L’agagadémie française

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Mona élue sur le tard… Dommage

En rentrant à l’Académie Française, on devient immortel mais pas forcément grand clair. Voltaire constatait que c’était  » Un corps où l’on reçoit des gens titrés, des hommes en place, des prélats, des gens de robe, des médecins, des géomètres… et même des gens de lettres ! ».

Ces Messieurs oublièrent entre autres Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Eugène Sue, Alexandre Dumas père, Emile Zola … qui fut pourtant candidat à 24 élections. Quant au monument de la littérature française, Victor Hugo, il dut s’y prendre à quatre fois avant d’être élu le 7 janvier 1841 et de justesse par 17 voix sur 32 votants. Pour l’histoire, je vous indique le nom de ceux qui furent élus contre lui : Dupaty, Mignet et Flourens. Que des hommes qui ont laissé leur nom dans l’histoire !

Mais le grand recalé restera Honoré de Balzac. Soutenu par Hugo, il adresse sa lettre de candidature en 1849 :

J’ai l’honneur de vous prier d’annoncer à MM. les membres de l’Académie française que je me mets sur les rangs comme candidat au fauteuil vacant par la mort de M. le vicomte de Chateaubriand.
Les titres qui peuvent me mériter l’attention de l’Académie sont connus de quelques-uns de ses membres, mais, comme mes ouvrages, ils sont si nombreux que je crois inutile de les énumérer ici. Plusieurs des membres actuels de l’Académie voudront-ils bien se rappeler les visites que j’ai eu l’honneur de leur faire lors d’une première candidature, de laquelle je me suis désisté devant la proposition de M. Hugo par feu Charles Nodier, et ce fut, à cette occasion, monsieur le Secrétaire perpétuel, que j’eus l’honneur de vous voir. Cette observation n’a d’autre but que de déclarer à l’Académie que cette fois je poursuivrai ma candidature jusqu’à l’élection, plusieurs des membres de l’Académie ayant eu la bonté de me dire que, pour être élu, il fallait avant tout se présenter.
Je saisis cette occasion, monsieur le Secrétaire perpétuel, de vous présenter les hommages dus à toutes vos supériorités, et j’ai l’honneur de me dire, en toute obéissance, votre très humble serviteur.

Balzac n’obtint que deux voix dont celle de Totor. Le 29 août 1850, c’est Hugo qui fit l’éloge funèbre de Balzac. Il y dit notamment : « Aujourd’hui, le voici en paix. Il sort des contestations et des haines. Il entre, le même jour, dans la gloire et le tombeau.« 

Pour finir ce texte, laissons la parole à Clémenceau : « Donnez-moi quarante trous du cul et je vous fais une Académie française« . Dur le Tigre !

Ma Chère Mona, votre prose vous vaudra-t-elle l’habit vert ? Je ne la sais, mais  si vous êtes élue, votre prose, lui, affolera les Immortels. Bon, on va arroser de suite votre future élection en buvant un Bordeaux blanc 2011 : Fleur Amandine du Château Dubois-Challon. Pascal Delbeck, grand vinificateur devant l’Eternel nous propose un très joli vin idéal de l’apéritif aux entrées de la mer et aux poissons et fromages. Un régal !

Les aigris restent

Stendhal et Balzac se battent devant Mona

Un scénariste envisage de porter à l’écran un roman de Balzac. Il déjeune avec un producteur pour lui exposer son projet.

Dès qu’il prononça le nom de Balzac, le producteur rejeta immédiatement le script d’un geste de la main et d’une moue qui ne laissait aucun espoir à l’auteur. Après quelques instants, devant la mine défaite de son commensal, il se crut obligé de s’expliquer :

– Ce Balzac, il n’a rien écrit d’enthousiasment … à part, peut-être Le Rouge et le Noir !!

Le scénariste lui fit remarquer que c’était doublement faux. Le Colonel Chabert, roman balzacien, porté à l’écran par Yves Angelo avec entre autres Gérard Depardieu, avait remporté un grand succès et avait été nominé six fois aux César. Quant au Rouge et Noir, c’était un roman de Stendhal.

