Deux dents dehors ?

Cet arracheur de dents me fait peur

Aujourd’hui, on écrit de moins en moins. Le téléphone a remplacé le stylo. Grâce aux mémoires et correspondances, nous pouvons savourer des anecdotes sur la vie de ceux qui nous ont précédés. Ainsi lorsque Marie de Médicis débarqua en France pour épouser le Vert-Galant[1], elle vint avec son coiffeur, son cuisinier, ses médecins…Ces apports humains étaient à la fois source d’enrichissement dans les domaines de la gastronomie, de la cuisine et de la mode et en même temps causes de rivalités. Ainsi les médecins français estimaient que leur art était supérieur à celui des Italiens et Marie dut subir saignées et purges, remèdes fort usités dans notre royaume. Voulant garder leur emprise sur la reine, ils faisaient tout pour écarter leurs confrères transalpins. L’ambassadeur florentin, Andrea Cioli, a tenu informé les Médicis de ce qui se passait à la Cour de France et a laissé une abondante correspondance. En septembre 1610, il rapporte que Marie de Médicis fit appel contre l’avis de ses médecins français à un de ses Florentins : 

La reine, écrit Cioli, voulait, ce matin, se faire ôter une dent, qui l’a fait souffrir plusieurs fois ces jours-ci. C’est pourquoi, me trouvant là, je dis à Forzona, la première femme de chambre de la reine, qu’avant de se résoudre à ce martyre, Sa Majesté ne risquerait rien d’essayer un remède du capitaine Horatio Tornabuoni, lequel, en un clin d’œil, avait fait merveille pour quelqu’un d’autre. La Forzona le dit à Sa Majesté, qui voulut m’entendre et me manda exprès dans sa chambre; pendant qu’elle se faisait coiffer. L’on envoya aussitôt chercher Tornabuoni, qui se mit à lui appliquer son onguent aux tempes et puis dans les oreilles, de ses propres mains, lui donnant aussi des soins, au grand scandale de deux médecins, qui comparurent à ce moment. Et ainsi est restée en suspens l’opération de l’extraction de la dent, pour laquelle on avait fait venir un maître de Toulouse. Celui-ci, pour se faire la main et prouver son talent, en avait ôté une à un valet de la cour, qui s’évanouit presque de douleur. Pour rendre courage à la reine, le maître de Toulouse affirmait que c’était la peur et non la douleur l’avait ainsi anéanti, ce que le pauvre diable était contraint d’affirmer. Le succès d’Horatio Tornabuoni fut complet ; il devint un des familiers de la Cour, au grand désespoir de l’arracheur de dents.

Mona, ma chère, vous imaginez ce que nos ancêtres subissaient. C’est bien simple, mes dents claquent comme des castagnettes dans les mains d’un gitan. Aussi, je vous serai gré de verser ce liquide divin pour retrouver mes esprits. Il s’agit d’un Ladoix 1er Cru Les Gréchons 2009 de Jean-René Nudant. Cette appellation encore mal connue offre de grands vins à des prix plus raisonnables que leurs voisins.


[1] Henri IV

Ai-je un crayon habile ?

Bourvil a immortalisé les marchand(es) de crayons. Il faut dire qu’à Paris, comme dans toutes les villes universitaires, ce métier était fort répandu. Ils avaient prix l’habitude d’étaler leurs marchandises sur les parapets du Pont-Neuf. Ils vendaient tout ce qui était nécessaire pour le dessin : crayons de mine de plomb, pastels, sanguines et puis, pour certains, des pinceaux, de la peinture…

L’invention du crayon remonte au XVI° siècle. Les Anglais qui avaient beaucoup de graphite dans leur sous-sol devinrent les fournisseurs de toute l’Europe. Mais durant la Révolution, la perfide Albion cessa toutes exportations vers la France. Rapidement les stocks de crayons fondirent. Heureusement un artiste-peintre inventeur passionné, mit au point en 1794, la mine graphite moderne composée d’un mélange d’argile et de graphite ce qui permet à la France d’avoir sa propre production. Perfectionnant sans cesse ses crayons il en fit une marque référence pour tous les artistes. Ce Monsieur s’appelait Nicolas Jacques Conté. Et les crayons qui portent son nom sont toujours utilisés et restent symbole de qualité.

Mona utilisé des Conté pour son autoportrait. 

Détenus de soirée

Hommage à Morris & Goscinny

Qui n’a pas lu un Lucky-Luke ? C’est en 1946 que Morris créa ce personnage légendaire. Dans le sixième album «Hors-la-loi» apparaissent Emmett, Bill, Grat et Bob Dalton. Malheureusement, le dessinateur les fait mourir à la fin de ce volume. Morris dira qu’il s’est vite rendu compte de la gaffe qu’il avait faite. Avec Goscinny, ils imagineront des cousins qui deviendront les vedettes de nombreux albums de Lucky-Luke. Et Joe, William, Jack et Averell feront vite oublier les vrais Dalton.

