Faîtes chauffer l’alcool

Le Prince de Galles et sa Suzette

C’était au Café de Paris à Monte-Carlo et ce soir là, le 31 janvier 1896, j’ai servi le Prince de Galles. C’est un grand honneur qui m’a été fait. Au dessert, le pâtissier-chef avait prévu de lui proposer des crêpes selon la recette de Monsieur Escoffier. C’est moi qui devais les réchauffer en salle et les imbiber d’un mélange subtil de curaçao et de liqueur de mandarine.
Que m’est-il arrivé ? L’émotion, le trac, la fatigue ? Toujours est-il que j’ai penché un peu trop la poêle et que la liqueur s’est enflammée. Mon chef de rang, bien que pris au dépourvu, s’empara de la poêle et continua le flambage.

Le Prince semblait aux anges, ce qui devrait m’éviter tout reproche. Il m’appela pendant que l’alcool finissait de brûler et me demanda le nom de cette recette.
Je lui répondis qu’elle avait été créée spécialement pour lui et qu’elle porterait son nom. Mais le Prince de Galles qui était en charmante compagnie, décida de la dédier à la belle. Elle se prénommait Suzette. Voilà, vous savez tout…

C’est ainsi qu’Henri Charpentier qui fut le cuisinier des Rockefeller, racontait son aventure.

Personne n’est jamais venu le contredire jusqu’à sa mort en 1961. Et pourtant, on peut douter que cette belle histoire soit vraie.

En effet, en 1896, H.Charpentier était âgé de 16 ans. On imagine mal qu’une maison de cette notoriété, recevant un client aussi prestigieux, ait confié le service à un serveur aussi jeune. De plus, Léon Daudet rapporte qu’un restaurant parisien avait à sa carte une recette portant ce nom depuis plusieurs années…

Par contre, en véhiculant ces souvenirs aux Etats-Unis, il en fit un des desserts les plus populaires de la bourgeoisie et des hommes d’affaires.

Mona pas de dessert à son nom… alors inventez en un. Envoyez moi vos recettes, merci d’avance.