Alexandre, tu m’as…

Mona pleure 15 amants d'un coup
Mona pleure 15 amants d’un coup

Une marche nuptiale retentit en Normandie en cette année 1869, Denise, 19 ans et toutes ses dents épouse Arthur de dix ans son ainé. Les lampions de la fête à peine éteints, Denise se rend compte que son mari ne sera pas son grand amour. Après quelques mois, elle lui demande la séparation. Dois-je vous rappeler que jusque dans les années 1960, la femme est presque mineure en droit. Le mari gère les affaires…

Mais le mari, peu sûr de retrouver une poupée, refuse. En 1871, Denise accouche. Qui est le père ? Arthur se pose des questions car sa femme sort bien souvent et refuse de quitter Paris pour rejoindre la château familial.

Il suit sa femme et la voit rentrer dans un immeuble. Questionnant le concierge, il frappe à la porte d’une chambre en criant à l’adresse de sa moitié. Rapidement on entend un bruit de fenêtre. Fou de rage Arthur enfonce la porte et trouve Madame nue comme un ver allongée sur le lit. Les yeux injectés de sang, il la frappe de quinze coups de couteau. Il n’en faut pas plus pour que Denise calanche. Juin 1872, Arthur est condamné à cinq de prison, le tribunal lui accordant les circonstances atténuantes. Une partie de l’opinion publique (masculine ?) est outrée. Habituellement, un mec qui tue sa pouffiasse surprise en pleine tromperie est acquitté. Certains éditorialistes ou intellectuels trouvent cette décision juste. La femme ne peut être flinguée comme une bête…

Alexandre Dumas fils prend fait et cause pour le mari et il publie ce qui suit :  

Si j’avais un fils, je lui dirais : Et maintenant, si malgré tes précautions, tes renseignements, ta connaissance des hommes et des choses, ta vertu, ta patience et ta bonté, si tu as été trompé par des
apparences ou des duplicités; si tu as associé ta vie à une créature indigne de toi; si après avoir vainement essayé d’en faire l’épouse qu’elle doit être, tu n’as pu la sauver par la maternité, cette rédemption terrestre de son sexe; si ne voulant plus t’écouter, ni comme époux, ni comme père, ni comme ami, ni comme maître, non seulement elle abandonne tes enfants, mais va, avec le premier venu, en appeler d’autres à la vie, lesquels continueront sa race maudite en ce monde ; si rien ne peut l’empêcher de prostituer ton nom avec son corps ; si elle te limite dans ton mouvement humain ; si elle t’arrête dans ton action divine; si la loi qui s’est donné le droit de lier s’est interdit celui de délier et se déclare impuissante, déclare-toi personnellement, au nom de ton Maître, le juge et l’exécuteur de cette créature. Ce n’est pas la femme, ce n’est même pas une femme, elle n’est pas dans la conception divine, elle est purement animale; c’est la guenon du pays du Nord, c’est la femme de Caïn ; tue-la.

Certes, c’est moins romantique que la Dame aux camélias, mais le style est vif… Et puis de toute façon Alexandre, il n’a pas eu de gamin. Alors ses conseils, on peut s’asseoir dessus…

Vous voyez ma chère Mona à quoi vous avez échappé. Sans trahir votre vie privée, vous avez bien dû quelquefois emprunter le husband de telle ou telle épouse qui croyait son mari au bureau… Surprise, vous auriez passé quelques temps en taule ou dans un couvent. Tiens si nous en profitions pour goûter le vin des moins de l’abbaye de Lérins. La cuvée Saint Pierre est élaborée avec 75% de clairette et 25% de chardonnay. Une bouche d’une grande richesse, du gras de la fraîcheur. Que c’est bon ! Deo gratias !

Allo lola

Lola réunissant ses amants dont Louis 1er, Dumas, Liszt

Oui, je sais. Par moment, vous vous dîtes : la petite Mona, non seulement, elle est balancée comme une pinup qu’on bave sur les calendriers mais pour ne rien gâcher, elle n’a pas que de la purée dans la caboche. Un cerveau comme çà, il finira dans le formol entre celui d’Einstein et de Marilyn Monroe. Vous allez me dire, Einstein, on comprend, mais Marilyn? Ce à quoi, Lépicurien aime répondre : oui, c’est vrai, mais elle avait d’autres arguments. Et d’ajouter : J’avoue que c’est pas forcément le bocal qui contient sa matière grise que je mettrais sur ma cheminée si j’avais à choisir.

Dans ce journal, je vous ai rapporté la gaffe de Pépé Loulou du pays de la bière à propos de Murat. Louis 1er eut une maîtresse qui fit jaser dans les tavernes et à la fête de la bière de Munich.

Née d’un père Irlandais et d’une mère Créole, Marie Dolores Eliza Rosanna Gilbert (1821-1861) devint danseuse sous le nom de Lola Montez (ou Montès). Mais c’est surtout comme « courtisane[1] » qu’elle fut célèbre. Après avoir été l’amante de Frantz Liszt, d’Alexandre Dumas fils …, c’est au cours d’un séjour en Bavière, qu’elle fut présentée au roi Louis 1er de Bavière. Ce dernier en tomba fou amoureux et en fit sa maîtresse. Mais la coquine, profitant de ses talents cachés, devint fort influente auprès du monarque, ce qui irrita l’entourage et les ministres. Le rejet fut à son comble quand, malgré l’opposition de ses conseils, Louis anoblit sa poupée.

Il dut abdiquer. Et Lola se retrouvait sans revenus…

Qu’à cela ne tienne, elle créa une danse qui mettait en transe le public masculin. Il faut dire que cette « danse de l’araignée » lui faisait remonter les jupes à tel point qu’il était possible de voir qu’elle ne portait pas de slip petit bateau ni d’une autre marque d’ailleurs.

Se produisant aux Etats-Unis et en Australie, les ligues puritaines lui tiraient dessus à boulet rouge.

Victime d’un grave accident de santé, elle finira sans argent cherchant dans la religion un sens à sa courte vie.

Mona pas de Loulou. Elle attend toujours…


[1] Prostituée de luxe