Vivement demain

De nos jours, les ordinateurs nous traquent à chacune de nos journées. Même si la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) dit veiller au grain, il faudrait peu de choses pour que ce qui suit ne devienne réalité. Mais afin de vous ménager et de vous laisser continuer à rêver, nous  acceptons de vous projeter en 2015. Vous êtes vautré dans votre fauteuil  préféré attendant la retransmission du match de football sur votre écran en relief. Et, vous passez commande d’une pizza indipensable au bon déroulé de la soirée sportive (comme quoi, tout n’a pas changé). Attention, c’est parti :

vivement-demainStandardiste : « Pizza IOLO, bonsoir, Isabelle Dejour à votre service. »

Vous : « Ouais, bonsoir, Isa (selon la mode américaine), je souhaite passer une commande. »

Standardiste : « Puis-je avoir votre NNI, Monsieur ? »

Vous : « Mon numéro national d’identification (NNI)… Oui, un instant, voilà…  c’est le 102049998-45-54610. »

Standardiste : « Merci Monsieur BEAUF. Ok… voyons : votre adresse est bien 316 rue de la Braguette à Montes Ma Jolie et votre numéro de téléphone 494-2366- 4712. Votre numéro de téléphone  professionnel à la DGIR (direction générale des insomniaques récalcitrants est le 745-2302 -5632 et votre numéro de téléphone mobile 266-2566-9874. Vous nous appelez de chez vous si j’en crois le numéro affiché sur mon standard »

Vous : « Euh ? oui, je suis à la maison. Mais à quoi vous servent toutes ces  informations pour livrer des pizzas ? »

Standardiste : « Nous sommes branchés sur le système SECON-MAICAIVOULU, Monsieur, ce qui vous assure un service de qualité supérieur et nous garantit contre tout problème allergisant ou accident de santé lié à l’ingurgitation de nos produits certifiés ISO 2014. »

Vous : (Soupir) « Ah bon ! Je voudrais deux de vos pizzas spéciales à la viande… »

Standardiste : « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée Monsieur. »

Vous : « Comment ça ? »

Standardiste : « Je vois sur votre dossier médical que vous souffrez d’hypertension et d’un niveau de cholestérol très élevé. Votre société d’assurance maladie vous interdit de manger de la viande le soir. C’est trop dangereux pour votre santé. »

Vous : Mais enfin, je peux bien faire une exception, si çà me chante…

Standardiste : Vous savez bien, Monsieur, que ce n’est pas possible. Notre société ne peut engager sa responsabilité. Si vous aviez un problème, de santé dans les 48 heures, les analyses médicales nous condamneraient à rembourser l’intégralité des frais médicaux engagés. Vous comprenez ?

Vous : « Ok! Bon, alors, qu’est-ce que vous me proposez ? »

Standardiste : « Vous pouvez essayer notre Pizza allégée au yaourt de soja. Je suis sûre que vous l’adorerez. »

Vous : « Qu’est-ce qui vous fait penser que je vais aimer cette pizza ? »pizza1

Standardiste : « Rappelez vous, Monsieur, que vous avez consulté la semaine dernière, durant plus de 20 mn, les « Recettes gourmandes au soja » à la bibliothèque de votre quartier. D’où ma suggestion, Monsieur. »

Vous : « Bon d’accord. Livrez m’en deux, format familial. Je vous dois ? »

Standardiste : « Ca devrait faire l’affaire pour vous, votre épouse et vos quatre enfants, Monsieur. Vous nous devez 250 Euros (ben, oui, tout augmente). »

Vous : « Je vous donne mon numéro de carte ?. »

Standardiste : « Je suis désolée, Monsieur, mais je crains que vous ne soyez obligé de payer en liquide. Votre encours de carte de crédit pour le mois est déjà légèrement dépassé ».

Vous : « …. J’irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n’arrive. »

Standardiste : « Ca ne marchera pas non plus, Monsieur. Vous devez bien savoir que votre compte bancaire est à découvert. »

Vous : « Mais, enfin, ce n’est pas vos oignons. Contentez-vous de m’envoyer les pizzas. J’aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ? »

Standardiste : « Nous avons un peu de retard, Monsieur. Elles seront chez vous dans environ 45 minutes. Mais, si vous êtes pressé, vous pouvez venir les chercher après être passé retirer du liquide. Bien que transporter des pizzas en moto soit pour le moins acrobatique. »

Vous : « Comment, diable, savez vous que je viendrai en moto ? »

Standardiste : « Je vois que vous n’avez pas honoré les échéances de votre voiture et qu’elle a été saisie, il y a 3 semaines. Mais votre moto, elle est payée. Donc, j’ai simplement présumé que vous l’utiliseriez. »

Vous : « #, m….,?, ?, sa.l…pe, ?, enc..lée… !!! »

Standardiste : « Je vous conseille de rester poli, Monsieur. Dois-je vous rappeler que vous avez déjà été condamné, en juillet 2010, pour injure téléphonique lors d’une commande d’un film à caractère pornographique ? Une nouvelle plainte pourrait vous coûter une amende de 1.000 €. Et je ne vous parle pas des éventuelles poursuites que je pourrai lancer à votre endroit. « 

Vous : (Sans voix)

Standardiste : « Autre chose …  Monsieur ? »

Vous : « Non, rien. Ah si … n’oubliez pas les deux litres de soda gratuits avec les pizzas prévus sur votre pub. »

Standardiste : « Je suis désolée, Monsieur, mais lisez bien l’intégralité du texte. Le paragraphe 7 de notre publicité est très clair. Une clause d’exclusion nous interdit de proposer des sodas gratuits à des diabétiques. Bon appétit et bonne soirée de la part de la société Pizza Iolo, la pizza qu’il vous faut. »

Mais heureusement, Epicurienne, Epicurien, tout ceci n’est que de la fiction. Même, si des fois, la réalité la dépasse… Vous pouvez continuez à manger, je vous vois…