Travaux forceps

patiente chez son obstétricien

Pendant de nombreux siècles, les sages-femmes étaient les seules à intervenir lors des accouchements. Pour des raisons morales, l’intervention d’un homme même chirurgien-barbier n’était pas souhaitable. Il faut attendre 1573 pour qu’Ambroise Paré écrive un ouvrage sur les accouchements. En 1650, deux accoucheurs avaient la côte auprès de la Cour; ils avaient  pour nom « de la Cuisse » et « Bouchet » (çà ne s’invente pas).

En 1696, un allemand vante la qualité des chirurgiens français en matière d’obstétrique. Il constate qu’ils ont plus souvent l’occasion que leurs collègues européens de pratiquer car « même les jeunes mariées, mettant de coté, toute honte, se laissent voir et manipuler par les chirurgiens, et que les femmes appartenant à toutes les classes souhaitent leur assistance lorsqu’elles sont prêtes d’accoucher. Il en est tout autrement chez les autres nations« .

Si le choix des chirurgiens s’est imposé en France, des questions continuent à agiter les « précieuses ridicules ». Ainsi le chirurgien doit-il être mal propre ou pour le moins fort négligé, porter une longue barbe sale afin de ne pas donner aucune jalousie aux maris qui l’envoient quérir pour secourir leurs épouses ?

Pierre Donis, célèbre accoucheur du temps de Louis XIV est formel :

« Celui qui embrasse les accouchements doit être bien fait de sa personne, n’ayant aucun défaut corporel ni rien de choquant dans son visage. Il faut qu’il soit fait de manière qu’une femme puisse se mettre entre ses mains sans aucune répugnance. Il ne doit être ni trop jeune, ni trop vieux ; il faut qu’il soit dans la vigueur de son âge et qu’il ait de la force pour pouvoir faire un accouchement laborieux, qui le met quelquefois tout en sueur. »

Mona choisi : elle préfère le plus beau. Et vous ?

Deux tonnes de tendresse

Ma Chère Mona, vous allez penser que je me suis pris de passion pour le règne animal. Je dois dire que votre article sur l’histoire de Zarafa m’a inspiré. Et après la girafe, l’orang-outan, place au rhino.

En mars 1749, sous le règne de Louis XV, un capitaine hollandais débarqua à Paris avec un énorme rhinocéros qui déplaça les foules. Le pachyderme qu’on n’avait encore jamais vu en France, fut conduit deux fois à Versailles. Le Roi voulut même acheter l’animal, mais il recula devant les 100.000 écus qu’en demanda son propriétaire. Néanmoins, une mode fut lancée, des « coiffures à la rhinocéros » apparurent, nombre d’écrits furent publiés. Ainsi dans un courrier adressé à Diderot, Frédéric-Melchior Grimm écrit :

On prétend qu’il pèse cinq mille livres. Pour le transporter par terre, on utilise une voiture ouverte trainée par vingt chevaux (la fameuse auto-rhino – ndlr qu’a peur de rien). Il mange par jour jusqu’à  soixante livres de pain et il boit quatorze seaux d’eau. Il aime tout, excepté la viande et le poisson.

Les femmes raffolaient de cet animal qui unissait, disait-on, à sa force prodigieuse une extrême douceur de caractère et qui léchait avec une langue douce comme du velours. Mona, ne voyez pas de moquerie de ma part à l’encontre de la gente féminine, mais, vos collègues du XVIIIème siècle n’étaient pas nettes et légèrement obsédées. Qu’en pensez vous ?

En novembre, le vaisseau qui transportait la bête de Rome à Naples fit naufrage et la mer engloutit l’animal avec tout l’argent qu’il avait fait gagner à son maître…

Ma chère Mona, vous allez voir l’à propos. Figurez vous que le Domaine de la Spinetta[1] propose un magnifique Barbaresco dont l’étiquette est ornée d’un magnifique rhinocéros. Ce magnifique vin issu du cépage Nebbiolo est un très grand vin. Ce sera pour nous l’occasion de rendre hommage à tous ces hommes qui les premiers ramenèrent pour la première fois ces animaux qui sont pourtant beaucoup plus beaux dans leur élément. Santé, Mona…


[1] Domaine viticole du Piémont (Italie)