Mais le producteur ajouta pour clore l’entretien :

-Tiens, vous voyez, le seul roman intéressant de Balzac pour le cinéma n’est même pas de lui !

Mona, buvons donc un coup malgré ce gougeât. Que diriez vous d’ un Fonsalette 2006 ? Vinifié par Rayas, ce vin est tout en finesse malgré son degré d’alcool sudiste. 

Bavière du tout

Admirez les magnifiques courbes de Mona melette norvégienne

Il est des recettes entourées de mystère. L’omelette norvégienne en fait assurément partie. Pourquoi omelette, pourquoi norvégienne ?
En effet, ce dessert n’est ni une omelette, ni d’origine norvégienne…
C’est du blanc d’œuf battu qui contient de la glace posée sur une génoise. Alors ?

Il faut remonter à 1867, Exposition Universelle de Paris qui est entièrement dédiée à la fée Électricité. Le Chef du Grand Hôtel de Paris veut créer un dessert en hommage à la Science. Il s’appuie sur les travaux du Comte de Rumford qui avait établi que le blanc d’œuf battu est un mauvais conducteur de chaleur. Battu en neige, le blanc d’œuf joue le rôle d’isolant et, tout en dorant, il protège la glace de la chaleur du four.
Ce comte de Rumford était américain et avait longtemps vécu en Bavière avant de s’installer à Paris. Le Chef, répondant au nom de Balzac, veut lui rendre hommage ; mais peu averti en géographie, il aurait situé la Bavière en Norvège…On dit que ce dessert fut servi pour la première fois à une délégation chinoise. En tout cas, cette recette améliorée par d’autres chefs deviendra un grand classique de la cuisine française dès la fin du XIXe siècle…

Mona-melette, c’est vous ?

Laissez les ivres

friedrich_august_der_starkeLa Pologne a la réputation d’être la terre d’élection de l’ébriété. Mais on lui prête peut-être plus de capacité qu’elle n’en a. On prétend que pour choisir un nouveau souverain, on buvait beaucoup et que le plus fort buveur était finalement élu roi.

Quant à Auguste II[ 1], roi de Pologne, qui eut, disent les mauvaises langues, plus de trois cent cinquante bâtards, il buvait tant qu’on disait de lui :
– « Quand Auguste boit, c’est la Pologne qui est ivre ».

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elisabeth_petrovna_par_heinrich_buchholz_vers_1768La liste des buveurs célèbres est trop impressionnante et décourage l’énumération. Retenons seulement une buveuse : Élisabeth de Russie[2]. On prétend qu’elle s’enivrait si fréquemment qu’on ne parvenait pas à la déshabiller le soir. Aussi ses femmes avait-elles imaginé de lui faire porter des robes simplement bâties et non cousues. Quelques coups de ciseau suffisaient donc pour la débarrasser de ses vêtements, et ses femmes la portaient au lit « où elle retrouvait quelques forces dans les bras d’un bel athlète ».

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Balzac, quant à lui, raconte une ivresse mémorable qui le prit un soir de 1822, aux Italiens. Il avait fumé trop de tabac, et bu trop de vin avant la soirée et l’opéra acheva de l’enivrer. Il titubait légèrement à l’entracte.
– « Ce monsieur sent le vin, murmura une dame, dégoûtée.
– Non, madame, s’écria-t-il superbement, je sens la musique! ».

De nos jours, il aurait fini au ballon. Je propose de porter un toast à la mémoire d’Honoré et puis un autre à celle d’Auguste et pi un aut’ à cel’  d’Elisabeth. Mona, sortez les ballons, je vous prie.


[1] Prince électeur de Saxe, puis roi de Pologne de 1697 à 1704, puis de 1709 à 1733.

[2] Fille de Pierre le Grand,  Impératrice de 1742 à 1762 et belle-mère de Catherine II