Bonne et bonne !

Mona, non seulement elle est bonne, mais elle est bonne !

Les Français aiment descendre dans la rue, c’est génétique. Régulièrement, lorsqu’un texte de loi va être voté, une manifestation est organisée et on entend dans la rue, ce joli refrain :
X (généralement nom d’un ministre), si tu savais, ta réforme, ta réforme ; X, si tu savais, ta réforme, où on se la met.

C’est poétique, certes, mais peu de manifestants savent que cet air est une œuvre d’Harry Fragson. Cet auteur compositeur, né à Londres d’un père français et d’une mère belge eut un énorme succès dans les années 1900. L’original de ce refrain gueulé dans des haut-parleurs nasillards est en fait une belle chanson d’amour : Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, Marguerite, si tu veux faire mon bonheur, donne-moi ton cœur.

Cet artiste oublié introduisit notamment le ragtime dans l’Hexagone.

Sa carrière s’arrêta brusquement en 1913 lorsqu’à la suite d’une dispute, son père lui tira un coup de pistolet en pleine poire qui le fit ad patres (si j’ose dire). Tombé dans l’oubli, il faudra que Barbara reprenne ses airs et notamment : les Amis de Monsieur pour ne pas disparaître complètement.
Profitons en pour rire un bon coup en lisant les paroles de cette perle :

Bien qu’il possède une femme charmante,
L’ami Durand est un coureur.
V’la t’y pas qu’il reluque sa servante
Et qu’il la reluque en amateur.
Il lui murmure : Dites donc, ma fille :
Entre nous, vous êtes fort gentille
Et votre personne, crénom d’un chien,
Au naturel doit être très bien.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne
Car, fit-elle d’un air étourdi,
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Durand, de plus en plus, s’emballe.
A la petite bonne, il fait la cour
Et, pour décrocher la timbale,
Il lui jure toute une vie d’amour.
Voyons, ne fais pas la dégoûtée.
Au contraire, tu devrais être flattée.
Dans la chambre, je monterai sans bruit.
Laisse donc ta porte ouverte, cette nuit.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne.
Parait que je possède un bon lit.
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Au rendez-vous, elle fut fidèle,
Mais comme elle hésitait un peu,
Durand s’excita de plus belle,
Avait la tête et le cœur en feu.
Voyant qu’elle retirait sa chemise
En devenant rouge comme une cerise,
Il s’écria, tout folichon :
Je n’ai jamais vu d’aussi beaux…

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne.
Je comprends que vous soyez ébahi.
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Comme Durand a de la galette
Et qu’il n’est pas vilain garçon,
Elle fit pas longtemps la coquette
Et céda sans faire de façons.
Ici des points pour la censure
Puis il s’écria : Je t’assure :
Je te trouve exquise, c’est merveilleux
Et que ma femme tu t’y prends bien mieux.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne,
Que je m’y prends mieux que Madame, pardi :
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Alors Mona, çà fait plaisir de vous voir pliée en deux. Pendant que vous êtes comme çà, attrapez donc deux verres, je vous prie. Je sers le Fixin 2005 de Frédéric Magnien. Un joli fruit, une belle acidité en fin de bouche laissent espérer un potentiel de garde non négligeable.

2 pensées sur “Bonne et bonne !”

  1. Tiens, je ne savais pas… Il est vrai que les manifestations représentent, il semblerait, une des activités préférées des français. Pour ma part, je crois n’avoir participé à aucune, ce qui doit être une sorte de record…

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