Vachement amoureux

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Jusqu’à ce jour, Sam Exit se contentait de glisser quelques commentaires suite à tel ou tel article que j’ai commis dans ce journal. Ces propos à mon endroit sont souvent galants certes mais tellement suggestifs que je ne lui ai jamais répondu. Aussi quelle ne fut pas ma surprise, au milieu de l’abondant courrier que je reçois, de trouver ces quelques lignes signées de sa main :

Mona, vous savez que je meurs d’amour pour vous ; mais, bourreau de mon cœur, vous n’avez jamais daigné éteindre la flamme qui me consume. Aussi, ai-je pris la décision d’aller en Berry voir une de ces sorcières qui vous envoutera et vous donnera à mon amour.

Holà, mon ami, comme vous y allez. Nous ne sommes plus au temps du Moyen Age que je sache et votre magie d’amour n’a aucune chance de me faire vaciller. Avant que vous rendiez chez les dames Berrichonnes, permettez-moi de vous rappeler la triste histoire de Monsieur Fian, instituteur écossais.

En 1591, à Edimbourg, il fut pendu puis brûlé pour haute trahison et sorcellerie. Il était accusé d’avoir soulevé une tempête qui manqua de faire sombrer le vaisseau du roi Jacques 1er qui se rendait au Danemark.
Au cours de l’instruction de son procès, il avoua une tentative d’amour magique. D’après ses dires, éconduit par une jeune villageoise, Fian avait convoqué le frère de cette dernière qu’il avait comme élève. Il lui demanda un petit service. Le garçon qui dormait dans le lit de sa sœur aînée, devait arracher trois poils du pubis de cette dernière et les apporter à son maître. Mais malheureusement le garçon réveilla sa sœur durant l’opération et sa mère le roua de coups pour obtenir des explications. Cette femme, qui était plus ou moins sorcière, préleva trois poils sur le pis de leur vache. Elle les donna à son fils à l’intention du Professeur Fian qui, persuadé qu’ils appartenaient à sa bien-aimée, exerça sur eux ses coupables pratiques. Les pouvoirs d’envoûtement eurent un effet immédiat. La vache bondit hors de son étable et se mit à suivre partout le Sieur Fian, jusqu’à son école, dansant autour de lui en beuglant amoureusement, le contemplant tendrement de ses grands yeux humides.

Alors, vous voyez Sam Exit, c’est pas gagné. L’amour vache, c’est pas pour moi. Qu’on se le dise !

Mona pas envie. Tant pis ?

Lit, mais…

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C’est le premier courrier de l’année. Merci à Eva Paoli. Mariée depuis 20 ans, elle se plaint que, depuis des mois, son voisin de pageot la délaisse au profit de la tablette à Steve Zobes. Quand c’est l’heure de se pieuter et de passer au rodéo conjugal, Monsieur s’use sur son Apple au lieu de croquer la pomme à maman. Pis, quand Ipad, Ibande pas.

Ma pauvre chérie, je compatis. C’est dur (si j’ose dire). Mais, même si je ne suis pas certaine que çà vous rassurera : vous n’êtes pas seule. Oh que non ! Une étude anglaise affirme que 40% des sujets britanniques passent au moins 1h30 à surfer dans leur pucier. Et à force de jouer avec leur souris, ils en oublient le matou de leur bourgeoise. Mais il semble que si les moins de 30 ans sont les plus addicts, ils n’oublient  pas de faire une partie de bouchtrou. Et ce qui est valable de l’autre coté du Channel, doit l’être aussi chez nous.

Il paraît évident, ma chère Eva, que vous êtes victime de l’usure normale du désir conjugal dû au temps. La routine, c’est pas bon pour la pipine. Et puis tout çà, c’est pas nouveau ; avant il y avait la lecture. Madame lisait Mode et Travaux pendant que Monsieur se faisait un policier et ils s’endormaient, le livre à la main (mon cousin ?) et se lançaient rarement à l’escalade du mont de Vénus ou à l’assaut de l’obélisque à Pèpère. Et combien de couples s’endorment en regardant la télé. C’est d’ailleurs un des rares moments où ils regardent dans la même direction…

Alors tant que votre «Pince» Charmant ne tweete pas en essayant de vous faire monter au septième ciel, il n’y a pas péril en la demeure. Soyez moderne Eva Paoli. Aux States, c’est encore pire : 30% des cowboys sont prêts à renoncer à grimper aux rideaux plutôt qu’à délaisser leur téléphone portable pendant une semaine. Alors heureuse ?

Si jamais, le manque de galipettes devient trop insupportable, glissez-lui un virus dans son joujou. Une bonne maladie tablettement transmissible peut faire revenir le héros dans l’étable. Si jamais, il se met à rejouer avec votre tirelire à moustaches, écrivez-moi. Çà me fera plaisir. Si, si, comme disait l’Impératrice.

Mona pas de tablette dans son plumard, mais une bonne couette. Vous voulez en profiter ?