Sucettes à l’anis…

anis-vert-682x1024sucette(4)De nombreuses légendes entourent la fabrication des bonbons anciens. L’origine de « l’anis de Flavigny  » (Côte d’Or) remonte loin dans le temps : c’est en effet à Jules César lui-même que l’on devrait l’introduction de l’anis en Bourgogne lors du siège d’Alésia. Les médecins romains lui attribuaient de nombreuses vertus thérapeutiques. Ils exigeaient qu’on en plante à proximité des garnisons. Pline l’Ancien le recommande même contre les piqures de scorpion. Frais ou sec, il est recherché dans tous les assaisonnements, dans toutes les sauces. On en saupoudre la croûte du pain, on le met aussi dans les chausses à filtrer le vin, avec des amandes amères, il lui donne de l’agrément. Il donne une haleine plus douce en ôtant les mauvaises odeurs de la bouche… Il garde le visage plus jeune. Mis sous l’oreiller de façon à le respirer en dormant, il chasse les mauvais songes. Il donne de l’appétit. Il est excellent carminatif, aussi remédie-t-il aux gonflements d’estomac. Il arrête le hoquet, et les feuilles bouillies font passer les indigestions. Il est diurétique, calme la soif, il est aphrodisiaque avec le vin et il provoque une douce sueur… » Une véritable potion magique contre les Gaulois !

Aussi, il n’est pas étonnant de trouver mention de l’anis de Flavigny dans un document datant de 872. Celui-ci fait état d’un don de trois livres d’anis par les moines bénédictins de Flavigny au Pape Jean VIII. Ce cadeau d’adieu marquait le départ du Souverain Pontife, qui venait d’effectuer un séjour de trois semaines à l’abbaye, avec une suite de dix-huit évêques. Mais s’agit-il déjà d’anis confit ? La question reste entière. Qui dit confisage dit sucre, or le sucre était inconnu en Europe à cette époque. Savait-on confire avec le miel. ? On peut l’envisager, mais la recette est à jamais perdue.

anis-flavigny1Il faut attendre le XVIIe siècle pour que l’on reparle de l’anis de Flavigny. L’abbaye est alors occupée par des sœurs ursulines. Sous la direction de la mère supérieure, la révérende mère Claude Jacotot, elles se lancent dans la fabrication d’anis confit. D’où tiennent-elles cette recette qui consiste à enrober de sucre une graine d’anis puis à la parfumer à l’eau de fleur d’oranger ? Des habitants du village? Des moines bénédictins? Nul ne sait. Il faut encore une fois avoir recours à la légende qui dit que, non loin de là, l’eau de fleur d’oranger jaillissait naturellement d’une fontaine proche. Les bonnes sœurs y puisèrent sans doute l’inspiration.

Une chose est sûre, la fabrication de l’anis confit à cette époque n’est pas une mince affaire. Pour réaliser ce bonbon, il faut compter six mois de travail, pendant lesquels se succèdent des phases d’enrobage à la main et de séchage. On comprend mieux que sucer des bonbons soit le privilège des nobles et des riches bourgeois.

Après la Révolution, cinq fabriques confectionnent alors les célèbres petites billes anisées sous des marques aux consonances bucoliques : « A la Belle Marraine », « A la Source ». Elles se regroupent sous une seule marque après la Première Guerre Mondiale : « Au Galant Berger ». C’est ce berger qui continue à conter fleurette à sa belle bergère sur les boîtes d’anis de Flavigny. L’usine est toujours située au cœur de l’ancienne abbaye.

La recette est toujours la même. Et malgré le temps, la fabrication est encore de quinze jours. La prochaine fois, je les sucerai plus lentement….

Mona nis, c’est vous