De paire en filtre

Je t'avais demandé de l'urine de mule, grosse vache !

La hantise d’une Reine, c’était de ne pas donner d’héritier à son royal époux. Pour mettre toutes les chances de leur coté, les Reines utilisaient des aphrodisiaques, des filtres d’amour, des décoctions étranges. Catherine de Médicis dut attendre dix ans avant d’être enceinte et la menace de la répudiation planait sur sa tête. Aussi, elle fit appel à un des ses alchimistes qui concocta un mélange pour assurer sa fécondité.

 « Elle se coucha et se mit sur le ventre, au-dessus du nombril, une espèce de cataplasme étrange, composé de vers de terre, de pervenche en poudre, de corne de cerf pulvérisée, de fiente de vache et de lait de jument. Après quoi, à tout hasard, et parce qu’on lui avait recommandé également ce second procédé propre à la fécondité, elle but un grand verre d’urine de mule… »

Je ne sais pas si c’est çà qui donna un héritier à la France. Mais ce qui est certain, c’est qu’il fallait que son Henri aime les odeurs fortes pour partager sa couche.

Mona pas trouvé de pervenche en poudre mais elle a vu une pervenche déguisée en aubergine.

Ok. Nous pigeons

Les pigeons voyageurs sont  des volatiles étonnants. Les colombophiles les transportent en un lieu inconnu, loin du nid qui les a vus naître. Lâchés, ils retournent vers leur pigeonnier sans même brancher leur GPS ou consulter leur carte Michelin. De temps à autre, il y a des ratés.  Ainsi en juin 1953, un pigeon, futur champion espéré, est largué dans la campagne anglaise pour un simple vol d’entrainement à quelques miles de sa base. Le colombidé est attendu dans la soirée. Les heures passent, l’oiseau ne rentre pas. Mais il est dit qu’un pigeon retrouve toujours son domicile. Onze années plus tard, le facteur amène un colis en provenance d’Amazonie. Il contient la dépouille de l’oiseau. Avec cet humour tout britannique, le sujet de sa majesté, en voyant la corps sans vie de son animal dit : « De toute façon, j’avais fait une croix dessus. »

Et parfois, çà tourne au fiasco. Lors d’une course, toujours en Angleterre, 6748 pigeons sont lâchés. Moins de 2400 rejoindront leur port d’attache. Diverses hypothèses furent élaborées : pourquoi pas un tir nourri en provenance d’un groupe de chasseurs en quête d’un salmis de palombes ? Mais compte tenu de la vitesse de vol des pigeons, il fut calculé qu’il aurait fallu un rassemblement de plus de 400 chasseurs particulièrement rapides et habiles au tir. Peu vraisemblable. Un naturaliste de renom pense que les volatiles, lassés du climat pluvieux des Iles Britanniques, ont pris la poudre d’escampette et ont rejoint les côtes ensoleillées du sud de la France.

Comme quoi, les pigeons, faut pas les prendre pour des pigeons.

Bon Mona, un vin de soleil, çà vous fera rester au bureau ? Je vous propose les Armières 2007 du Domaine de Garance. Un vin magnifique…

Une haye de champignons

Ah, vous allez dire, çà faisait longtemps que le vieil acariâtre ou sa souris n’avaient pas poussé une soufflante contre notre société moderne de consommation. C’est vrai. Mais aujourd’hui, moi, Mona, je voudrais attirer votre attention sur un produit dont le nom à lui seul évoque la douce France, le bon goût, la cuisine du dimanche. Je parle bien entendu du Champignon de Paris.

Il y a encore 15 ans, notre beau pays était le premier producteur au monde de ce champignon simple d’emploi, présent en toutes saisons. Il y a plus de 400 ans qu’Olivier de Serres (prémonitoire ?) avait décrit la culture en sous-sol.

Il y a 20 ans environ, les Hollandais sont venir voir nos champignonnières. Et ils ont créé des usines à champignons. D’une part, le champignon pousse en 13 jours dans ces hangars seulement contre plus de 100 jours dans les carrières. De plus pour répondre à une demande des con-sommateurs, ils ont abandonné la couleur marron-blonde d’origine du champignon pour un blanc immaculé mais ayant moins de goût. En produisant en grandes quantités, ils ont fait baisser les prix de revient et ont tué la filière française traditionnelle. Et ce d’autant plus que les Hollandais exploitent une main d’œuvre polonaise corvéable 7 jours sur 7 et payée peu chère et à l’heure… Et avec çà, ils sont devenus les 1ers producteurs européens et déversent leur camelote dans nos grandes surfaces sans que les prix aient baissé pour les pauvres con-sommateurs que nous sommes.

