Boire ovaire

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Peinture de Gerard Ter Broch – 1660

Pendant que nous continuons en France à détruire des siècles de civilisation du vin, les chercheurs étrangers continuent à se pencher avec bienveillance sur le jus de la treille et à lui trouver des vertus.

Ainsi, selon une étude australienne, la consommation de deux verres de vin par jour, pour une femme, pourrait réduire de moitié le risque de cancer des ovaires. Un résultat dû à la présence d’antioxydants et à l’impact de l’alcool sur les hormones féminines. A noter : le vin rouge semble être plus efficace que le vin blanc. Et pourtant, nos hommes sont convaincus que nous avons une attirance certaine pour le « goût du blanc »…. Faut pas les décevoir, ils verraient rouge.

« Bon, en attendant, viens on va se jeter une fillette. Comme çà, on frisera pas l’ovaire dose ! », m’a dit gentillement mon bien-aimé patron.

Votre Mona

Philo-bock

le-penseur-de-rodinUn prof de philo se présente devant la classe avec une série d’objets inhabituels qu’il pose sur son pupitre, face à ses étudiants. Le  silence intrigué de l’assistance étant acquis, le prof prend un grand  bocal de cornichons (vide et propre) et commence par le remplir jusqu’au bord supérieur de pierres, d’un diamètre situé entre 6 et 7 cm.

Cela terminé, il demande à la classe si le bocal est rempli. Les élèves  répondent que oui.

Le prof prend alors un sachet rempli de gravillons et  le verse dans le bocal. Il agite le tout, pour égaliser, et voilà que le  gravier remplit tous  les espaces encore vides. Après avoir complété cette  manipulation, le prof demande une fois encore à sa classe si le bocal est maintenant bien rempli. La classe répond hilare et intriguée que oui.

Le prof se saisit alors d’un petit sac de sable et en verse le contenu dans le bocal. Évidemment, le sable se fraie un passage dans les interstices qui sont encore disponibles, au grand contentement de la classe.

« Voyez-vous », dit le prof en s’adressant à ses étudiants « , j’aimerais que vous compariez ceci à votre propre existence. Les grosses pierres représentent les choses véritablement importantes, comme la famille, le couple, la santé, les enfants. Ces choses qui font que même si vous perdez tout le reste, votre vie n’en demeurera pas moins bien remplie.

Les gravillons représentent, quant à eux, les choses qui sont importantes, mais non essentielles, comme le travail, la  maison, la voiture. Enfin, les grains de sable peuvent être comparés aux choses sans importance. Si vous commencez par mettre le sable dans le bocal, il ne restera plus assez d’espace pour le gravier ou les pierres. Il en va de même avec votre vie :

si vous gaspillez votre disponibilité et votre énergie pour les petites choses, il ne vous restera  jamais  assez ni de temps ni de place pour ce qui est essentiel à votre  bonheur. Jouez avec vos enfants, prenez le temps d’être à l’écoute de votre santé, sortez avec votre conjoint, parlez avec vos parents. Il y aura toujours  du temps pour réparer l’aspirateur, pour finir un dossier ou laver la voiture. Soignez les grandes pierres en tout premier lieu, ce sont  les  choses qui comptent vraiment. Le reste n’est que sable qui s’écoule entre vos doigts. »

Tous les étudiants applaudissent et semblent touchés par les propos du maître. Mais soudain, voilà qu’un étudiant se lève. Il s’approche du pupitre du maître et se saisit du bocal, dont chacun s’accordait à dire qu’il était cette fois véritablement, totalement rempli.

canette_1L’étudiant décapsule une canette de bière devant tout le monde et en verse tout le contenu dans le bocal. Ainsi, le liquide se disperse  harmonieusement dans les espaces qui, à l’évidence, existaient encore dans le fameux bocal.

Moralité : « Aussi remplie que soit ton existence, il y aura  toujours de la place pour une bonne bière« .

A la Saint Glin-Glin

Un saint vraiment cloche

Le prêteur et sa femme de Quentin Mtsys 1514
Le prêteur et sa femme de Quentin Metsys (1514)


Dans les temps anciens, il était usuel de ne régler son apothicaire, son tailleur, son bottier ou son perruquier qu’une fois l’an :  le jour de fête carillonnée du saint patron de leur corporation, les fournisseurs venaient présenter leur « mémoire » (le relevé de leurs factures de l’année).

« Être payé à la saint-glinglin », c’était donc ne jamais recevoir son dû car les cloches ne sonnaient jamais en l’honneur de ce saint imaginaire. Son nom joue sur l’homonymie entre « saint » et « seing », signal, son de cloche, renforcé par l’onomatopée « gling-gling » ( qui trouve son origine avec le verbe allemand « klingen »  qui veut dire « sonner »).

Heureusement, mon patron est honnête et même si ce n’est pas un saint : ma paie arrive chaque mois sur mon compte. C’est bon de ne pas être prise pour une cloche !


