CAC et les bourses

Vous vous rappelez que nous vous avons fait rencontrer la Champmeslé il y a quelques jours. Cette actrice, égérie de Jean Racine, peut-être…, sa maîtresse, sans aucun doute, connut un succès fou aussi bien pour son interprétation sur scène que pour son interprétation du Kâma-Sûtra sur sommier en tous genres. En effet, la coquine ne se contenta de prendre racine auprès du dramaturge mais usa tant d’hommes que son agenda aurait facilement rempli le Robert des noms propres.

Vous avez aimé la Champmeslé ? Vous adorerez Lolotte. Quèsaco Lolotte, me direz-vous ?

Hé bien, mes enfants, c’est la nièce de La Champmeslé qui monta sur scène au lendemain de ses seize printemps. Il faut dire que la petite était fille de comédiens et qu’elle fut envoyée chez sa tata pour apprendre l’art de jouer au théâtre. Vite adulée par le public, elle remplaça sa tantine comme sociétaire de la Comédie Française et reprit avec succès  le même répertoire.

Et en plus, la petite avait une frimousse à faire fondre un esquimau au milieu de la banquise et elle avait tout ce qu’il faut là où il faut. Et, est-ce l’éducation de la tante, toujours est-t-il que Christine-Antoinette-Charlotte Desmares (C.A.C) dite la Desmares (respirez, c’est fini) savait s’en servir pour avoir le tout Paris à ses pieds (si j’ose dire). Dotée d’une grande beauté et sachant enlever sa cu-lolotte en moins de temps qu’un pet ne glisse sur une toile cirée, elle partagea la couche de Princes de sang et de plus de cent galants élégants (de toilette ?). Après avoir fait grimper aux rideaux Louis de France[1], elle se glissa dans le plumard à baldaquin de Philippe d’Orléans[2]. Celui qui deviendra le Régent à la mort de Louis XIV, était connu pour sa vie dissolue. Sous son «règne», le Palais Royal deviendra un lupanar de première bourre (si j’ose dire) et ses soupers fins qui se finissaient le plus souvent en orgies dignes des pires bacchanales, ont laissé plus de traces (si j’ose dire) que son action politique.

En 1702, à force de laisser tremper un biscuit dans sa tasse, Christine-Antoinette-Charlotte (fermez la porte après la dernière) s’aperçut qu’elle avait un polichinelle dans le tiroir. Quelques mois plus tard, elle accoucha d’une petite Angélique de Froissy qui épousera Henri François, comte de Ségur. Un de ses arrières petits-enfants se mariera avec Sophie Rostopchine, la fameuse comtesse de Ségur (un vrai roman à l’eau de roses, je vous dis).

Quand à Lolotte, elle quitta le théâtre, dans sa quarantième année et partagea la couche d’un richissime banquier suisse. Ce dernier, domicilié à Paris, acheta une «folie» à Chatillon pour sa belle. Son Suisse ayant fait de mauvaises affaires fut mis en faillite. Expulsée de sa résidence parisienne, C.A.C resta néanmoins fidèlement à ses cotés et finit sa vie ruinée à l’âge de 71 ans.

Mona pas de folie ni à Chatillon ni ailleurs, dommage !


[1] Fils aîné de Louis XIV, Grand Dauphin
[2] Neveu de Louis XIV