Alors, avec Lépicurien, nous appelons à boycotter les FAUX CHAMPIGNONS DE PARIS made in Holland ou made in China. Ce pays est devenu le premier producteur mondial…

Pour que Paris reste Paris, mangez du champignon de Paris Français.

Mona-ppelle à cuisiner français. Qu’on se le dise !

Coté Cour

Dans les années 1920, Sacha Guitry jouait la comédie à Londres. A l’entracte, George V vint dans sa loge pour le féliciter. Ils engagèrent une conversation sur le métier d’acteur qui s’éternisa. Le régisseur du théâtre était venu frapper à plusieurs reprises et le plus discrètement possible à la porte de la loge. Mais aucune réponse. Le temps passe. Le public commence à s’impatienter et un léger brouhaha s’installe dans la salle. 

Le régisseur ne peut laisser les choses en l’état et bien qu’il soit difficile pour un sujet britannique d’escagasser son Souverain, il prend son courage à deux mains, il frappe plus fort. Sacha Guitry, grand bavard et flatté de voir le Roi lui poser foule de questions sur son métier se dit qu’il va devoir interrompre cette conversation pour entamer l’acte suivant. 

Aussi pour ne pas froisser George V, il dit :

-« Sire, je crois qu’il va falloir que je rentre en scène. On m’a averti que Sa Majesté sera dans la salle. »

Bon Mona, c’était l’Entente Cordiale. Aussi, c’est de bon coeur que je vous propose de goûter un vin du Domaine Serre de Condorcet. A base de Roussane, c’est un grand vin blanc qui se marie sur de jolis plats nobles comme du homard ou des filets de sole à la crème. Un vin royal !

Un temps plouc-vieux

N'en jetez plou

Pendant la première guerre mondiale, les hommes de toutes les régions de France furent mobilisés. Pour nombre d’entre eux, c’était la première fois qu’ils quittaient leur terre d’origine et se frottaient à leurs compatriotes d’autres régions.

La Bretagne a donné nombre de ses enfants. Pour la plupart, paysans, ils débarquaient vêtus de blouse et chaussés de sabots, parlant peu français[1]. Quand on leur demandait leur commune d’origine, l’un disait  de Plouagat; un autre disait de Plouaret, un autre de Plouarzel, … ou de Plouasne, Plouay, Ploubalay, Ploubazlanec, Ploubezre, Ploudalmezeau, Ploudaniel, Ploudiry, Plouec-Du-Trieux, Plouedern, Plouegat-Guerand, Plouegat-Moysan, Plouenan, Plouer-Sur-Rance, Plouescat, Plouezec, Plouezoc’h, Ploufragan, Plougar, Plougasnou, Plougastel-Daoulas, Plougonvelin, Plougonven, Plougonver, Plougoulm, Plougoumelen, Plougourvest, Plougras, Plougrescant, Plouguenast, Plouguerneau, Plouguernevel, Plouguiel, Plouguin, Plouha, Plouharnel, Plouhinec, Plouhinec, Plouider, Plouigneau, Plouisy, Ploulec’h, Ploumagoar, Ploumilliau, Ploumoguer, Plouneour-Menez, Plouneour-Trez, Plounerin, Plouneventer, Plounevez-Lochrist, Plounevez-Moedec, Plounevez-Quintin, Plounevezel, Plourac’h, Plouray, Plourhan, Plourin, Plourin-Les-Morlaix, Plourivo, Plouvara, Plouvien, Plouvorn, Plouye, Plouzane, Plouzelambre, Plouzevede.

– Oh, mais ils vont nous embrouiller, ces gars là, dit un gradé. Bon à partir de maintenant, on dira les ploucs. C’est clair pour tout le monde.

Les ploucs bretons étaient nés. Si j’ai oublié une commune « plou », faîtes le savoir…

Mona plou de coiffe pour aller danser !


