l’aversion de l’asperge ?

De nos jours, on dit trop souvent les choses de manière crue. Toute poésie est réduite à zéro. C’est souvent bien triste. En 1933, Lyjo auteur de livrets de comédies musicales et de chansons légères et paillardes, avait écrit ce texte :

V’nant de louer une garçonnière
En cachette de mes parents
J’ai amené la nuit dernière
Une belle et lui dis galamment
 » – On va d’abord dîner ma chère
Après j’planterai ma crémaillère »
Que j’ajoute d’un p’tit air cochon…

Vous comprenez l’allusion ?

D’abord pour commencer la fête
Y’avait des radis, des anchois,
Du thon, du caviar, des crevettes
Elle en a r’pris cinq ou six fois
 » – Vous voyez lui dis-je, ma jolie
J’vous ai fait des petites fantaisies
– J’t’en f’rais aussi, qu’elle me répond… »

Vous comprenez l’allusion ?

Après on apporte sur la table
Un superbe poulet rôti
Ma conquête me dit très aimable
 » – Quel morceau préférez vous y ?  »
Alors en zieutant la volaille
J’lui dit d’un petit air canaille
 » – Moi, j’ai envie d’bouffer l’croupion… »

Vous comprenez l’allusion ?

Après on sert des frites pour elle
Et pour moi des nouilles au gratin
Des nouilles comme y’en a pas d’plus belles
La maison Rivoire et Taupin
Alors je vois son œil qui s’mouille
Elle dit en reluquant mes nouilles
 » – Oh! c’que t’en as une belle portion ! « 

Vous comprenez l’allusion ?

Après on nous sert les asperges
Je prends les deux plus grosses, ma foi
J’lui en donne une grosse comme un cierge
Et je garde l’autre pour moi
Mais quand elle eut fini la sienne
La voilà qui saute sur la mienne
En m’disant  » – Donne la moi, Léon ! « 

Vous comprenez l’allusion ?

Enfin après toutes ces merveilles
Comme dessert il y avait des noix
Et pour l’épater moi j’essaye
De les casser entre mes doigts
Elle m’dit  » – Tu vas t’faire mal grosse bête
J’vais t’prêter mon casse-noisettes
Mais sers t’en avec précaution… « 

Vous comprenez l’allusion ?

Pour finir j’dis à ma compagne
 » – En fait d’liqueur que prenez vous ?
Voulez vous d’la fine champagne ?
Voulez vous quelque chose de plus doux ? »
Je lui fis vois tout c’que j’possède
Elle a pris c’que j’avais d’plus raide !
Elle a même vidé tout l’flacon !

Vous avez compris, tas d’cochons ?

Avouez que c’est bien enveloppé, que çà ouvre l’appétit … Tiens, je vais inviter Lépicurien au restaurant.

En attendant, je vous invite à écouter cette chanson.

Mona lusion, c’est Lépicurien….