton est une voiture à quatre roues, légère, confortable, et découvertes avec ou sans capote. Utilisé d’abord comme voiture de promenade, il sera au XIXe siècle la voiture de maître par excellence. Toujours menée par son propriétaire, elle est utilisée indifféremment à la ville ou à la campagne pour se déplacer, ou pour le seul plaisir de l’attelage. Des jeunes gens téméraires poussaient le cheval à fond. Leur amusement causait nombre d’accidents…

Vous remarquerez sur l’illustration que cet attelage est d’une grande beauté. Personnellement, je suis fascinée  par cette ligne. Quant au vocable, il sonne bien. Phaéton, que de poésie contenue !

Mais, vous allez dire à Tata Mona pourquoi a-t-on donné ce nom à ce véhicule hippomobile ? Oui, dis-nous, Tata Mona… Je vais faire bref, car je ne suis pas votre précepteur. Mais vous savez que je ne vous laisserai pas sans réponse. J’ai pour mission de vous cultiver aussi régulièrement qu’une fermière se doit d’apprendre à bêcher à un lambin.

Phaéton était fils d’Apollon. Il se vanta près de ses camarades de son ascendance. Ceux-ci ne le croyant pas, exigèrent une preuve. Le jeune homme se rendit au palais du Soleil. Apollon touché par la fougue de son fils, promit de ne rien lui refuser. Phaéton lui demanda de pouvoir conduire le char du soleil durant une journée et d’éclairer le monde…

Apollon essaya de détourner le petit d’une telle envie. Mais, engagé par son serment, il le laissa monter sur le char du soleil. Les chevaux d’Apollon, sentant le changement de conducteur, en prirent à leur aise. Et ce jour là, le Soleil monta trop haut dans le ciel, puis descendit trop bas, brûlant les terres et asséchants rivières et mers.

Jupiter se devait d’intervenir. Un coup de foudre et c’en fut fini de Phaeton.

Mona le soleil dans les yeux et le vois dans les vôtres.

Au plaisir du coude

On ne relit jamais assez les classiques. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, nous laisse une bien belle chanson dans le Bourgeois Gentilhomme (Acte 4, scène première). Cet hymne au bien vivre et bien boire est rafraichissant.

Buvons, mes chers amis, buvons,
Le temps qui fuit nous y convie ;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.

Quand on a passé l’onde noire
Adieu le bon vin, nos amours ;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.

Laissons déraisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie ;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.

Les biens, le savoir et la gloire
N’ôtent point les soucis fâcheux ;
Et ce n’est qu’à bien boire
Que l’on peut être heureux !

Sus, sus, du vin partout, versez, garçons, versez,
Versez, versez toujours, tant qu’on vous dise assez.

Bon, ma Chère Mona, vous voyez ce qu’il nous reste à faire. Tendez donc votre verre, j’y verserai un nectar : Rosanna 2010 du Château Grès Saint-Paul est une merveille de Muscat. Puissance et élégance, explosion de fruits pour notre bonheur !

On manque trop de jus ?

En 1966, Jacques Dutronc chantait : On nous cache tout, on nous dit rien. Et il avait bien raison le Jacquot. Le pire, c’est que cela est toujours vrai.

En matière de santé, les chimistes continuent à vendre des produits dont on ne connait pas (ou ne dit pas) les conséquences sur notre organisme.

Ainsi, Lépicurien a déjà traité à deux reprises un sujet sensible. Comment expliquer la baisse constante de la qualité des spermatozoïdes ? Et si vous vous inquiétez, mes petits loups, de la baisse de la bourse, moi je m’inquiète plutôt de l’état de vos bourses… bande (si j’ose dire) de petits reproducteurs.

Une équipe américaine, dès les années 80, réalisait une analyse microscopique des éjaculats et comptait les cellules sexuelles masculines. Les chercheurs annonçaient que l’on était passé de 113 millions/ml en moyenne dans les années 1930 à 66 millions/ml en moyenne 50 ans plus tard.

Et en France ? Des études des Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains (CECOS). Une première étude montrait qu’entre 1973 et 1992, la concentration de spermatozoïdes baissait d’environ 2,1% par an chez les donneurs de sperme. Plus inquiétant, plus les hommes étaient nés récemment, moins la qualité de leur semence était bonne.

Une étude vient d’être publiée. Elle confirme qu’au cours des 30 dernières années, le  nombre de spermatozoïdes tombe de 30%. De plus ils sont moins mobiles et meurent  plus vite.

On constate également des différences significatives d’une région à l’autre. Par exemple, en Basse-Normandie, le volume de l’éjaculat est plus important. Le nombre de spermatozoïdes est élevé dans le Nord et faible dans le Sud-Ouest. Par contre, ils sont plus mobiles à Bordeaux qu’à Tours… D’où cette expression qui a toujoursg rencontré un énorme succès dans les cours de récréation : T’habites à combien de kilomètres de Tours ?