Car si les cousins stupides sont sortis de la tête de Morris, Emmett, Robert, Emmett et William ont bien vécu. Ce furent des bandits des années 1880 en Oklahoma et Nouveau-Mexique. Spécialisés dans les attaques de banques et de trains, ils furent souvent emprisonnés et s’évadèrent tout autant.

En 1892, Grattan et Robert furent abattus. Emett passa quatorze années en prison. Seul William ne fut pas pris et se recycla dans les attaques de diligence.

Mona, c’est le moment de sortir un vin des United States. Bon allez, two glasses, please, my dear. Je sers Cycles Gladiator 2007. Le cépage Zinfandel offre un nez de mûre et de fruits noirs. Vin souple et facile à boire.

Entrez sansonnet

Alors que l’hiver bat son plein dans nos régions, les oiseaux sédentaires ont de plus en plus de mal à trouver leur nourriture. C’est l’occasion de les aider. Pour ce, quelques conseils :

Poser la nourriture sur des mangeoires ou dans une zone bien dégagée afin que les chats ne puissent attraper les oiseaux par surprise.
Les merles et les grives aiment les pommes et poires –surtout pourries- posées sur le sol. Les mésanges préfèrent les boules mêlant graisse et graines.  Le rouge-gorge viendra se nourrir des graines tombées sur le sol.

Aidons passereaux et autres oiseaux à passer la saison froide au mieux. Jacques Prévert a écrit un joli poème :

Le gardien du phare aime trop les oiseaux

Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout

Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.

Mona posé graines et pommes sur son balcon. Et vous ?

Votre bide, une vergeture ?

Mona-rbite de foot

Avant que les échographies ne dévoilent tout du fœtus, on souhaitait connaître avec les moyens du bord le sexe de l’enfant à naître. Et comme de bien entendu, c’est un garçon qui était désiré. Les superstitions de nos ancêtres sur ce sujet étaient nombreuses. J’en ai retenu quelques-unes : la femme enceinte devait toujours chausser d’abord son pied droit ; on pouvait également verser du sel sur la tête de la future maman durant son sommeil. Si au lever, elle parlait en premier d’un homme, c’était un mâle en gestation. Mais pour espérer un garçon encore fallait-il que la femme ne soit pas stérile. Afin de mettre toutes les chances de son coté, la jeune femme pouvait, par exemple, se plonger dans l’eau du bain d’une jeune accouchée ; boire de l’eau de sources miraculeuses ; s’assoir sur un siège de pierre situé dans la grotte de Saint-Emilion

Mais on tenait tant à avoir un garçon que des paris s’engageaient pour connaître le sexe du petit à naître. Dans la ville éternelle, le Saint-Siège avait consenti le monopole de ces paris à une quarantaine de courtiers qui touchaient une rémunération proportionnelle à l’importance des sommes engagées. Mais suite aux excès commis, le pape Sixte V réduisit le nombre de courtiers à dix. Il leur interdisait également de s’associer à une sage-femme et de travailler les jours fériés ainsi que durant la semaine sainte. Puis, le souverain pontife supprima purement et simplement leur activité.

Les superstitions poursuivaient les couples durant toute la grossesse et même toute leur vie. Ainsi une femme qui se sentait sur le point d’accoucher, devait manger cru un poulet juste plumé tandis que son mari en mangeait le cou, c’ était pour éloigner de l’enfant les maladies et particulièrement les maux de gorge ; ailleurs on cachait sous l’oreiller de la femme un dé à coudre, une pelote, une aiguille, des ciseaux ; on coupait en sept une pièce d’ étoffe de lin et on l’appliquait sur le ventre de la femme en gésine ; on lui faisait boire de l’eau bouillie, réduite au quart de son volume et on lui faisait avaler un morceau de pomme cuite pour la préserver de la fièvre.

Pour finir, je m’adresse à vous Messieurs qui me faîtes l’honneur de me lire. Dans l’Evangile des Quenouilles, vous êtes avertis : si vous faîtes l’amour à votre belle en ayant les pieds sales, vous engendrerez un fils ayant mauvaise haleine ; et si c’est une fille elle l’aura mauvaise… par derrière.

Mona pas d’haleine …sur le dos…

Alors, tu la sers cette grosse coquette avant le carême ?

En ce mois de février, les amateurs de truffes peuvent encore se régaler avec le diamant noir. Pour ce champignon, les gourmets sont prêts à tout. Il faut dire que de simples œufs, du riz, des pâtes deviennent mets de roi avec quelques râpées de truffes. Même si c’est le Vaucluse qui est le plus gros producteur français, le fait qu’on parle de truffes du Périgord, nous évoque plutôt le sud-ouest. Aussi la petite anecdote qui suit sent bon le régional de l’étape.

