ah, Tristan

Tristan Bernard fut un des écrivains les plus drôles de la fin des années 1880 à 1947 et ce non seulement dans ses écrits mais également dans sa vie ce qui le priva notamment d’entrer à l’Académie Française. Sacha Guitry relate sa candidature :
« Lorsque Tristan Bernard s’est présenté à l’Académie Française, cette candidature a été accueillie dans le monde des lettres et par le public avec la plus charmante sympathie – mais peu de gens l’ont prise au sérieux. Il obtint deux voix sur trente-neuf votants et personne ne s’en étonna. Non. Personne ne fut surpris ni qu’il n’eût que deux voix, ni qu’il eût deux voix. Pourquoi trouve-t-on cela naturel ? Parce que Tristan Bernard est un auteur gai, dont on dit qu’il est humoriste. »

Un journaliste lui demanda s’il espérait être élu un jour. Il répondit :
« Le costume est très cher, mais il parait qu’on revend les costumes des défunts. J’attendrai qu’il en meure un de ma taille. »

Durant l’occupation, il disait :
 » Comme c’est triste d’avoir si peu d’occupation dans un pays si occupé. »
Mais d’origine juive, il fut arrêté et transféré à Drancy, ce qui ne le priva pas d’un bon mot.
De quoi as-tu besoin ?, lui demanda-t-on au moment du départ.
D’un cache-nez.
L’intervention de Sacha Guitry et d’Arletty lui rendit heureusement sa liberté.

Mona beaucoup ri en relisant : « La Vénus callipyge avait un bel avenir derrière elle. »

Ovaire et contre tous

Il est des lectures qui révèlent des vocations. Ainsi, je suis persuadée que c’est en lisant les « Œuvres Médico-Chirurgicales contenant des Observations et Dissertations, sur diverses parties de la Médecine et de la Chirurgie, par B. Collomb, ancien Professeur au Collège de Chirurgie, membre de la ci-devant Académie des Sciences Belles-Lettres et Arts de Lyon » que Cyprien a du se diriger vers la gynécologie :

1798 – Madame Ballet, femme d’un agent de change de Lyon, âgée d’environ 48 ans, ayant toujours joui d’une bonne santé, quoiqu’avec un excessif embonpoint, fut attaquée de coliques dans le bas-ventre pendant toute une nuit, et le lendemain dans la matinée, les coliques continuant encore, on me fit appeler pour la voir.
Elle venait d’accoucher , lorsque je me rendis chez elle ; aussi surprise de cet événement que les assistants , elle m’assura qu’elle n’avait eu aucuns symptômes de grossesse , ni senti les mouvements de l’enfant qu’elle portait ; elle m’ajouta : certainement je ne pouvais pas me douter d’être enceinte, ayant perdu entièrement mes règles, il y a 22 ans, immédiatement après un troisième accouchement, sans avoir éprouvé dans ce long espace de temps, aucunes incommodités relatives à cette suppression.L’enfant né de cet accouchement imprévu n’avait pas l’accroissement ordinaire, il était maigre, sa voix faible, et il périt peu de jours après sa naissance : comme font les fruits qui ont langui sur plante, qui se dessèchent et tombent par le défaut de la sève.

Mona trouvé sa vocation en lisant « la dernière des piqures »

Vous avez un peu de Monet ?

En 1915, Sacha Guitry présentait au Théâtre des Variétés un film muet de 22 mn intitulé « Ceux de chez nous« . Le titre a été choisi pour répondre à un manifeste allemand vantant la culture germanique. Le jeune cinéaste y présente des images d’Auguste Rodin, Maître Henri-Robert, Claude Monet, André Antoine, Camille Saint-Saëns, Edgar Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Octave Mirbeau

En 1939, puis dans sa version définitive de 1952, ce film  fut sonorisé et Guitry y ajouta des images de son père.

Mais, en pleine exposition « Monet », je m’attarderai sur l’extrait consacré au peintre de génie. Sacha Guitry y raconte que Clémenceau, son grand ami,  appelé au chevet du mourant, quitta en toute hâte sa Vendée pour rejoindre Giverny. Il arriva juste à temps pour embrasser son vieil ami… C’était le 5 décembre 1926.