[1] On disait qu’ils baragouinaient, mot venant peut-être du breton bara (pain) et gwin (vin)

Chemin faisant : Pan, Pan

Mona, tu me rends ma flûte ou on fait pan-pan !!

Fils d’Hermès, Pan était le dieu des pâturages et des troupeaux. Il naquit affublé de membres inférieurs de caprin et des cornes de bélier sur la tête. Lorsque sa mère découvrit cet enfant monstrueux, elle pleura et l’abandonna. Pan grandit dans la forêt. A peine pubère, il passait son temps à courir derrière les nymphes et à les poursuivre de ses ardeurs. Mais il était trop laid pour ses demoiselles : elles fuyaient en criant dès qu’elles le voyaient. On peut dire qu’elles étaient « paniquées » (et c’est tant mieux pour la morale. Ndlr).

Un jour, il réussit à attraper l’une d’elles dont la voix était si exceptionnelle qu’elle rendait tout homme immédiatement amoureux. Ne répondant pas à ses ardeurs, il l’éparpilla sur toute la terre. Elle s’appelait Echo…écho, écho…

Une autre fois, Pan poursuivit la nymphe Syrinx. Ne pouvant traverser une rivière, il était en passe de la rattraper. Mais préférant la mort aux assauts fougueux de Pan, elle supplia les dieux de la sauver. Etant au bord d’un fleuve, ils la transformèrent en roseaux. Arrivant sur les lieux au moment où elle se métamorphosait, en croyant saisir Syrinx, Pan n’attrapa que des tiges. Ses soupirs firent gémir les plantes, produisant un doux son ampli de nostalgie. Pan, désespéré, se saisit de roseaux, les coupa en morceaux de longueurs différentes, les assembla avec de la cire. Pan venait d’inventer un instrument qui devint la flûte de Pan.

C’est beau comme chez Walt Disney ou Gala. C’est bien simple, j’ai écrasé une petite larme. Et vous ?

Mona pas joué de la flute avec vous.

Plastiques : tac

Mona, j'avais dit les plumes... pas le poulet

La crise a du bon. Pendant 50 ans de vaches grasses, nous nous sommes contentés de fabriquer des produits à base de produits pétroliers sans rechercher à les économiser. Ainsi, les plastiques utilisés pour nos voitures, nos ustensiles en tout genre ont largement pompé les réserves d’hydrocarbures.

Depuis le début d’année, des chercheurs ont présenté des plastiques contenant peu ou pas de pétrole. Un savant américain a créé un composite de plastique contenant 50% de plumes de poulets. Un brésilien a exposé un plastique nano-cellulosique composé de fibres végétales. Ces fibres d’ananas et de bananier bien que très légères, sont aussi résistantes que du Kevlar. Voilà un bon moyen d’économie tant pour la matière première utilisée que pour le poids des voitures, avions… et leur consommation.

Mona, je me refuse à boire un vin dans une bouteille plastique. Mona, passez moi un tire-bouchon, je vous prie. Je vais déboucher un vieux vin : Château Larruau 1986. Bien qu’ayant passé les 25 ans, la couleur de ce vin de Margaux est encore soutenue, le nez est sur la fraise. Après deux heures de carafe, ce vin est une caresse pour le palais. Bravo Bernard !

Pipe en bouche

Tout ce ci n'est pas une pipe...

Vous savez que j’aime la langue française et trouver l’origine des expressions. Aujourd’hui, nous partons sur un bateau à voile sous l’ancien régime. La vie sur ces grands navires est dure. Le scorbut, la maladie des navigants, fait des ravages sur les grands voiliers et nombre de marins meurent dans de grandes souffrances. Et lorsqu’une blessure s’infectait, une des seules manières de sauver le malheureux était de l’amputer d’un bras, d’une jambe. Le chirurgien proposait à son patient une rasade d’alcool, lorsqu’il y en avait à bord puis, après avoir affuté sa scie, lui conseillait de mettre sa pipe en bouche et de la serrer de toutes ses forces. Puis le médecin taillait dans les chairs. Quand tout se passait bien, le survivant attendait la cicatrisation pour qu’on lui mette une prothèse, un crochet ou une paire de béquilles. Par contre lorsqu’il mourait au cours de l’opération, on entendait la pipe tomber. Le médecin arrêtait sa besogne. Le marin venait de « casser sa pipe. »

Mona bordage, c’est vous !

