Bonne année, bonne santé

De retour après la trève des confiseurs. Mais laissons sans tarder la parole aux Frères Ennemis qui, à leur manière présentaient leurs vœux : 

– Oh, dites donc, vous avez la mine défaite!
– Forcément, c’est le jour de l’an.
– Vous avez des ennuis ?
– Oui, avec ma bonne.
– Qu’est-ce qu’elle a ?
– Elle est courte.
– Elle est courte ?
– Oui, courte mais bonne. Ha ! ha ! ha !
– C’est amusant.
– En fait, je n’ai pas tellement le cœur à plaisanter.
– Pourquoi ?
– Parce que ma bonne n’a pas de nez.
– Elle est née sans nez ?
-Qui vous a dit qu’elle était sans nez ?
– Vous. Vous m’avez dit qu’elle n’avait pas de nez.
– Si. Elle a un nez.
– Elle a un nez ou elle n’a pas de nez? Faudrait savoir!
– Elle a un nez, mais elle n’a pas de flair.
– Fallait engager un cocker, ou un détective privé.
– Non, je veux dire qu’elle n’a pas d’odorat!
– Le principal, c’est qu’elle respire.
– Ca, pour respirer, elle a ce qu’il faut : quand elle se mouche on se croirait au Havre pendant le départ du «France».
– Et avec un nez pareil, elle n’a pas de nez ?
– Pas du tout. Quand elle fait la cuisine, on va manger au restaurant.
– Pourquoi?
– Parce que la viande carbonisée, les pommes de terre brûlées et la tarte à la houille, c’est comme tout, on s’en lasse !
– Ma bonne à moi, c’est une Anglaise.
– Elle est bien ?
– Oui. Pour ceux qui aiment le duc et la duchesse de Windsor.
– Elle ressemble à la duchesse de Windsor ?
– Non, plutôt au Duc.
– Et quelle est sa spécialité ?
– Le thé.
– C’est bon, le thé.
– Oui, mais elle, elle ne fait que ça.
– Comment, que ça ?
– Oui, quand vous lui demandez si elle a fait les lits, elle vous répond: «non, mais j’ai fait du thé».
– Ah, bon.
– Si vous lui demandez à boire, elle vous fait du thé; si vous lui demandez de faire les courses, elle achète du thé; si vous lui demandez de faire couler un bain, elle met du thé dans le fond de la baignoire; et si par malheur vous lui parlez de saleté, elle part en claquant la porte !
– Ça devient une religion.
– Pensez-vous, elle est athée !
– Eh bien, nous ne sommes pas gâtés avec nos bonnes !
– Oui, une qui n’a pas de nez et une qui ne vit que pour le thé !
– On ferait bien d’en changer.
– Vous avez raison et en la circonstance, au seuil du nouvel an, je vous souhaite une bonne à nez !
– Et moi, je vous souhaite une bonne sans thé !

Mona, vous qui êtes une collaboratrice si précieuse, je porte un toast à votre beauté, compétence et tout et tout. Ce Bollinger Grande Année 2002 me fait rêver. Je vous vois, Mona, comme une James Bond Girl et je serais votre héros. Bon ben, oui, on peut rêver. C’est pas tous les jours Noël, enfin je veux dire le 1er de l’an. Décidément, vous me faîtes perdre la tête.

De drôles de gaillards !

Seuls les moins jeunes d’entre nous ont connu Les Frères ennemis. Ce duo d’humoristes eut son heure de gloire il y a 40 ans… Comme Raymond Devos, ils jouaient avec les mots. Michel Audiard disait de leur prestation que «Le délire verbal, le coq-à-l’âne, la gymnastique des mots, est probablement le genre exigeant le plus de maîtrise, le plus de rigueur, en un mot : le plus de style».

En ce mois de novembre, un salut à André Gaillard qui va fêter le 19 décembre ses 85 ans, et une pensée pour Teddy Vrignault né le 22 novembre 1928 et porté disparu en novembre 1984.

Ces deux artistes nous ont fait beaucoup rire. Pour le plaisir, je vous offre quelques coups de téléphone célèbres :

-Allô, pourrais-je parler à Adam ?
-de la part de qui ?
-de la part d’Eve.
-Eve comment ?

-Allô.
-Oui ?
-Est-ce que Monsieur Archimède est là ?
-En principe…

-Allô, Maman ?
-Oui ?
-C’est Jésus.
-Non ?
-Messie

-Allô, la Reine ? Ici Henri IV.
-Je vous écoute, Monsire.
-Rappelez moi qui a dit : Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ?
-C’est Sully.
-Je ne vous demande pas où, je vous demande qui !

-Allô, Cartouche ?
-Oui
-Pan

Allô, pourrais-je parler à Monsieur Debussy ?
-de la part de qui ?
-de la part de sa mère.
-C’est vague.

Alors Bon Anniversaire, Monsieur André. Mona pour arroser çà, je fais dans le grand luxe : un Salon 1997 que nous prendrons au salon. Un des plus grands Champagnes que j’ai bu : finesse de la soie, persistance et légèreté.