Macis, c’est de la muscade

Le muscadier est un arbre originaire des iles Moluques[1]. C’est pourtant sur le drapeau coloré de l’Ile de la Grenade[2] que l’on trouve une noix de muscade.

macis-muscade
Le macis, enveloppe de couleur rouge, protège la noix de muscade

Une fois séché, l’arille[3 devient une épice sous le nom de « macis » aux arômes très proches de ceux de la noix. Comme la noix, il est indispensable de le moudre au dernier moment car son arôme se perd rapidement. C’est pour cette raison que l’on vend généralement la noix de muscade entière avec une râpe.

Utilisée en cuisine de puis la nuit des temps, la muscade coûtait au Moyen Age une fortune : ½ kilo valait le prix d’une vache. Malgré cela, elle est l’épice la plus vendue après le poivre. Dans les pays du Nord de l’Europe, on épice la bière avec. De nos jours, on parfume béchamel, quiche, soufflé… On peut également en ajouter à un foie gras, un fromage de chèvre… Mais attention, comme dit le dit une sentence du Moyen Age : « Unica nux prodest, nocet altera, tertia necat[4]»

La muscade fut également utilisée comme encens pour purifier les cités. On raconte qu’à Rome, en 1191, on en brula une grosse quantité pour l’entrée du Roi Henri VI qui venait d’être couronné Empereur du Saint Empire romain germanique par le Pape Célestin III.

Autrefois, on attribuait à la muscade, de nombreuses vertus. Elle fut utilisée en pharmacologie autant pour soigner les flatulences que les rhumatismes ou les maladies respiratoires. De plus, elle avait la réputation d’être un excellent aphrodisiaque.

Le médecin siennois Pierandrea Mattioli conseillait à ses patients éprouvant des difficultés pour « sacrifier à Vénus » de verser de l’huile de noix de muscade sur leur parties  intimes, et ce quelques heures avant de rendre leurs hommages à une dame.

Enfin, vous verrez avec cette histoire que nous n’avons rien inventé. De nos jours, des jeunes gens, mal intentionnés, versent des substances illicites dans le verre des jeunes filles pour abuser d’elles. Or déjà, en 1619, un jeune Danois passa devant le tribunal. Il était accusé d’avoir enseigné à un comparse comment amadouer une belle en utilisant à son insu bieresles « qualités » de la muscade. La recette était la suivante :
D’abord, avaler une noix de muscade entière et attendre qu’elle émerge par les voies naturelles. Ainsi «préparée», la noix était râpée et mélangée à de la bière ou du vin.
L
orsque la belle désirée avait bu ce « philtre d’amour », elle n’était plus que « cire » entre les mains du séducteur, ne se pliant pas seulement à «ses moindres désirs» (comme l’indique le jugement) mais payant même en remerciement.

Mona, changeons un peu nos habitudes. Allez donc nous chercher deux petites mousses, je m’occupe de la muscade…


[1] Un archipel de l’est de l’Indonésie

[2] Situé dans les Antilles, au nord de Trinité-et-Tobago, à 200 km au nord du Venezuela

[3] enveloppe charnue autour d’une graine

[4] « Une noix est salutaire, la seconde nuit, la troisième tue. »