Il assista à la mise en bière et quand l’homme des pompes funèbres voulut recouvrir le cercueil de Monet du voile noir traditionnel, Clémenceau le lui prit des mains : « Non, dit-il », et ayant regardé tout autour de lui, il alla à la fenêtre, arracha l’un des rideaux de toile fleurie, et lui-même, il en recouvrit le cercueil du grand peintre en disant à mi-voix : « Pas de noir pour Monet ! Le noir ce n’est pas une couleur ! ».

Existe-t-il plus bel hommage ? Mona pas sure !

Claude Monet

Pompe Afrique

En Europe, depuis Jean de La Fontaine, on sait que Perrette lorsqu’elle va au marché avec son pot de lait sur la tête, passe son temps à tirer des plans sur la comète et finit par casser le pot. Et lorsqu’elle revient chez elle, elle craint d’être battue par son mari. En Afrique, les choses semblent se passer autrement selon Mamadou Khânto, auteur de ce poème :

chaponbresse3Une fermière du Rwanda,
Qui était Hutu de surcroît,
Quitte sa case et sa smala
Pour le marché de Kampala.
Elle veut honorer sa tribu
D’un beau chapon gras et dodu.
Mais elle était peu fortunée,
Et le marchand Tutsi, rusé,
Refusa de baisser le prix
Du chapon par elle choisi.
Me le donnerais-tu,
Dit la cliente Hutu,
Contre une gâterie
Sur ton beau bengali ?
A voir, dit le vendeur,
De cette gâterie quelle serait la valeur ?
Vaudrait elle un chapon ?
Il m’en faudrait la preuve pour de bon.
Aussitôt la bougresse s’enfouit sous le boubou,
Et vite fait jaillir la sève du bambou.
J’ai gagné le chapon, s’exclame l’innocente,
La bouche encore pleine du produit de la vente.
Que nenni’ lui répond le volailler acerbe
Tout comme la figure, le chapon tu as perdu
Car comme le dit notre si beau proverbe :
Turlute Hutu,
Chapon point eu.

Mona pas oublié le drame du Rwanda : c’était en avril 1994

Hymen, c’est vache

Sallentin a publié au début des années 1800 une série de recueils au titre curieux : l’Improvisateur Français. Ces ouvrages ressemblent à un dictionnaire mais agrémenté de nombre d’anecdotes. Au mot « coucher« , on peut lire :

« Nous ne pouvons vendre que ce qui nous appartient.
Autrefois les curés de Picardie prétendaient que les nouveaux mariés ne pouvaient pas, sans leur permission, coucher ensemble les trois premières nuits de leurs noces. Il intervint arrêt le 19 mars 1409, portant défense à l’évêque d’Amiens et aux curés de ladite ville, de prendre ni exiger aucun argent des nouveaux mariés pour leur permettre de coucher avec leurs femmes la première, la seconde et la troisième nuit de leurs noces. Il fut dit que chacun desdits habitants pourrait coucher avec son épouse sans la permission de l’évêque et de ses officiers. »

Un peu plus loin, au mot « cul, culage » on peut lire :

jeunes-maries– Les femmes, à qui la mode a de tout temps tourné la tête, portaient il y a vingt ans des culs postiches; elles en portaient il y a 200 ans, et davantage. Henri Etienne dit que de son temps, environ l’an 1680, quand une dame demandait son bourrelet pour sortir, elle disait : apportez-moi mon cul, et que quelquefois on criait : on ne trouve point le cul de madame ; le cul de madame est perdu.

– Culagium en latin, en français couillage ou culage, étaient des termes dont on se servait autrefois pour exprimer le droit que s’étaient attribué les seigneurs, et qui les autorisait à jouir, le jour de l’hyménée, des prémices du mariage avec toutes les filles qui habitaient sur leur territoire. Ce droit, quoique fort agréable pour l’ordinaire, était fort embarrassant pour les vieux seigneurs, pour les vieux prélats, et quelquefois même pour les jeunes quand le pays était passablement peuplé. Ils imaginèrent donc de donner aux maris la licence de se racheter du droit de culage, et comme l’argent était rare, les seigneurs n’en exigèrent pas. Ils se contentèrent du paiement d’un impôt en nature, tel que blé, vin, cidre ou bestiaux, selon les productions du sol. Du reste, nul ne pouvait coucher avec sa femme s’il n’eût payé ce droit. Alors le seigneur se contentait de mettre une cuisse nue dans le lit de la mariée, ce qu’on appelait prendre le droit de cuissage ou culage. Même les filles de nobles n’en étaient pas dispensées. Mais il paraît qu’il vint un temps où elles purent s’en racheter par le don d’une vache.

