Pense cocu

Les  textes que je vous propose ce jour sont tirés d’un livre du XIX° siècle écrit par Adolphe Ricard qui préface son ouvrage avec ces mots : « Ce livre est assurément le plus joli de tous les dictionnaires, puisqu’il contient dans ses 600 pages tout ce que les moralistes, les poètes et les romanciers ont écrit de plus ingénieux et de plus piquant, en bien comme en mal, sur I’amour, les Femmes et le Mariage, depuis le déluge jusqu’à nos jours. »


Un littérateur du XVII° siècle, nommé Eustache Lenoble, avait pour maîtresse la femme d’un riche épicier de Paris. Un jour que nos deux amoureux s’étaient donné rendez-vous dans une petite maison du faubourg Saint-Antoine, ils se laissèrent surprendre par le mari. Arrêtés aussitôt, et traduits en justice sous l’accusation d’adultère, ils furent jetés en prison. Ce procès fit tant de scandale, que le bruit courut que tous ceux qui s’étaient rendus coupables du même crime subiraient le même sort.

Sur cette rumeur, Eustache, ayant réussi à s’évader, fit imprimer l’épigramme suivante qu’on distribua clandestinement aux juges qui l’avaient condamné :

Quel affreux désert seras-tu
Pauvre Paris ! Tu vas devenir Rome
Si Thémis, de tes murs, bannit tout galant homme
Dès qu’il aura fait un c….
Grands porteurs de bonnets à cornes,
A ce zèle mettez des bornes,
Ou vous dépeuplerez cette auguste cité.
Consultez l’intérêt de l’État et du maître;
Punissez qui détruit, protégez qui fait naître
Des sujets à Sa Majesté.
Mais je vois d’où vient la tempête;
Chacun craint pour son atelier,
Et l’on dit qu’en jugeant vous vous frottiez la tête
Contre celle de l’épicier.


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En Egypte, une loi prévoyait que l’on couperait le nez à toute femme qui aurait été surprise en adultère, et que tout homme convaincu du même crime aurait les yeux crevés.

Hélas ! s’écrie un pauvre rimeur qui rapporte ce fait :

Si l’on ressuscitait ces lois vieilles et dures,
On verrait en beaucoup de lieux,
A moins que justement on n’eût pris ses mesures,
Bien des femmes sans nez et des hommes sans yeux.

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Une jeune femme, veuve à vingt-trois ans d’un mari qu’elle avait beaucoup aimé, en prit un second qu’elle fit cocu.
Surprise en flagrant délit, elle fut traduite en justice.

-« Pourquoi donc, Madame, après avoir été toujours fidèle à votre premier mari, avez-vous indignement trompé le second ? » lui demanda le président du tribunal.
« Parce que jusque là, Monsieur, personne ne m’avait rien demandé, » répondit naïvement la jolie coupable.

Mona pas, c’est vous….