Prenez le sur un autre téton…

Mona allaitera ses enfants le plus longtemps possible

Les nourrices étaient, notamment jusqu’au XVIIIème siècle, les serviteurs recevant les plus gros gages. En effet, de leur lait dépendait grandement la vie des enfants nobles et même princiers. C’est durant le septième mois de grossesse de la Reine que la nourrice était choisie après un examen minutieux et une enquête sur son entourage et même ses ancêtres.

Retenue, elle s’assurait une place à la cour dans un premier temps pour allaiter le jeune prince puis une place de femme de chambre de la Reine.

J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de nourrices dans ces colonnes. Ce jour, je vais vous rapporter l’histoire des enfants de Jeanne d’Albret.

Le Duc de Vendôme, Antoine de Bourbon épousa Jeanne d’Albret de Navarre. De cette union, naquit Henri, Duc de Beaumont en 1551. Il fut confié à une nourrice frileuse. Or, vous savez sans doute que les enfants étaient fortement emmaillotés. Suant sous ses épaisseurs de tissus et de laine, le petit y laissa la vie…

En 1553, ce fut un autre fils, Henri, le futur Roi de France et de Navarre. Michelet, dans son histoire de France, écrit :

On dit qu’enfant il avait eu huit nourrices et bu huit laits différents. Ce fut l’image de sa vie, mêlée de tant d’influences. Coligny et Catherine de Médicis furent deux de ses nourrices. Malheureusement il profita bien peu du premier, infiniment de la seconde. Il n’en prit pas la froide cruauté, mais l’indifférence à tout.

En 1556, Louis, Comte de Merle est né et confié à une nourrice. Malheureusement, il est aux bons soins d’une nourrice joueuse. Un jour, pendant que la cour de Navarre était la chasse, la nourrice s’amusait avec le gouverneur des enfants à se passer de main en main le bébé. Les gestes devinrent de plus en plus amples… si bien que le petit finit par passer par la fenêtre et s’écrasa sur le perron.

Comme quoi, la lignée des Bourbons aurait très bien pu ne jamais régner si Henri IV n’eut, lui, de bonnes nourrices… car si Jeanne d’Albret accoucha encore deux fois, elle eut deux filles…

Mona-laitement, c’est pour vous ?

L’art d’être mammaire

Mona est courageuse. Malgré les sarcasmes de certains, elle continue à défendre la tétée. Elle cite ce brave Alexis Delacoux. Elle n’a pas osé ajouter ce qui suit :

L’âge le plus favorable, comme je l’ai déjà dit, est de vingt cinq à quarante ans. Les femmes qui auront eu plusieurs enfants offriront plus de garanties que celles qui seront mères pour la première fois, parce que le premier allaitement est toujours plus laborieux, et qu’alors il arrive souvent que les mamelles tarissent après quelques mois, ce qui n’est point à craindre chez les premières. En outre, il est mieux de ne point donner à l’enfant un lait trop vieux, et autant que possible il faut que la nourrice soit nouvellement accouchée.

Les femmes brunes, de moyenne taille, mais bien prises, seront en général meilleures nourrices que les blondes, pâles, minces et de haute stature; de même que celle dont la peau est noircie par le hale et le soleil donnera un lait plus sain que telle autre au teint blafard et comme étiolé, et qui aurait vécu dans la paresse et l’oisiveté. L’embonpoint médiocre et même la maigreur seront des conditions préférables à l’obésité et à ces tempéraments molasses et empâtés. Ordinairement les femmes maigres ont peu de mamelles, mais ce n’est point toujours une raison pour les croire incapables de nourrir. Ce serait également une erreur de croire qu’une nourrice a peu de lait, quand par la pression du mamelon, il n’en coule point : ici le mode d’excitation est tout, et la succion est le plus favorable.

On doit regarder comme un signe de santé le bon état de la bouche, une haleine douce, et des dents saines et blanches. Le défaut de propreté empêche souvent de reconnaître ces qualités; il faut donc bien distinguer ce qui tient à cette circonstance d’avec ce qui dépend d’une cause morbide. L’absence de quelques dents, quand celles qui restent sont saines, n’est qu’un accident qui ne mérite aucune importance.

Mona, je vous propose une gourmandise du domaine des Sablonnettes de Christine et  Joël  Ménard : Coteaux du Layon Vieilles vignes 2007. Un  nez de fruits blancs, une jolie bouche  acidulée et fraiche. Le pied, quoi !!