Drôle de drachme

En Grèce, la cohabitation ente les dieux et les hommes n’est pas de tout repos. Il suffit de penser à Phèdre de Racine.
Mais vous savez surement que le dramaturge français s’est inspiré d’un auteur grec : Euripide. Je vous rappelle le scénario :

Hippolyte  voue un culte passionnel à la déesse Artémis ce que ne supporte pas Aphrodite. Cette dernière, pour se venger enflamme le cœur de sa belle-mère, Phèdre, femme du père du héros  d’une passion amoureuse dévorante. Dévorée par cette passion incestueuse, elle se pend. Le père, Thésée, à la maison et découvre sa femme suspendue, avec dans sa main, une tablette accusant Hippolyte de l’avoir déshonorée. Thésée bannit son fils. Mais dans sa fuite, le petit a un accident de char qui le tue. Heureusement Artémis disculpe le fiston qui rentre pour mourir dans les bras de son père.

C’est clair pour tout le monde ? En tous cas, pas gaie la famille ! Relations pour le moins complexes et compliquées.

Euripide est le premier auteur à représenter l’amour dans ses pièces. Il y mêle jusqu’au paroxysme : passion, vengeance, jalousie et amour.

Certaines d’entre vous me trouvent parfois misogyne. OK ! Je rends les armes bien que Mona pourra vous en dire un max sur mon amour à votre endroit mes petites poules. Mais ! Tiens pour vous montrer ce que c’est un gars qui en a sa claque des donzelles, lisez cette fameuse tirade du petit Hippolyte lorsqu’il est informé de l’amour que lui porte sa belle mère :

O Zeus, pourquoi as-tu fait naître à la lumière du soleil les femmes, engeance de mauvais aloi? Si tu voulais propager la race des mortels, ne pouvais-tu le faire sans le secours des femmes? Ne valait-il pas mieux que les hommes, consacrant dans tes temples de l’or, du fer, ou de l’airain brillant, obtinssent des enfants à ce prix, chacun en raison de la valeur de son offrande? Délivrés des femmes, nous eussions vécu libres et tranquilles dans nos demeures. Maintenant, au contraire, il faut épuiser nos richesses pour introduire ce fléau dans nos familles. Une chose nous montre combien la femme est un présent funeste: le père qui a mis au monde et élevé une fille, la dote pour l’établir loin de lui et s’en voir délivré. L’époux qui reçoit dans sa maison ce don funeste, se plaît à revêtir d’ornements magnifiques sa détestable idole ; il la couvre de parures, le malheureux, et il épuise sa fortune. Il est réduit à cette extrémité : s’il s’est allié à des parents illustres, il doit paraître fier d’un hymen plein d’amertume ; son épouse est-elle vertueuse, mais d’une famille sans ressource ; il doit oublier le mal en faveur du bien. Le plus heureux est celui qui ne possède chez lui qu’une femme simple et sans esprit. Je déteste une femme trop avisée ; me préservent les dieux d’une épouse qui en sait plus qu’il ne convient à son sexe! Car ce sont surtout les savantes que Vénus rend fécondes en fraudes ; tandis qu’une femme simple et bornée dans son esprit a moins de ressources pour le vice. On devrait aussi retirer aux femmes leurs suivantes, et ne leur laisser pour compagnes que des bêtes muettes, pour qu’elles n’eussent personne à qui parler, ni qui pût à son tour leur adresser la parole. Mais maintenant les femmes perverses trament dans leur intérieur de coupables complots, que leurs suivantes vont porter au dehors. C’est ainsi, misérable, que tu es venue négocier avec moi l’opprobre du lit paternel ; tes paroles ont souillé mes oreilles, il faut qu’une onde limpide les purifie. Et comment pourrais-je me livrerai! […] Malédiction sur vous! Jamais je ne cesserai de haïr les femmes, dut-on dire que je me répète sans cesse ; car elles ne cessent point non plus d’être criminelles. Qu’on leur apprenne donc à être sages, ou qu’on souffre que je les poursuive toujours de mes reproches.

Bob, ben, çà calme les chiennes de garde, non ? Vous ma petite Mona, qui êtes si belle, si intelligente, allez donc sortir deux verres propres, je vous prie. Je sers le Château Larruau 2010. Pour les fidèles de ce blog, ce n’est pas une découverte. Ce vin est un de mes chouchous. Mais, ce millésime a donné un vin exceptionnel dans ce cru de Margaux. Quel plaisir déjà et ce sera un immense vin pour ceux qui sauront patienter.

Adonis est-ailleurs ?

Ma Chère Mona, comme à votre habitude, malgré mes nombreuses recommandations, vous prenez  nos lecteurs pour des lecteurs de magazine people.  Certes, je suis moi-même encore sous le charme de cette soirée que nous passâmes dans le cadre de notre dîner d’entreprise. A vous seule, vous étiez le personnel et moi, seul également, je représentais la direction… Mais, même ému, nous avons le devoir de donner à nos liseurs la becquée journalière qu’ils attendent avec autant d’impatience qu’un oisillon insatiable espère un ver de terre de ses parents épuisés.

En effet, dans cet article dont les lignes enflamment mon cœur, vous avez relevé que j’avais utilisé un de ces mots de la langue française dont l’emploi est aussi rare qu’un  morceau de musique classique dans le lecteur Mp3 d’un jeune coiffé façon Iroquois.