Les recherches continuent. A ce jour, on nous dit que l’on n’a pas d’explications à cette désertification constante des bourses. Est-ce dû à une élévation de la température de notre scrotum ? Quelle est l’action des produits chimiques, de l’alcool et du tabac durant la grossesse ? Et quid des aliments que nous ingérons ?

Néanmoins, une étude Danoise semble incriminer la chimie. Pour les chercheurs, les métabolites de phtalates sont associés à la diminution de la production de l’hormone mâle testostérone, les pesticides polychlorés et les agents retardateurs de flamme polybromés au cryptorchidisme.

Mona pas compté les cellules de ses amants, car quand on aime, on ne compte pas.

Une sacrée vie d’ange…

Louis XIV en famille

Dans ses Mémoires, Saint-Simon parle assez souvent d’un meuble très intime pour nous mais qui l’était peu du temps de Louis XIV. En effet, si les chaises percées étaient rares tant au Louvre qu’à Versailles, Louis XIV lorsqu’il se posait sur ce « trône peu royal » mais si utile, continuait à recevoir. On imagine les odeurs et bruits divers qui pouvaient accompagner les entretiens.
Mais selon le mémorialiste celui qui était le moins gêné sur sa chaise d’aisance, était le duc de Vendôme. Ce soldat avait de grandes qualités, notamment une bravoure à toute épreuve, mais était d’une saleté répugnante. 

Le duc de Vendôme se levait assez tard à l’armée, se mettait sur sa chaise percée, y faisait ses lettres et y donnait ses ordres du matin. Qui avait affaire à lui, c’est-à-dire pour les officiers généraux et les gens distingués, c’était le temps de lui parler. Il avait accoutumé l’armée à cette infamie. Là, il déjeunait à fond et souvent avec deux ou trois familiers, rendait d’autant, soit en mangeant, soit en écoutant ou en donnant ses ordres, et toujours force spectateurs debout. Il rendait beaucoup; quand le bassin était plein à répandre, on le tirait et on le passait sous le nez de toute la compagnie pour l’aller vider, et souvent plus d’une fois. Les jours de barbe, le même bassin dans lequel il venait de se soulager servait à lui faire la barbe. 

Bon, Mona, çà n’encourage pas à se raser ce matin, mais çà ne coupe pas la soif ! Aussi, dégustons ce vin de Graves. Le Château Haut-Selve 2007, bien qu’encore un peu marqué par le bois, pourra accompagner un carré d’agneau ou un magret. 

La rue du quai est en creux ?

Les expressions françaises sont souvent fort anciennes. Quand je dis que Lépicurien tient le «haut du pavé», je souligne sa position sociale et hiérarchique supérieure à la mienne.

Mais alors, mes petits chats, pourquoi le haut du pavé ? Non cette expression ne date pas de mai 68…

d'après Vladimir Lubarov (cliquez pour voir original)

Elle remonte au XVI° siècle. Figurez-vous qu’à cette époque, point de trottoirs ni de tout-à-l’égout. Les rues pavées ou non n’étaient pas plates. Elles avaient une forme en creux, le haut du pavé contre la façade des habitations et le bas du pavé, soit le creux, au centre de la rue, servant à évacuer les eaux de pluies mais aussi toutes eaux usées et ordures qui y étaient déversées. Pour éviter de se salir, chacun voulait marcher au plus près des murs et évitait de descendre au milieu de la rue chargée d’immondices en tous genres.

Mais lorsqu’on croisait un aristocrate, il fallait aller vers le centre et laisser au noble le haut du pavé. C’est ce qu’Antoine de Courtin explique dans son traité de la civilité française :

Que si nous sommes obligés d’aller dans les rues à coté de ces personnes qualifiées, il faut leur laisser le haut du pavé.
Sur quoi il est bon d’engager ceux qui ont droit de souffrir qu’on leur cède toujours le haut du pavé, d’avoir un peu de considération pour ceux qui leur rendent cet honneur. Que si on rencontre dans les rues tête à tête une personne de qualité, il faut prendre le bas du pavé où est le ruisseau.

Malgré son rang, on était souvent obligé de marcher dans la fange en croisant quelqu’un de plus grande noblesse. Aussi, les souliers étaient sales au moment d’entrer dans une demeure. Or les lois de la galanterie étaient claires : il est infamant et incorrect au plus haut point d’aller marcher sur des tapis et de s’asseoir sur des fauteuils de velours avec les pieds crottés.

Qu’à cela ne tienne. Un métier se développa à vitesse grand « V ». Ainsi Joachim Christoph Neimetz[1], en 1718, lors de son séjour à Paris, note :

On trouve partout des décrotteurs qui s’offrent à vous avec toutes les flatteries inimaginables à vous décrotter les souliers.  

Mona pas envie de salir ses souliers. Recherche noble de haut rang en vue mariage. Envoyez-moi votre arbre généalogique.


[1] Conseiller du Prince de Waldeck