Prenez la chaise

Confesseur de Louis XIV

Une lectrice m’a chaudement félicité pour les articles sur le cimetière du Père Lachaise. Merci, çà fait chaud au cœur. Mais la dame me demande en même temps d’expliquer pourquoi ce nom de Père Lachaise. Holà, ma belle. Vous avez trop lu Spirou, vous me prenez pour l’oncle Paul ?

Mais, vous me connaissez : il m’est impossible de refuser quelque chose à une dame. Donc voici la belle histoire du Père François.

En effet, le nom administratif de la nécropole est « cimetière de l’Est ». Mais c’est connu, le Français est poète et rebelle.

Tout commence en 1626, les Jésuites de la rue Saint-Antoine à Paris rachètent une propriété du nom de « Folie-Régnault »[1]. Rebaptisée, Mont-Louis, elle est un lieu de repos ( éternel ?) pour les membres de la Compagnie de Jésus. Ainsi, le confesseur de Louis XIV[2], personnage fort influent, venait régulièrement s’y reposer. François d’Aix de la Chaise (ou Chaize) resta gravé dans la mémoire des Parisiens car il était le seul à voir le Roi à genoux devant lui… Et çà, çà plaisait au peuple.

Aussi, avec le temps, l’histoire déforme. On ne prête qu’aux riches : de simple occupant, il fut considéré comme propriétaire et son nom resta attaché au lieu. Et pourtant, la propriété fut vendue en 1763 au moment où l’ordre des Jésuites furent expulsés du royaume. Divers propriétaires se succédèrent avant qu’en 1804, la ville de Paris n’achète le domaine pour en faire un cimetière. Le cimetière de l’Est fut vite rebaptisé par les Parisiens du nom du confesseur royal.

Et voilà, mes chéries, la boucle est bouclée. Bon Mona, c’est pas tout çà. A force de parler, j’ai la glotte qui sèche. Buvons un coup de Brouilly. J’aime les Beaujolais du millésime 2009 : Les Tours de Pierreux est vinifié par Lydie Nesme. Une patte féminine pour un bouquet de fruits. Mona, prenez une chaize et buvons.


[1] Nom du commerçant propriétaire de l’époque.
[2]
De 1675 à 1709. C’est peut-être lui qui maria Louis XIV à Madame de Maintenon.

Exercice de stèles

Lafontaine et Molière au Père Lachaise

Le cimetière du Père Lachaise est le quatrième lieu le plus visité de Paris. Il faut dire qu’il y a du beau monde : du Maréchal Ney à Oscar Wilde, en passant par Colette, Frédéric Chopin,  Edith Piaf, Marcel Proust, Georges Haussmann, Ludovico Visconti, J.Dominique Ingres, Victor Hugo, Sarah Bernhardt, Delacroix, Balzac, Amedeo Modigliani… Excusez du peu. Pour voir la liste rendez vous sur ce site. Vous pourrez même circuler entre les tombes…

Mais la pierre tombale qui attire de loin le plus de visiteurs est celle de Jim Morrison, le leader des Doors. Décédé à Paris le 3 juillet 1971, il fut enterré à la va vite 4 jours plus tard. Sa famille, fâchée depuis plusieurs années avec le chanteur, ne voulut pas payer les frais de rapatriements. Un défilé incessant de fans perturbe la tranquillité des lieux. Poulenc, de Lesseps, Champollion voient des hardes passer devant leurs pierres sans s’arrêter. Comme souvent, lorsqu’une vedette est fauchée en pleine jeunesse, les bruits les plus fous courent : Jim ne serait pas mort ; son corps serait reparti au States, donc la tombe parisienne serait vide…
Et pourtant ce que l’on prête au rockeur est arrivé à deux de nos plus grands auteurs.

Bref retour en arrière. Le 21 mai 1804, le cimetière du Père Lachaise ouvre… Mais les Parisiens boudent le lieu : le 20ème arrondissement n’a pas la cote. Que faire ?

En 1817, la mairie de Paris organise en grande pompe le transfert des restes de Jean de Lafontaine et de Molière.
Succès immédiat : la surface passera de 17 ha à 43 ha.

Mais il semble bien que la tombe de Molière contienne les restes d’un inconnu et que les os de Molière sont peut-être dans celle de Lafontaine.

Ma Chère Mona, je vous reparlerai de cette énigme dans un prochain article. En attendant, buvons un vin de Pézenas (c’est là qu’est né Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière) : Domaine Montrose, cuvée des Lézards 2007. Cet assemblage de Merlot, Syrah et Carignan est une gourmandise. Allez Mona, sortez les verres, je m’impatiente.