On ne sera pas d’accord

mona-tendrete

L’autre jour, je vais chez mon boucher et lui demande un morceau de bœuf à griller bien tendre. Après avoir ouvert sa chambre froide, regardé, tâté quelques morceaux, il décroche un bout de viande et commence à trancher en me disant : vous allez vous régaler, c’est du beurre et c’est d’une tendresse… !
Inutile de reprendre cet homme de l’art (ou de lard), je paie et rentre chez moi. Pour le repas de midi, j’avais convié un ami à partager ma pitance. En engouffrant son steak, il me félicite pour la qualité de cette viande en disant : Purée, qu’elle est bonne et d’une tendresse incroyable.
Alors là les bras m’en tombent. Je le reprends vertement: Mon gars, si tu la pratiquais plus souvent, tu n’emploierais pas «tendresse» pour «tendreté» pour ce bout de barbaque. Et toc. Mais il ne se démonte et me lâche : Ah, c’est pas grave, le principal, c’est qu’on se comprenne.

Ça, c’est des coups à me faire péter un câble. Pour me calmer, je fonce sur le Larousse qui est à la langue française ce que le Jello est à la cuisine anglaise. P, S, T, Ten… tendresse. Bon alors inculte, écoute.

Tendresse : Sentiment tendre d’amitié, d’affection, d’amour qui se manifeste par des paroles, des gestes doux et des attentions délicates.
Tendreté : Qualité de ce qui est tendre, notamment des viandes.

Certes, après réflexion, je me dis que j’aurais pu lui dire moins brutalement, mais j’en ai marre de ces agressions permanentes contre notre langue. En quelques années, après la quasi disparition du subjonctif, les accords sont en train de passer à la trappe. Il reste peu de journalistes, de moins en moins de politiques à accorder les participes passés. Pour illustrer mon propos, un exemple parmi tant d’autres : Toutes les décisions que j’ai pris…

Bon, ben moi ça m’arrache les oreilles. On doit dire : Toutes les décisions que j’ai prises. Ceci est valable même si on est un mec. Alors rien de tel qu’une petite révision et quelques exercices.

Mona eu le maximum de points. Il faut dire qu’elle est bien accordée avec Lépicurien.

1 pensée sur “On ne sera pas d’accord”

  1.  » Cette petite grue d’Alice. Elle me dégoûte! (…) Belle viande, mais tendreté n’est pas tendresse » (H. Bazin, Tête contre murs, 1949)

    Mais allez donc faire comprendre, par exemple, à la nouvelle Ministre de l’Éducation nationale ( qui propose de supprimer la langue latine…) et aussi à des millions d’autres, énergumen et énerguwomen, ( politiciens, journalistes et autres bonimenteurs) que la LANGUE, fut-elle celle d’un bovin, c’est à respecter, respect: notion aujourd’hui ô combien désuète !

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