Un petit moine haut

En 1809, aux environs de Liège, sort à compte d’auteur un ouvrage au titre sulfureux : Mémoires de Louis Joseph Xavier d’Aché, duc de Bourgogne, moine malgré lui.
Laissons l’auteur se présenter :

Ici commence la véridique histoire d’un prince dont la vie n’a connu que l’exil, les persécutions et la malignité des gens. Je suis né à Versailles le 13 septembre 1751. Fils aîné du Dauphin et de la Dauphine, je reçus de mon grand-père, Louis le quinzième, le titre glorieux de duc de Bourgogne…

Pour ceux qui ne maitrisent pas l’histoire de France, je me dois d’expliquer. L’auteur dit en un mot qu’il est le prétendant au Royaume de France et que Louis XVI, fraîchement guillotiné ne fut qu’un imposteur. Avouez que çà fait tâche dans l’arbre généalogique des Bourbons.

D’Aché disait que sa mère, la Dauphine, ayant consacré son premier né à Dieu, l’avait fait sortir secrètement de France, pendant qu’il était encore au maillot. Ceux qui avaient été chargés de cette mission l’avaient amené au village de Frappecu, en Wallonie, où ils l’avaient abandonné auprès d’un forgeron.
En 1768, il fut envoyé de force à l’abbaye de Floreffes, de l’ordre des prémontrés pour répondre aux vœux de sa mère.

Dans ses œuvres, D’Aché demande à retrouver ses droits et à toucher de l’abbaye qu’il considère comme une prison, la somme de cent quatre-vingt huit mille quatre cent cinquante florins à raison de cent florins par jour d’emprisonnement.

Mais, en 1812, la région de Liège est rattachée à l’Empire Napoléonien. On ne rigole pas avec la famille royale et les risques politiques. Un jugement ordonne de saisir les livres du Sieur Dachet qui divulguent de fausses informations. En effet, des documents officiels prouvent que le gars en question est né à Namur et que s’il a bien été moine, il avait été jugé fou et renvoyé de ladite abbaye. Ouf, la réputation de la Dauphine est sauve !

Les 400 exemplaires de ses Mémoires furent passés au pilon à l’exception de deux exemplaires. Heureusement, faute de quoi, je n’aurais pas pu vous conter cette histoire. Avouez que çà aurait été dommage.

Quant à Dachet, on n’en sait pas grand-chose de la fin de sa vie. Sous la Restauration, il résida à Paris mais sans réclamer de droits et certains historiens pensent qu’il est mort à Charenton.

Mona, c’est bouleversifiant, non ? Essuyez vos yeux, belle enfant, et buvez ce Coteaux Lyonnais 2011 du domaine Clusel-Roch. Bien que connu comme propriétaire en Côte-Rôtie, ce vigneron nous présente un joli gamay.