Voltaire s’est insurgé contre cette ancienne pratique :

Les jeunes fiancées donnaient donc sans résistance la première nuit de leurs noces au seigneur châtelain.
On prétend que cette jurisprudence commença en Ecosse ; je le croirais volontiers : les seigneurs écossais avaient un pouvoir encore plus absolu sur leurs clans, que les barons allemands et français sur leurs sujets.
Il est indubitable que des abbés, des évêques s’attribuèrent cette prérogative en qualité de seigneurs temporels : et il n’y a pas bien longtemps que des prélats se sont désistés de cet ancien privilège pour des redevances en argent, auxquelles ils avaient autant de droit qu’aux pucelages des filles.
Mais remarquons bien que cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique. Si un seigneur ou un prélat avait assigné pardevant un tribunal réglé une fille fiancée à un de ses vassaux, pour venir lui payer sa redevance , il eût perdu sans doute sa cause avec dépens.

Mona, çà me rappelle cette vieille blague :
Qui grossit le plus en une nuit ? Vous ne savez pas ? Votre langue au chat ?
C’est la femme ; car son mari lui dit le soir : « tu viens ma petite puce » et le matin : « tu te lèves, grosse vache« … Oui, je sais c’est déplacé, gamin et tout. Mais enfin, il y encore quelques temps, il fallait avoir au moins une vache pour passer sa nuit de noce. J’ai rien inventé.
Bon allez, on boit un coup ? Et pas du lait. Moi je boirai du lait uniquement quand les vaches mangeront du raisin. Mais une simple Clairette de Die authentique fera l’affaire. Le plaisir du muscat avec des bulles. C’est léger, léger… Et avec ce morceau de tarte que vous avez faite, le pied !!

Y’a pas que des gens bons

Eugène Riffault fut un écrivain gastronome qui a laissé un ouvrage régulièrement réédité : Paris à Table. C’est de ce livre qu’est extrait cette anecdote.

pig-t16123En 1830, M. Harel était directeur de l’Odéon. Il habitait le même immeuble que l’actrice Mademoiselle Georges, et que Jules Janin, metteur en scène. Or, chacun des habitants de l’endroit élevait un animal : Janin avait une chèvre; Mlle Georges, un perroquet et M. Harel possédait un cochon, mais le plus aimable cochon qu’on pût voir ; aussi le gentil animal faisait-il les délices de son maître qu’il ne quittait jamais ; il le suivait à table et dans sa chambre à coucher ; c’était un cochon à porter des manchettes.

Un jour, Mademoiselle Georges et Monsieur Janin tinrent conseil ; tous deux admiraient le cochon ; ses grâces enfantines, son grognement mélodieux, sa chair rose sous ses soies blanches, sa forme ronde, appétissante et grassouillette. Il fut décidé qu’un tel animal était, par ses charmes mêmes, destiné au festin; Janin cita plusieurs passages de l’Odyssée, pour prouver que le cochon était, dans les temps héroïques, un manger de demi-dieux : immoler ce cochon, c’était faire un acte méritoire.

Le sacrifice du cochon fut résolu. M. Harel était absent ; on tua la victime.

Le directeur rentra avec un appétit d’enfer ; les répétitions l’avaient affamé. En arrivant au logis commun, il fut surpris de l’air de fête qui régnait dans la maison ; le couvert était mis et avait des attraits qui annonçaient l’intention de plaire.

On se mit à table ; des boudins bouillants et des saucisses dorées sur le gril accompagnaient le bœuf; M. Harel leur fit le meilleur accueil.