Mais ce mot mérite explication, ma petite Mona, on ne peut juste déverser des sentiments. Nous avons un devoir : divulguer la culture aussi souvent qu’un boulanger enfourne de baguettes nuitamment.

Aussi, pour respecter notre cahier des charges, je reviens sur ce joli mot : « s’adoniser ». Avouez  que son emploi est plus joli que de dire :

-Bon Mona, je pars enfiler un costard et on se rencarde au resto de la Queue de Cochon à 8h45 pétantes.

Mais, comme les plus instruits d’entre vous l’ont deviné, ce mot trouve son origine dans la mythologie grecque.

En quelques mots, il est difficile de résumer la vie de ce mortel. Aussi pour ceux qui voudraient la totale, cliquez sur ce lien.

Pour les autres, retenez qu’Adonis était un mortel aussi beau qu’un Berliet à la sortie de l’usine. Sa beauté était telle qu’Aphrodite, la déesse de l’amour, elle-même, en tomba amoureuse. Vous dire ! Mais Perséphone, qui avait élevé le petit Adonis en avait fait son amant.

Inutile de vous dire que les deux donzelles de l’Olympe se crêpèrent le chignon et demandèrent au big boss, Zeus himself, de décider laquelle des deux garderait le top model dans son pieu. A croire que Zeus était Normand, il offrit Adonis quatre mois à Aphrodite, quatre mois à Perséphone et laissait les quatre derniers mois pour un repos bien mérité après que le petit fut aussi pompé par ces gloutonnes que Pompée à sa sortie d’Egypte.

Mais, vous savez bien Mesdames, ce que vous êtes capable de faire pour conserver un bel hidalgo qui vous broute magnifiquement votre green fraîchement taillé. Aphrodite, qui en connaissait un rayon en matière d’amour, ne respecta pas le jugement olympien. Perséphone qui  attendait avec impatience le retour de son mignon pour se faire récurer la marmite, fut folle de rage.

Elle se rendit, par un joli matin de mars, chez Arès, le dieu de la guerre, qui fricotait depuis longtemps avec Aphrodite. Il ne prit même pas le temps d’un arès-buffet, et envoya un énorme sanglier qui transforma le mortel en marionnette désarticulée.

Inutile de vous dire qu’Aphrodite pleura comme une madeleine qui sait qu’elle va être trempée dans la tasse de Marcel. Une de ses larmes tomba sur une goutte de sang d’Adonis. C’est de là que naquit l’anémone. Snif, snif ! C’est beau, non ? Et c’est pas fini. Figurez-vous que la déesse se piqua sur un rosier. Et pour la première fois les roses prirent la couleur du sang. Quand vous irez chez votre fleuriste pour honorer votre voisine de pajot, ayez une pensée pour ce brave Adonis en achetant vos roses rouges.

Ben, pleurez pas comme çà, ma p’tite Mona. Ce n’est qu’un mythe. Bon pour vous remettre, il faut vous arroser la glotte. Que diriez vous d’un Rioja Reserva 2005 du Baron de Urzande : petits fruits rouges et poivre pour un vin délicat.

4 x 3 = huîtres

Bien que connues et appréciées du monde gallo-romain (Ausone vante celles récoltées en Médoc), ce n’est qu’au Moyen-Âge que le véritable engouement se produit.

Au XVII° et XVIII° siècle, l’huître est omniprésente sur les tables. On lui prête mille vertus thérapeutiques, on la prescrit au moindre rhume !
La commercialisation se fait sous deux formes : celle apportée par bateau-coche est vendue dans sa coquille ; l’autre dite de « chasse » dévolue au petit peuple, arrive chaque matin débarrassée de sa coquille dans les paniers de « chasse-marées ».
4 000 marchands déambulent dans Paris avec leur charrette. On la consomme souvent cuite et trois ou quatre douzaines par personne sont un minimum ! Nous connaissons tous l’anecdote de Vatel et de la marée qui, bien que transportée à un train d’enfer, n’arrive pas à l’heure.

Je dois vous avouer que j’aime les huîtres, mais j’ai toujours eu du mal à les ouvrir. Malgré les trucs, les outils plus ou moins sophistiqués, je me bats parfois longtemps avec la bête. Mes doigts en gardent des souvenirs indélébiles. Mais enfin çà y est, j’ai trouvé un truc. Je mets les huîtres près de la télé ou d’un lecteur MP3 et je leur mets des chansons de Carla, très vite, elles baillent et là, crac, je les ouvre.

Reste un problème à soulever. Les huîtres sont-elles aphrodisiaques ?

« En amour, vous le savez, les crustacés sont vos alliés », proclamait Brillat-Savarin. Casannova débutait ses repas avec 12 douzaines d’huîtres, on en servait beaucoup lors des repas fins du Régent…
Pourtant, rien n’est démontré, mais on sait que l’huître est riche en zinc indispensable à la synthèse de l’hormone mâle : la testostérone. Historiquement, le pouvoir aphrodisiaque du mollusque fut mis en avant chez les Grecs, lorsqu’Aphrodite, déesse de l’amour, émergea de l’océan au dos d’une huître et donna naissance à Eros.

Actuellement, surfant sur le succès de la pilule bleue, un Australien cherche à commercialiser des huîtres nourries partiellement au viagra… et assure un résultat étonnant.

Mona pas besoin d’huîtres pour vous aimer, et vous ?