L’abbé s’en mêle

L’Evêque faisait la tournée des cures aux alentours de la bonne ville de Jarnac. A la tombée de la nuit, un incident (cheval fourbu, essieu cassé ?) le contraignit à dormir sur place. L’abbé lui fit bon accueil. On dîna à la fortune du pot et, par compensation, on fit largement honneur aux vins. Déjà en ce temps là, que ce soit en Bourgogne, en Médoc ou en Charente, une  » cave de curé », çà voulait dire quelque chose ! Buffet trop souvent vide, cellier presque toujours plein.
L’abbé céda sa chambre à l’évêque et alla bivouaquer dans la pièce principale…

homme_pisseEn pleine nuit, Monseigneur fut réveillé par un besoin pressant… N’ayant pas retrouvé la bougie, c’est à tâtons, dans le noir, qu’il essaya de trouver les lieux d’aisance… mais il se retrouva dans la cuisine. Parvenu à l’extrême limite de la rétention, il attrapa le premier récipient venu pour se soulager. Catastrophe ! Ce qu’il avait pris pour une casserole était en fait une écumoire…
L’abbé, réveillé par tant de raffut, s’inquiéta :

« Cà va t-y, Monseigneur ? Etes-vous souffrant ? »

« Non, l’abbé, non, je ne souffre pas…. Je sulfate ».

Mona, sortez donc deux verres. Je vous sers un vin des Hospices de Beaune. C’est forcément bon pour la santé.

Chemin de Sainte Croix … du Mont

messeMonseigneur Gabriel appréhendait toujours un peu le petit séjour annuel qu’il effectuait dans la paroisse du père Vincent. Son inquiétude ne venait pas de l’accueil des paroissiens, de la nature bonhomme du curé …

Non ! Tout cela était très … bien, presque trop et c’est là où le bât blesse … Son statut de Prince de l’Eglise ne le dispensait pas des trois messes matinales. Il redoutait ce pieux et fastidieux exercice qui le laissait dans une coupable euphorie. En effet, le vin de la paroisse était particulièrement agréable.
Un jour, n’y tenant plus, il demanda explication au brave curé :

– « Dites moi, mon ami … quand je viens vous voir, je suppose que vous choisissez un vin spécial pour remplir les burettes ?
– Mais non, le même que d’ordinaire, Monseigneur.
– Et vous vous fournissez où ?
– Le chevalier Haut Brion a la bonté de me tenir une fois l’an quelques barriques de sa vigne « le Carme de Fieuzal » …
– Doux Jésus ! Mais, c’est le meilleur de nos crus de Graves… Père Vincent, honte à vous… Vous utilisez la sainte table pour sacrifier au péché de gourmandise !
– Que nenni, Monseigneur ! Cela n’est que respect : lors de l’offertoire, seul, face mon créateur, je ne veux en aucun cas être en situation de lui faire la grimace… »

Mona pas craché non plus