A la table d’Erasme

Avec la Renaissance, l’homme acquiert plus de raffinement et apporte plus d’attention à son image notamment lorsqu’il est à table. En 1530, Erasme, le théologien et humaniste néerlandais, publie un ouvrage « De la civilité puérile » considéré comme l’un des textes fondateurs de l’éducation des enfants. Il réunit tous les codes de politesse souhaitables à l’époque. Dans cet ouvrage, l’auteur consacre une bonne partie à la table. Pour permettre aux jeunes de lire conseils qui s’avèrent toujours utiles de nos jours, il vous suffira de dépenser 2 euros ; c’est peu pour une bonne éducation  :

« Ne t’assoies pas sans t’être lavé les mains et nettoie avec soin tes ongles. En essuyant tes mains, chasse aussi de ton esprit toute idée chagrine ; dans un repas, il ne faut ni paraître triste, ni attrister personne. […]  La gaieté est de mise à table, mais non l’effronterie. »

Mais Erasme va plus loin, il n’oublie pas nombre de détails qui permettront de rester à table avec confort :
« Aie soin de lâcher auparavant ton urine, à l’écart, et si besoin est, de soulager ton ventre. Il est inconvenant de se livrer à ses besoins naturels, d’une manière effrontée et impudique, comme les paysans n’ayant jamais fréquenté des personnes honorables et bien élevées. Vous ne vous soulagerez point devant les portes et les fenêtres des chambres réservées aux femmes et aux hommes de la cour. N’oubliez pas que saluer quelqu’un qui urine ou défèque est impoli. »

Au moment de passer à table :
« Si par hasard, tu te trouves trop serré, il est à propos de relâcher ta ceinture. Si on distribue des serviettes, pose la sur ton épaule gauche ou ton bras. Si tu t’attables avec des gens de qualité, ôte ton chapeau et veille à être bien peigné. »

Lorsque les plats arrivent sur la table :
« Ne plonge pas le premier tes mains : on te tiendra pour un goinfre. De même, c’est d’un paysan que de plonger ses doigts dans la sauce. Il est discourtois de lécher ses doigts graisseux ou de les nettoyer à l’aide de sa veste. Il vaut mieux se servir de la nappe ou d’une serviette. Lécher à coups de langue ce qui reste dans son assiette, c’est agir en chat et non en homme. Poser un coude ou les deux sur la table n’est excusable que pour un malade ou un vieillard. »

Erasme se soucie également de l’hygiène buccale :
« Blanchir les dents avec une poudre n’est bon que pour les jeunes filles, les frotter de sel est fort dommageable aux gencives et de se servir de son urine au même effet, c’est aux Espagnols de le faire. »

Etant soucieux du moindre détail, il écrit :
« Certains recommandent de retenir un vent en serrant les fesses. Et bien, il est mal d’attraper une maladie en voulant être poli. Si l’on peut sortir, il faut le faire à l’écart. Sinon, il faut suivre le très vieux précepte : cacher le bruit avec une toux… »

Bon Mona, votre éducation (grâce au programme Erasmus ?) est si parfaite que je n’ai pas besoin de vous rappeler que pour boire, il faut des verres… Alors, buvons à la mémoire de Desiderius Erasmus, fils illégitime d’un prêtre de Gouda et d’une fille de médecin de Mons. Je vous invite à déguster un Schloss Gobelsburg Eiswein Grüner Veltliner 2006. Ce vin de glace autrichien offre des arômes de miel, de coing… Une merveille !