Ces mets, qu’il ne quitta qu’à regret, furent suivis par une entrée de ragoût qu’il fêta vigoureusement; une langue à la sauce piquante vint fort à propos pour rendre à son appétit une énergie qui pouvait faiblir. Enfin, un rôt de porc frais, merveilleusement coloré par le feu, fumant, onctueux et brillant, vint mettre le comble à sa félicité; tout était tendre, à miracle.

pieds-de-porc-confitsM. Harel, charmé, se félicitait de l’excellente chère qu’il avait faite, et, dans ses extases, il ne s’aperçut pas des sombres regards que Janin et Mademoiselle Georges échangeaient en dessous. Pour compléter son bonheur, M. Harel demanda, comme saint Antoine, à voir son compagnon chéri…. on hésita…. il eut un affreux soupçon… Une table toute chargée encore des débris de cette viande !… Il poussa un cri de détresse… on lui avoua, en tremblant, qu’il venait de manger son cochon… Il eut un instant d’abattement ; puis il dit avec tranquillité :

«Vraiment, je l’aimais bien ; mais jamais il ne m’a fait autant de plaisir qu’aujourd’hui. »

Bon Mona, c’est l’heure de se faire plaisir comme dirait le Sieur Harel. J’ouvre un flacon de Bergerac de chez Luc de Conti : château tour des gendres 2007. Un apéro blanc et frais aussi bon que vous, ma chère Mona.

Pense pas cocu

On trouve tout sur internet, et notamment cette association « Les Cocus de Garde » : c’est « le service d’entraide pour les cocus qui s’est donné pour mission de soutenir les personnes victimes des mensonges ou des tromperies de celles ou ceux en qui ils avaient confiance. »

Cette association ne risque pas le désœuvrement, car le cocuage est surement né avec le mariage. Aussi replongeons-nous dans l’histoire pour relever quelques anecdotes sur ce sujet :

CharlesJoseph_de_Ligne

Le prince Charles-Joseph de Ligne (Bruxelles 1735 – Vienne 1814) est un maréchal, diplomate et homme de lettres belge, surnommé parfois « le plus grand des Wallons ». Fréquentant les plus grandes cours d’Europe, il fut bon militaire mais aussi un grand séducteur. Il est considéré comme un des grands mémorialistes du XVIIIe siècle.

Rencontrant un jour,  l’amant de sa femme, il lui dit en riant :
« Mon cher, cette nuit, je vous ai fait cocu »

Dans ses mémoires, on trouve :

« Telle vertueuse que soit une femme, c’est sur sa vertu qu’un compliment lui fait le moins de plaisir. »

********

« Les jeunes cocus sont de bonne humeur, mais les vieux n’entendent pas raillerie. Un cocu de dix-huit ans, dit : ma femme est de mauvais goût d’avoir monsieur un tel, qui ne me vaut pas, et s’en venge ailleurs. Le cocu de soixante craint de n’en pas trouver l’occasion, et est humilié, parce qu’il y a apparence que sa femme a raison. »

ancelot00Virginie Ancelot (Dijon 1792 – Paris 1875) est écrivain, dramaturge, mémorialiste et peintre. Le salon de l’hôtel de La Rochefoucauld où elle a accueilli notamment Alphonse Daudet, Victor Hugo, Juliette Récamier, Musset, Stendhal, Chateaubriand, Lamartine, Vigny, Prosper Mérimée, Delacroix… fut un des derniers grands salons littéraires de Paris. Il était dit que son salon était presque un passage obligé pour l’Académie française. Ce dont profita son mari.

Jacques-François Ancelot (Le Havre 1794 – Paris  1854) est lui aussi un dramaturge et écrivain qui fit fortune grâce à ses œuvres complètement oubliées de nos jours. Après avoir échoué une première fois contre Victor Hugo, excusez du peu, il fut élu le 25 février 1841 à l’Académie Française.

Sachant que son épouse lui était fort infidèle, il lança à la sortie d’une assemblée :
« Bonsoir, Messieurs. Cette nuit, je vais faire trente cocus d’un seul coup, je vais coucher avec ma femme ! ».

Dans Olga, une de ses pièces de théâtre, il glisse : « L’amour n’est souvent qu’un rêve mensonger. »

Sacha Guitry, quant à lui, a écrit nombre de choses sur ce sujet :

amant– J e connaissais une femme très vertueuse. Elle a eu le malheur d’épouser un cocu : depuis, elle couche avec tout le monde.
– Le bonheur à deux, çà dure le temps de compter jusqu’à trois.
– Il y a deux sortes de femmes : celles qui trompent leur mari, et celles qui prétendent le contraire.
– Ce qui m’exaspère, c’est de penser que ce Monsieur sait maintenant de quoi je me contentais.

