Ma p’tite puce

Puce_programméeCe matin, dans ma salle de lecture favorite, je suis tombée dans mon Dictionnaire Historique de la Langue Française sur « puce« . Pour nombre d’entre nous, ce n’est plus qu’un composant informatique. Mais c’est avant tout, le nom d’un petit insecte sauteur, parasite des hommes et des animaux. La puce entre dans quelques locutions figurées :

Avoir, mettre la puce à l’oreille qui a d’abord signifié « provoquer ou avoir un désir amoureux » et ceci jusqu’au XVI° siècle, y compris chez La Fontaine avant de prendre son sens moderne (XVII°) de « être intrigué, mis en éveil »

Secouer les puces à quelqu’un est la variante de remuer les puces à quelqu’un.

Mais revenons à notre sympathique insecte. Il aime la chaleur et cherche donc notre compagnie. Colette Renard nous livre une histoire pas piquée des vers (et pourquoi pas des puces ?)

La puce

Au dortoir,
Sur le soir,
La sœur Luce,
En chemise
Et sans mouchoir,
Cherchant du blanc au noir
À surprendre une puce.
À tâtons,
Du téton,
À la cuisse
L’animal ne fait qu’un saut
Ensuite un peu plus haut
Se glisse.
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre,
De pincer,
Sans danger,
Il se flatte.
Luce pour se soulager
Y porte un doigt léger
Et gratte.
En ce lieu,
Par ce jeu,
Tout s’humecte
À force de chatouiller
Venant à se mouiller
Elle noya l’insecte.
Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l’âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme.

Mona pas piquée des hannetons, et vous ?

Mieux vaut en lire

Comme 90% des français, je lis dans le petit coin qui est l’endroit le plus tranquille de la maison : là loin des cris d’enfants, des remarques incessantes de la belle-mère, de la suractivité du matin, chacun peut s’adonner à la lecture.
Chacun a ses petites habitudes : l’un y amène son journal, un autre une BD, un autre un roman. Moi, je lis chaque matin le Dictionnaire Historique de la Langue Française. C’est un joli pavé en trois tomes dirigé par Alain Rey. Je trouve l’ouvrage parfaitement adapté au lieu. Les articles sont généralement courts, on n’est pas tenu de lire en suivant ; et chaque tome est suffisamment petit par la taille, peu lourd et se manie avec aisance (si j’ose dire).

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Et c’est fou ce que l’on apprend comme chose dans ces livres. Pendant que j’allège mes entrailles, je remplis ma cervelle. Rien ne se perd…

Ainsi ce matin, j’ai pu étudier la « pipe »…
Nom féminin issu du verbe piper (pipare : piauler, glousser) qui signifiait, vers 1180, pousser un petit cri pour un oiseau, ce sens reste dans certains termes de chasse pour imiter un cri d’oiseau que l’on veut attirer.
Un glissement s’opère au XVII° siècle : parler en phrases négatives; il nous reste « ne pas piper mot. »
Du langage des chasseurs, le mot a été repris par les joueurs : « les dés étaient pipés. »
Au XII° siècle, la pipe est un « tuyau, un goulot puis une futaille ou un contenant de liquide ». Au XVII° siècle, la pipe trouve enfin le fumeur… (puis la fumeuse ?)

Lépicurien en relisant cet article m’a suggéré de rajouter cette devinette qui l’a beaucoup fait rire :
Comment faire rire ses copains à la descente d’un avion ?
Montez à bord avec une pipe. Cet objet est encore autorisé. Lorsque l’avion est en vol, placez votre pipe sous votre siège et appelez l’hôtesse. Informez la que vous avez perdu quelque chose. Elle  vous aidera et trouvera sans mal ce que vous aviez posé.
Au moment de sortir de l’avion, lorsque le personnel vous salue, tournez vous vers votre hôtesse et dites suffisamment fort :
– Merci pour la pipe…

Mona fligée par l’humour de son chef… dur, dur

Mais elle sait répondre avec Jean Dujardin :