Ma fille, tricotez en priant

André Dussolier a lu un texte fort amusant d’un certain Léon Vilbert. Je dois vous avouer que je ne connaissais pas cet homme du début du XX° siècle avant d’entendre cette poésie. Si l’un ou l’une d’entre vous a quelques informations, je prends…

En attendant, régalez-vous avec les vers qui suivent :  

LA PÉNITENCE EST DOUCE

Rosette, agenouillée au confessionnal,
Murmure: «Mon bon père, à vous, je m’en accuse:
J’ai trompé mon mari – Ma fille, c’est très mal,
Dit le prêtre … Et … combien de fois?» Rose, confuse,

Se trouble, balbutie, hésite … enfin répond:
«Neuf fois! – Hum! Depuis quand? fait le prêtre. Alors Rose:
«Depuis hier soir!  Et, sous le nuage blond,
De ses cheveux d’or fin, Rose devient plus rose.

«Neuf fois depuis hier!» reprend le bon curé …
Je ne puis, d’un péché de pareille importance,
Vous absoudre aujourd’hui, sans avoir référé
A l’évêché qui fixera la pénitence!

Revenez dans huit jours.» L’évêché décréta
Qu’ayant fauté neuf fois, Rose aurait, pour sa peine,
A dire cinq Ave. Rose s’en acquitta
Et fut absoute … Mais au bout d’une semaine,

Au sacré tribunal, avec un air marri,
La voici qui revient s’accuser d’inconstance,
Disant: «Sept fois, encor, j’ai trompé mon mari:
Mon père, indiquez-moi quelle est ma pénitence.»

Et lui, sur le tarif de l’absolution
Dernière, s’efforçant de se baser, calcule:
«Pour neuf fois, cinq Ave … D’une proportion,
Je dois donc, pour sept fois, établir la formule:

Cinq est à neuf comme X à sept… D’où je conclus
Qu’il faut … Ah! C’est vraiment trop compliqué, ma chère …
Faites votre mari cocu deux fois de plus.
Et dites cinq Ave comme la fois dernière.»

Un régal. Tout comme ce vin, ma Chère Mona. Je verse dans nos verres le Château Pibarnon.2006. Un très bon Bandol qui accompagnera un repas de viande ou de gibier.