Il prend Racine

Racine avec son amie boit l'eau

Ici repose le corps de messire Jean Racine, trésorier de France, secrétaire du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, et un des quarante de l’Académie française, qui, après avoir longtemps charmé la France par ses excellentes poésies profanes, consacra ses muscs à Dieu, et les employa uniquement à louer le seul objet digne de louange. Les raisons indispensables qui l’attachaient a la cour l’empêchèrent de quitter le monde ; mais elles ne l’empêchèrent pas de s’acquitter, au milieu du monde, de tous les devoirs de la piété et de la religion. Il fut choisi avec un de ses amis, par le Roi Louis-le-Grand, pour rassembler en un corps d’histoire les merveilles de son règne, et il était occupé à ce grand ouvrage, lorsque tout-à-coup,  il fut attaqué d’une longue et cruelle maladie, qui à la fin l’enleva de ce séjour de misères, en sa cinquante-neuvième année. Bien qu’il eût extrêmement redouté la mort lorsqu’elle était encore loin de lui, il la vit de près sans s’en étonner, et mourut beaucoup plus rempli d’espérance que de crainte, dans une entière résignation à la volonté de Dieu. Sa perte toucha sensiblement ses amis, entre lesquels il pouvait compter les premières personnes du royaume, et il fut regretté du roi même. Son humilité et l’affection particulière qu’il eut toujours pour cette maison de Port-Royal des champs lui firent souhaiter d’être enterré sans aucune pompe dans ce cimetière, avec les serviteurs de Dieu qui y reposent, et auprès desquels il a été mis, selon qu’il l’avait ordonné par son testament. O toi! qui que tu sois, que la piété attire en ce saint lieu, plains dans un si excellent homme la triste destinée de tous les mortels; et quelque grande idée que puisse te donner de lui sa réputation, souviens-toi que ce sont des prières, et non pas de vains éloges, qu’il te demande.

Cette épitaphe de la main de Boileau était sur la tombe du grand écrivain à l’abbaye de Port-Royal où Racine avait demandé à être enterré. Le dramaturge était mort le 21 avril 1699. Mais après la destruction de Port-Royal, le 2 décembre 1711, son corps fut transporté en l’église de Saint Etienne du Mont à Paris et fut inhumé auprès de la tombe de Blaise Pascal.

Jean Racine et Nicolas Boileau furent les meilleurs amis du monde et ce depuis l’âge de 17 ou 18 ans. Ils partageaient leurs moments de bonheur comme leurs chagrins. En un mot, ils étaient inséparables. Sentant sa fin proche, Racine fit ses adieux à Boileau en l’embrassant les yeux baignés de larmes. Il lui dit simplement : « Je regarde comme un bonheur pour moi de mourir avant vous. »

Mona pleuré en lisant çà…. Et vous ?