Mona, saviez vous que cocu vient de l’oiseau « coucou » ? Avez vous remarquer que cocu s’emploie toujours au masculin. Bon c’est pas tout çà, servez-nous une petite douceur, je vous prie, et buvons à la santé de tous les coucous ce Passito di Pantelleria.

L’ivre : deux caisses

A l’heure où nos gouvernants diabolisent le nectar de Bacchus, il est bon et encourageant de lire ces lignes :

venus-et-bacchus
Rubens : Venus, Cupidon et Bacchus

ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire (In Les petits poèmes en prose)


« Ma petite Mona, débouchez donc sans tarder
Ce flacon qui a vécu trop longtemps allongé.
Versez ce divin breuvage dans nos deux calices
Et fuyez cette terre ingrate pour le pays des délices. »

Oh, merde, je fais des vers, il est de temps de boire. Allez vite sortez les verres, je fais péter un Mauzac 2007 de chez Bernard Plageoles, un vin aux arômes très riches, doté d’un merveilleux équilibre en bouche.

P.S : pour voir le tableau de Rubens, cliquez ici

Pet des braves

La tirade du nez de Cyrano sent bon la France. Cette pièce d’Edmond Rostand est un hymne à ce pays qui est le mien. Quand un parolier s’empare de ces vers, il les tire du nez, pour les faire descendre plus bas. Et çà explose comme un feu d’artifesses.
Un grand merci à Christian Kaluc, l’auteur, qui m’a autorisé, avec ces quelques mots, à reproduire le texte que vous allez découvrir :
« Vous pouvez bien évidemment utiliser (comme vous le sentez) cette Tirade des Pets, qui n’a d’autres prétentions que de faire sourire, et de se venger personnellement contre les récitations à apprendre par coeur. Quoique cela permet de découvrir jeune des beaux textes que l’on apprécie plus tard, quand l’école de la vie vous a instruit davantage. »

LA TIRADE DES PETS

Un pet ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire oh! Dieu! Bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, Monsieur, si je vous pète au nez
Il faudrait sur le champ que vous imploriez grâce. »
Amical : « Attention, que tu ne t’asphyxiasses,
J’ai abusé des racines jalap. »
Descriptif : « Pas en toc. Plus qu’un tic. Un handicap.
Que dis-je un handicap! C’est le fracas d’Hercule. »
Curieux : « Feriez vous exploser la capsule
D’un seul coup, Monsieur, vous dirais-je in petto. »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les fayots
Que paternellement, vous vous préoccupâtes
D’en remplir vos boyaux jusqu’à ce qu’ils éclatent ? »
Truculent : » Cà, Monsieur, lorsque vous dégazez
Les vapeurs de l’anus vous montent-elles au nez
Sans qu’un voisin n’appelle : SOS Asphyxié ? »
Prévenant : « Pétez donc, tout ce gaz renfermé
Car sans quoi vous allez décoller du sol ! »
Tendre : « Vous pourriez péter sous un parasol
Afin de soulager vos fesses
En procession à la grand messe,
Tel le curé, sous sa soutane. »
Pédant : « L’animal seul, Monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampemephantocamelos
Par un seul de ses pets, fait vibrer le cosmos. »
Cavalier : « Quoi, l’ami, le prout est à la mode ?
Gavez-vous de Soissons, c’est vraiment très commode. »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, pet magistral
Te contrer tout entier, excepté le Mistra l! »
Dramatique : « Ah ! Que la campagne fut rude
Les éléphants avaient mauvaise haleine
On entendit l’infortunée Ségolène
Déclarer que la puante pétitude
L’agressait comme la teigne. »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quel beigne ! »
Lyrique : « Votre anus ? Une conque, jouant sur tous les tons. »
Naïf : « J’en entends plusieurs, serait-ce un feuilleton ? »
Respectueux : « Souffrez, Monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle chanter du trou du cul ! »
Campagnard : « He arde ! C’est-y-un pet ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant, pas un haricot nain ! »
Militaire : « Pointez contre l’ennemi. »
Prophétique : « Je vous le dis en vérité,
Mes chères sœurs et mes chers frères,
Que celui qui n’a jamais pété
Vous jette la première pierre. »
Pratique : « C’est du gaz entièrement gratuit.
Récupéré, il peut servir de chauffage
D’appoint pour un petit ménage
Assurément, Monsieur, et c’est du plus écolo. »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce pet qui du nez de son maître
A détruit l’odorat! Il en rougit le traître !

