Deutsch parle des grosses moches avec véracité

J’ai reçu un courrier encore humide de trop de larmes versées. Et moi, vous me connaissez, çà ne me laisse pas insensible. Aussi, ma petite Ella Riendebot, comptez sur moi, je vais vous aider.
Que dit Ella ?
J’ai trente ans… et je suis célibataire et je ne trouve pas d’homme ni pour une relation durable ni même pour une nuit ou un quart d’heure. Et pourtant, je suis bardée de diplômes et j’ai une bonne situation …. Sans être une beauté, genre Brigitte Bardot, je sais mettre en valeur le corps que la nature m’a donné. Que dois-je faire, que dois-je changer ? Je suis prête à tout pour perdre mon berlingot. Mona, aidez-moi, je vous en conjure à retrouver le goût de la vie.

Emouvant, non ? Le problème, c’est qu’avec le courrier, il y avait une photo. Que dire ? Tout d’abord, plus le temps passe, plus vous ressemblez à Brigitte Bardot… Rassurant, non ? Par contre, si vous voulez attirer un mâle en rut dans votre case, il y a lieu de tout changer. Alors quelques recommandations en vrac : achetez un rasoir puissant, changez de coiffeur ; pour votre bobine, un simple ravalement ne suffira pas, il faut vous lancer dans de grands travaux ; un conseil : demandez un devis au chirurgien, nous n’aurez pas de mauvaises surprises.

Alors pourquoi dame nature a eu tant de haine à votre endroit (comme à votre derrière d’ailleurs) : c’est parce que vous avez voulu être l’égale d’un homme.

J’entends d’ici la volaille me dire que, si même moi, genre femme idéale et militante féministe, je me range aux cotés des phallocrates et misogynes obsédés du poireau, la France est foutue et qu’avant même d’avoir lu l’intégralité de l’article, nombre de donzelles renaudeuses vont arrêter fissa leur abonnement au Journal de Lépicurien. Et bien, bande de rombières, déguerpissez, on ne vous regrettera pas.

Pour toutes les autres, mes petites chéries, que vous soyez belle comme un soleil ou que vous soyez des repoussoirs à l’amour, je vais vous expliquer.

Je m’appuie sur les travaux d’Hélène Deutsch, psychologue, qui étudia la première la psychologie féminine. Alors çà vous en bouche un coin. Je parle à celles qui n’ont pas eu le courage d’arrêter la lecture après m’avoir vilipendée.  Vous en faîtes pas, je ne suis pas rancunière. Cette brave femme sacrifia son bonheur à la recherche. Que dit-elle ? Je vais vous le dire…

La femme paie ses connaissances intellectuelles de la perte de précieuses qualités féminines. Tous les observateurs confirmeront que la femme intelligente est masculine. Ainsi moi, depuis ma licence de philosophie, il m’est poussé du poil aux jambes (en avez-vous, ma chère Ella Riendebot ?) et j’ai perdu ma pudeur. Ce type de femmes intellectuelles ou sportives, extrêmement répandu dans nos collèges, ont une vie affective aride, stérile, appauvrie.

A sa décharge, il faut dire qu’elle fut l’élève de Freud qui ne faisait pas dans la dentelle. A sa fiancée, il écrivait :

C’est une idée condamnée à l’avance que de vouloir lancer les femmes dans la lutte pour la vie au même titre que les hommes. Je crois que toutes les réformes législatives et éducatives échoueraient du fait que, bien avant l’âge où un homme peut s’assurer une situation sociale, la nature a déterminé sa destinée en termes de beauté, de charme et de douceur… Le destin de la femme doit rester ce qu’il est : dans la jeunesse, celui d’une délicieuse et adorable chose ; dans l’âge mûr, celui d’une épouse aimée.

Bien sûr, ces textes datent de la première moitié du XX° siècle et les choses ont changé. Mais l’évolution est lente et l’homme a encore du mal à voir la femme prendre une place que l’histoire ne lui avait jamais donnée. C’est beau ? Oui, je sais, j’ai la plume facile…

Alors mes petites chates, organisons une quête pour Ella. En effet, même si Brigitte Bardot, dans les années soixante, aurait dit : Il n’existe pas de femmes laides. Chaque femme est une Vénus à sa propre manière, nous devons être objectives, il y a des filles qui ne peuvent vivre que dans le noir pour ne pas effrayer les gonzes reproducteurs ; il y a des bobines qui ne permettent de draguer qu’au zoo de Vincennes. Or, la beauté reste un des fondements de la féminité et elle peut facilement remplacer l’intelligence et assurer le gîte et le couvert.

Mona une belle frimousse qui l’a beaucoup aidée. Vous le croyez ?