Une sacrée vie d’ange…

Louis XIV en famille

Dans ses Mémoires, Saint-Simon parle assez souvent d’un meuble très intime pour nous mais qui l’était peu du temps de Louis XIV. En effet, si les chaises percées étaient rares tant au Louvre qu’à Versailles, Louis XIV lorsqu’il se posait sur ce « trône peu royal » mais si utile, continuait à recevoir. On imagine les odeurs et bruits divers qui pouvaient accompagner les entretiens.
Mais selon le mémorialiste celui qui était le moins gêné sur sa chaise d’aisance, était le duc de Vendôme. Ce soldat avait de grandes qualités, notamment une bravoure à toute épreuve, mais était d’une saleté répugnante. 

Le duc de Vendôme se levait assez tard à l’armée, se mettait sur sa chaise percée, y faisait ses lettres et y donnait ses ordres du matin. Qui avait affaire à lui, c’est-à-dire pour les officiers généraux et les gens distingués, c’était le temps de lui parler. Il avait accoutumé l’armée à cette infamie. Là, il déjeunait à fond et souvent avec deux ou trois familiers, rendait d’autant, soit en mangeant, soit en écoutant ou en donnant ses ordres, et toujours force spectateurs debout. Il rendait beaucoup; quand le bassin était plein à répandre, on le tirait et on le passait sous le nez de toute la compagnie pour l’aller vider, et souvent plus d’une fois. Les jours de barbe, le même bassin dans lequel il venait de se soulager servait à lui faire la barbe. 

Bon, Mona, çà n’encourage pas à se raser ce matin, mais çà ne coupe pas la soif ! Aussi, dégustons ce vin de Graves. Le Château Haut-Selve 2007, bien qu’encore un peu marqué par le bois, pourra accompagner un carré d’agneau ou un magret. 

Pet des braves

Les mémoires de Saint-Simon sont une source inépuisable d’anecdotes sur le règne de Louis XIV. Aujourd’hui, laissez-vous aller en lisant cette présentation d’une femme dans le vent.

Le duc de Montfort[1], fils aîné du duc de Chevreuse, épousa la fille unique de Dangeau. Elle passe pour très riche, mais aussi pour ne pas retenir ses vents, dont on fit force de plaisanteries.

On peut penser que la chanson qui a été composée au temps de la monarchie de Versailles a été inspirée par cette jeune femme. Pour le plaisir, je vous en livre quelques couplets

Or, je m’en vais vous conter
L’histoire amoureuse
D’une agréable beauté,
D’une précieuse.

En dansant le menuet,
A la révérence,
Sous sa jupe un petit pet
Partit en cadence.

L’amant qu’avait le nez fin
Sentit bien la honte,
Et galamment prit soudain
Le pet, sur son compte.

La demoiselle, à l’instant,
Lui dit, d’un air tendre:
«D’un procédé si touchant,
L’on peut tout attendre!»

Or, il résulta du fait
Un doux mariage.
Combien voudraient pour un pet
Entrer en ménage!

Donc, écoutez cet avis,
Gentille fillette:
Si vous voulez des maris,
Sonnez la trompette.

C’est y pas mignon !

Mona pas d’embarras gastriques. Et vous ?


[1]  Honoré-Charles duc de Montfort (1669-1704)