Mona, je cherche un vin aromatique, bien entendu ; de la région de Bergerac, cela va sans dire. Nous allons nous régaler avec un vin rare : Château du Rooy 2008. La confidentielle appellation « Rosette » nous offre de bien agréables moelleux sur à peine plus de 10ha…

Un combat sans gland

lysistrata1Ce sont pratiquement toujours les hommes qui déclenchent les guerres. Nous les femmes qui donnons la vie, nous ne sommes pas faites pour la détruire. Pour arrêter un conflit, nous sommes prêtes à tout.

Aristophane avait bien perçu cela et en 411 av. J.-C., il écrit une pièce sur ce sujet. Dans « Lysistrata », il imagine que les femmes se donnent un mot d’ordre efficace : « Pour arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris. »
Alors qu’Athènes et Sparte sont en guerre, Lysistrata, belle Athénienne, aussi rusée qu’audacieuse, convainc les femmes de toutes les cités grecques de déclencher et de poursuivre une grève totale du sexe, jusqu’à ce que les hommes reviennent à la raison et cessent le combat.

LYSISTRATA. – Femmes, mettez toutes la main sur la coupe, et qu’une seule répète en votre nom ce que je vais dire ; vous ferez le même serment, et vous vous obligerez à l’observer : « Aucun amant ni aucun époux… »
MYRRHINE. – « Aucun amant ni aucun époux… »
LYSISTRATA. – Ne pourra m’approcher… Répète.
MYRRHINE. – « Ne pourra m’approcher… »
LYSISTRATA. – Je mènerai chez moi une vie chaste…
MYRRHINE. « Je mènerai chez moi une vie chaste… »
LYSISTRATA. – Vêtue de robe légère, et parée…
MYRRHINE. – « Vêtue de robe légère, et parée… »
LYSISTRATA. – Afin d’exciter les désirs de mon époux.
MYRRHINE. – « Afin d’exciter les désirs de mon époux. »
LYSISTRATA. – Jamais je ne m’y prêterai de bon gré.
MYRRHINE.- « Jamais je ne m’y prêterai de bon gré. »
LYSISTRATA. – Et s’il me prend de force…
MYRRHINE. – « Et s’il me prend de force… »
LYSISTRATA. – Je ne ferai rien que de mauvaise grâce et avec froideur.
MYRRHINE. – « Je ne ferai rien que de mauvaise grâce et avec froideur. »
LYSISTRATA. – Je n’élèverai pas mes pieds au plafond.
MYRRHINE. – « Je n’élèverai pas mes pieds au plafond. »
LYSISTRATA. – Je ne m’accroupirai pas comme la figure de lionne qu’on met sur les manches de couteau.
MYRRHINE. – « Je ne m’accroupirai pas comme la figure de lionne qu’on met sur les manches de couteau. »
LYSISTRATA. – Puissé-je boire de ce vin, si je reste fidèle à mon serment !
MYRRHINE. – « Puissé-je boire de ce vin, si je reste fidèle à mon serment ! »
LYSISTRATA. – Si je l’enfreins, que cette coupe se remplisse d’eau !
MYRRHINE. – « Si je l’enfreins, que cette coupe se remplisse d’eau ! »
LYSISTRATA. – Le jurez-vous toutes ?
CALONICE. – Oui, nous le jurons.

greve-RyderEn politique, l’avis des femmes ne pèse pas lourd et c’est en sachant par où tenir nos hommes que nous pourrons être entendues. Deux mille cinq cents ans plus tard, des femmes kenyanes utilisent le même procédé. Elles espèrent qu’en privant tous les hommes du pays de sexe, ils trouveront plus vite une solution à leurs différends notamment au sommet de l’Etat. Pour avoir plus de chance de les mettre au pas leurs mâles en rut, elles ont même prévu un dédommagement pour les prostituées. Les Kenyanes n’oublient pas qu’en 2007, un conflit au niveau du gouvernement avait fait plus de 1.500 morts.

La grève qui a eu lieu en mai 2009 a atteint son objectif : le président et le premier ministre, qui ne se parlaient pas depuis des mois, se sont rencontrés trois fois…

Comme quoi, les hommes privés de « zigounette » retrouvent l’usage de leur cerveau.

Mona paisée par vous…