Ponte du jour

napoleon_apres-bataille-waterloo-flameng_francoisAu col du Pin-Bouchain[1], à une trentaine de kilomètres de Roanne, était établie l’auberge du Perroquet. C’est là que Napoléon s’arrêta un jour et y demanda deux œufs. Ayant mangé, il demanda le prix. Surpris par le montant anormalement élevé de l’addition, il s’adressa à l’aubergiste :

– Les œufs sont t-ils si rares dans la région qu’ils fassent l’objet d’une telle note ?

– Ce ne sont pas les œufs qui sont rares, Majesté, répondit l’homme, ce sont les Empereurs.


[1] Pin Bouchain est un col, situé à la limite des départements du Rhône et de la Loire. Considéré très dangereux encore de nos jours, Madame de Sévigné écrivait à son sujet : « Cette montagne qu’on ne passe jamais qu’entre deux soleils« .

En deux coups de cuiller à pot

suppeLa cuiller à pot était une sorte de louche à manche court perpendiculaire au cuilleron. Elle servait à verser le bouillon.

Deux ou trois coups suffisaient pour remplir rapidement une écuelle de potage; ou une gamelle de bagnard ou de militaire, car l’expression attestée en 1920 semble avoir été employée à l’origine dans ces milieux.

Certains ne se satisferont pas de cette explication. Ils voudront voir dans la cuiller à pot, celle des typographes ou le sabre d’abordage à coquille des marins. Hypothèse qui ne s’appuie sur aucun texte. Pour la petite histoire, retenons celle du futur Henri IV, annonçant à ses officiers : “La Reine Margot nous a donné un prince, en trois coups de cul, hier à Pau”

Extrait de Bernard Galey “Du coq à l’âne” –  Editions Tallandier

C’est la journée de la femme, pensons y

Cà, c’est bien vrai

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Une femme nue est debout et se regarde dans la glace.

Elle dit à son mari en pleurnichant :
« Je suis horrible à voir, je suis toute grosse et vraiment laide.  Et puis, j’ai les seins comme des gants de toilette et une culotte de cheval à faire pâlir un jockey. Je me demande ce que tu peux me trouver. Allez mon chéri, c’est la journée de la femme, sois gentil, jai besoin que tu me fasses un compliment! »

Il répond avec tact :
« Bravo, ma chérie, t’as une bonne vue ! »

L’épinard, mais sans pinard

Souvent les souvenirs de cantines scolaires ou de restaurants universitaires nous font bannir l’ « herbe de Perse » de nos assiettes. Venue d’Afghanistan, ce sont les Arabes au XII° siècle qui l’ont introduite chez nous pour soigner crises de foie et dérangements gastriques. A la suite d’une grossière erreur la secrétaire d’un chercheur fit une erreur de virgule (30 mg au lieu de 3) conférant aux épinards une dose epinardsexceptionnelle de fer et avant que les scientifiques puissent rétablir la vérité, notre célèbre héros de dessins animés avait déjà puisé toute sa force dans les épinards. Combien de mères de famille ont utilisé le marin pour faire avaler à leur progéniture un plat d’épinards…  » C’est plein de fer, mange !! ».

Les jeunes pousses tendres se consomment en salade. Lorsqu’il monte, il devient amer. Alors, on le cuisine. Il existe moult recettes d’épinards cuits à l’étuvée (riche en acide oxalique, il peut être. Avril, mai et octobre, novembre sont les mois où on trouve le plus facilement de jeunes pousses. Cru, en salade, avec un vinaigre aromatique, huile d’olive, Roquefort ou Bleu de Bresse ou des Causses et quelques cerneaux de noix… et c’est l’occasion rare, unique, inespérée, mais justifiée de louer un verre d’eau.

Bien sûr, mettre du beurre dans ses épinards, c’est améliorer l’ordinaire (quoique la crème fraîche…).
En langue « verte », « passer aux épinards « , c’est relever les compteurs, activité de « hareng », ou de « maquereau »». On le dit aussi d’un homme qui vit au dépens de sa « régulière  » d’un « julot casse-croûte » qui vivote en mangeant du « pain de fesses ».
« Raccommoder les épinards », c’est rabibocher les gens, faire la paix. En Provençal, « fracassa lis espinare » est plus bucolique : c’est conter fleurette.

Cabernet-Sauvignon

cabernet_sauvignon1Bouquet de cèdre, de cassis, de réglisse … Finesse et profondeur dans les Grands Crus Classés de Graves et dé Médoc : cannelle, poivre, vanille, framboise, iris, violette, cuir, griotte, amande et café grillé, menthe, sous-bois…

C’est le cépage le plus en vogue actuellement au niveau mondial. Il faut dire qu’il est partout chez lui : des terres froides de la Nouvelle-Zélande jusque sous le soleil de la Bekaa au Liban. En France, ses zones de prédilection sont les graves de la rive gauche de la Garonne et de la Gironde : Médoc, Pessac-Léognan, Graves. On le trouve sur les graves du Château Figeac à Saint Emilion. Il a conquis le Languedoc (Daumas-Gassac) et se plait en Provence (Château Vignelaure), la Californie (Opus One), l’Espagne (Penedes). On le trouve également en Russie, Bulgarie où on l’appelle parfois Lafite, Roumanie, au Chili, en Australie.