Pour avoir le bas chaud

La rentrée vient d’avoir lieu. Les étudiants ont souvent bien des difficultés pour se loger. Il semble que cela ne date pas d’aujourd’hui. Restif de la Bretonne, peu avant la Révolution décrivait une maison de la rue des Carmes à Paris[1] qui accueillait des étudiants en droit. Cette pension offrait le gîte, le couvert et plus si affinité.

Elles étaient quatre femmes : l’aïeule, la mère et deux filles. La grand-mère était encore ragoûtante, parce qu’elle était d’un beau sang ; la mère, veuve depuis longtemps, était une belle femme ; la fille aînée était une jeune personne charmante d’environ dix-neuf ans, et Madelon, la cadette, un tendron de quatorze à quinze. La grand-mère avait les nouveaux débarqués, environ les quinze premiers jours ; telle était la règle entre ces quatre femmes; c’était donc la grand-mère qui, ces quinze premiers jours, venait faire votre lit, pendant que vous y étiez, et vous agaçait si bien que ses beaux gestes vous tentaient. On avait grand appétit. Une gorge blanche, une jambe bien faite montrée jusqu’au genou, en se baissant, une croupe charnue, voluptueuse, lubriquement agitée.

Ensuite, quand les hôtesses voyaient que vous deveniez un peu au fait de la maison, la mère venait faire votre chambre. Vous l’aviez quelque temps, et c’était la manière d’agir avec elle qui déciderait si vous auriez les filles : un Trupelu[2] n’avait que l’aïeule, qui en préservait la mère; celle-ci préservait la fille aînée de l’homme douteux.

Mais après que le jeune homme comme il faut avait eu quelque temps la mère, la fille aînée, en déshabillé provocant, dessinant le nu, venait faire le lit du prédestiné. Elle faisait filer un peu l’amour; enfin, si elle était contente de ses sentiments et de ses procédés, elle le rendait heureux.

Il fallait être le chef-d’œuvre du mérite et de l’honnêteté pour parvenir au tendron de quinze ans : on arrangeait la jeune personne en habit de combat, l’heureux élu offrait une jolie collation, en fin de laquelle on lui disait :

– Vous êtes l’ami de la maison, vous avez mérité de posséder la houri[3], et nous vous la laissons pour une heure.

Bon Mona, vous qui êtes une maîtresse de maison au dessus de tout soupçon, voulez-vous bien rincer deux verres, je vous prie. Je vous invite à déguster l’Exception des Quatre Clochers 2009. A Limoux, on fait de grands Chardonnay. Qu’on se le dise !


[1] Rétif de la Bretonne : Monsieur Nicolas
[2] Vieux mot signifiant : enjoué, facétieux

[3]  Femme très attrayante venant de l’arabe : beautés célestes du paradis musulman

Sénatorium

C'est vrai Mona : il y une drôle de ressemblance !

Le musée d’Orsay a ouvert ses portes en 1986 pour le plus grand plaisir des amateurs d’impressionnisme notamment. Il se murmure que nos chers sénateurs ont été chagrinés par cette ouverture car, à cette occasion, leur a été retirée une statue qui trônait depuis 1910 au Palais du Luxembourg pour être exposée à Orsay : la Muse de la Source de Jean-Baptiste Hugues[1]. Il se disait que la femme qui servit de modèle n’était autre que Madame Steinheil, la maîtresse de Félix Faure. C’est peu probable, mais la ressemblance avec la belle est réelle. Toujours est-il que ces Messieurs avaient pris l’habitude de saluer la « Pompe funèbre[2] » en caressant le sein gauche de la statue. A force d’ailleurs, il brillait plus que le droit, plus éloigné des mains, qui était complètement délaissé.

Dans une assemblée plutôt âgée, ce petit plaisir tactile manqua à nos sénateurs.

Mona pas peur d’aller au sénat. Mais elle a pas envie !


[1] Jean-Baptiste Hugues, dit Jean Hugues (1849-1930), sculpteur marseillais
[2] Surnom de Madame Steinheil