Un mot passant

Guy de Maupassant fut un grand écrivain certes, mais il avait un appétit sexuel hors du commun. Il se vantait de pouvoir accomplir jusqu’à vingt étreintes en une seule nuit.  Il fit même constater ses performances devant un huissier. Fier, il se plaisait à présenter Casanova comme un petit joueur, il le nommait d’ailleurs Monsieur six fois.
«Je voudrais avoir mille bras, mille lèvres et… mille tempéraments pour pouvoir étreindre en même temps une armée de ces êtres charmants et sans importance».
Guy de Maupassant est mort à 43 ans de la syphilis qu’il avait contractée à 27 ans…

Je vous propose un poème libertin où l’écrivain exprime sa passion des femmes qu’il aime « collectionner ». 

Désirs

Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes,
De monter dans l’espace en poussant de grands cris,
De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.

D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés.

Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle :
Je voudrais être beau comme les anciens dieux,
Et qu’il restât aux cœurs une flamme éternelle
Au lointain souvenir de mon corps radieux. 

Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,
Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ;
Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage,
Comme on cueille des fruits en étendant la main.

Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;
Ces arômes divers nous les rendent plus doux.
J’aimerais promener mes caresses errantes
Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.

J’adorerais surtout les rencontres des rues,
Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,
Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues,
Les baisers échangés au seul gré du hasard.

Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune
Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ;
Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas
La blonde dont le front s’argente au clair de lune.

Puis, sans un trouble au cœur, sans un regret mordant,
Partir d’un pied léger vers une autre chimère.
– Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :
On trouverait au fond une saveur amère.

Mona, que c’est beau. Allez, je vous propose de boire un coup à la beauté féminine. Buvons un poiré authentique d’Eric Bordelet. Un cidre de poires fabuleux : on croque le fruit. Et puis à peine 4° d’alcool c’est bien pour ne pas vous saouler.