L’arôme de « poivron vert » qu’on lui attribue (et que l’on trouve dans certains vins) est un défaut, un manque de maturité ou un excès de rendement.

Carmenère, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon auraient un ancêtre commun. Pour Charles Secondat de Montesquieu, l’écrivain, qui fut propriétaire de vignobles, le Cabernet est la « vidure » (littéralement : vigne dure). Des ampélographes s’évertuent à lui trouver une parenté, une filiation avec la « Biturica » décrite par Pline.

Au XVIII ème siècle, Joseph Hector de Brane (le Napoléon des vignes) arrache les vignes blanches du Médoc pour les remplacer par du Cabernet. Son chef-d’œuvre reste la mise en valeur d’un « motton » sis au Pouyalet près de Pauillac que Philippe de Rothschild fera mondialement connaître et reconnaître sous le nom de Mouton (et ce, en obtenant la seule révision du classement de 1855. En 1973, Mouton Rothschild passe de second à premier cru classé).

Le Cabernet Sauvignon survit aux froids de l’hiver, il débourre tard et échappe souvent aux gelées printanières. Son rendement est relativement faible si on a bien su choisir le porte-greffe. Sa peau épaisse résiste bien à la pluie.
L’expérience montre qu’il est bon de tempérer son austérité par un peu de Merlot, de Cabernet Franc. Il semble avoir une affinité naturelle avec le chêne merrain (bois fendu et non scié). Avec le temps, il peut devenir facétieux : une docte assemblée a loué un Médoc pour la finesse de son élevage alors que ce vin n’avait jamais vu l’ombre d’une barrique. Ah, l’alchimie du vieillissement en bouteille !

Les grands vins issus de Cabernet Sauvignon mûrs sont noirs, âpres, charpentés, atramentaires, complexes. On peut se demander s’ils ne sont pas faits pour des ascètes patients, des masochistes.
On peut lire dans un manuel Californien, « l’orgueil des chais » :
« Le Cabernet Sauvignon est un vin pour les gens qui aiment dormir à même le sol, jouer au rugby, escalader des montagnes et faire d’autres choses encore dans lesquelles une certaine souffrance est partie intégrante du plaisir« .

Quand il est de grande origine, le vin issu du Cabernet Sauvignon d’une incroyable complexité : riche sans être trop alcoolisé, harmonie subtile entre le bouquet et le corps : il est à la confluence de la jouissance chamelle et intellectuelle. A méditer, non ?

Et tutti chianti

chianti-classico-08Les bouteilles de vin de l’appellation « Chianti Classico » ont sur leur collerette un Coq Noir (Gallo Nero). Il est devenu pour l’appellation, un symbole et une garantie de qualité.

Une légende tente d’expliquer l’origine de ce fier gallinacé sur les bouteilles de Chianti Classico. Ce signe identitaire serait lié à la rivalité qui a toujours existé entre Sienne et Florence et ce particulièrement à l’époque médiévale. Afin d’en finir avec leurs guerres interminables, les deux cités toscanes décidèrent de s’en remettre à une compétition inhabituelle pour définir leur frontière : la délimitation entre les deux républiques serait fixée au point de rencontre de deux cavaliers partant de leur ville respective au chant du coq. Un émissaire de chaque cité fut nommé pour s’assurer que  les cavaliers partiraient bien au signal convenu. Les Siennois choisirent un coq blanc bien dodu pour manifester la richesse de leur cité. Les Florentins, quant à fiasquechiantisorsola-2003eux, choisirent un coq noir auquel ils donnèrent si peu à manger pendant plusieurs jours, qu’il chanta bien avant le lever du soleil. Ainsi le cavalier florentin se mit en route très tôt et rencontra l’autre cavalier à quelques dizaines de kilomètres de Sienne. Pratiquement toute la zone de Chianti Classico passa, à dater de ce jour, sous la juridiction de Florence.

Pour la légende, vous n’êtes pas obligés d’y croire. Par contre, pour le coq, retenez que pour apprécier un vrai et bon Chianti, mieux choisir la bouteille sobre avec un coq  noir plutôt que la « fiasque » toute habillée d’osier qui trône dans nombre de pizzerias. Si vous avez le choix, goûtez un « Chianti Classico Riserva » qui aura été élevé au moins 24 mois. Vous pourrez le servir avec un rognon de veau, un pigeon aux épices ou des lasagnes à la toscane…  Buono appetito