Monseigneur Davian Dubois de Sanzai, mort archevêque de Bordeaux en 1826, avait gagné contre Monsieur de Camiran, l’un de ses grands-vicaires, une dinde aux truffes qui se faisait longtemps attendre. La fin du carnaval approchait[1].

Monseigneur rappelle au perdant sa gageure; celui-ci prétend que les truffes ne valent rien cette année.
– «Bah, bah, reprend le prélat, n’en croyez rien; c’est un faux «bruit que font courir les dindons.»

Bon Mona, savez vous que le Pomerol à maturité a des arômes de truffe. Aussi, si vous me tendez votre verre, j’aurai plaisir à vous verser un Château Beauregard 1996. Bob ben, Mona, qu’attendez-vous pour vous mettre en cuisine ? Une petite caille truffée me siéra… Allez Mona, t’as de beaux yeux et un Beauregard


[1] Ce qui signifie que le carême arrivait et que la viande ne pouvait plus être consommée durant 40 jours

Apostrophons Monsieur Evin

Ce vin est un breuvage éternel (Omar KHAYYÂM 1050–1123)

Voici un extrait d’une émission littéraire et culturelle qui date de 1980. Bernard Pivot, animateur épicurien d’Apostrophes, avait invité notamment un des plus grands chefs de France, Alain Chapel, un négociant époustouflant, Alexis Lichine et un Maître œnologue, le grand Emile Peynaud. Le visionnage de cette vidéo et cet article se veulent à la fois un hommage à ces trois messieurs références dans leur métier respectif. En effet, ils sont tous les trois partis rejoindre les vignes du Seigneur. Si vous êtes amateurs de vins et avez soif d’apprendre, la lecture des trois ouvrages cités vous enchantera. Lichine, Peynaud et Pijassou ont écrit des textes fondamentaux.

Une telle émission pourrait-elle encore être diffusée à la télévision française de nos jours ? Je ne le pense pas. Nos cliques antialcooliques, rangées derrière la bannière de la loi Evin, interdiraient surement une présentation favorable au jus de la treille.
Quand on voit le plaisir procuré par la dégustation d’un vin sur le plateau par Emile Peynaud donne comme bonheur aux spectateurs, on regrette cette époque.

Quelques années plus tôt, un médecin, le docteur Maury publiait, en 1974, un ouvrage au titre évocateur : Soignez-vous par le vin. Là encore, on peut se poser la question. Un tel livre trouverait-il éditeur actuellement ?
Et pourtant, le thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, pratiquant l’homéopathie depuis 1931 d’une façon exclusive, médecin résidant au Royal Homeopathic Hospital de Londres, répertorie soixante maladies qui méritent de boire du vin. A  titre d’exemples :

Vous avez du cholésterol ? Buvez des vins de Loire ou des Côtes de Provence.
Vous êtes pris des bronches ? Descendez vite à la cave chercher une bouteille de bordeaux rouge ou de bourgogne titrant à 10°.
Vous êtes enceinte ? N’oubliez pas vos deux verres de bordeaux rouge à chaque repas.
Vous avez une angine ? Un peu de médoc ou de beaujolais et ça ira mieux.
Vous présentez des risques d’infarctus ? Carburez au champagne sec.
Vous avez des problèmes de vue ? Il vous faut un vin rouge léger de Bordeaux ou Bourgogne.
Vous êtes neurasthénique ? Mais qu’est-ce que vous attendez pour déboucher une blanquette de Limoux ?

De quoi faire bondir nos pisse-froid et pourtant le docteur Maury considère que ses conseils sont bien d’ordre médical.
Pour continuer à nous soigner avec les vins de France, serons-nous obligés de fuir à l’étranger ?

En tous cas, l’illustration de ce texte est claire. On a conservé dans d’autres pays les charmantes devantures qui mêlaient pharmacies et vins si bons pour l’équilibre et la santé des humains.

Un grand merci à Yvon Touboire qui m’a envoyé cette image.

Mona envie de se soigner. Et vous ?

Poison rouge et or rouge ?

La France serait-elle le pays des paradoxes ? A l’intérieur de ses frontières, le vin y est diabolisé. Des associations subventionnées par l’Etat combattent le vin comme toutes les boissons alcoolisées. Des organismes qui se soucient trop de notre santé publient même des études qui contredisent celles de leurs confrères étrangers. A les écouter, boire un verre de vin vous emmène directement, sans passer par la case départ, au service cancérologique de l’hôpital le plus proche. A écouter ces apôtres abstèmes[1], le vin n’apporte aucun bienfait à notre organisme.

Par contre, lorsque le vin sort de nos frontières, pas de cocorico. Pas d’hommes politiques qui soulignent l’importance de ce secteur pour notre économie. Et pourtant  les exportations de vins et spiritueux français ont battu en 2011 un record historique en dépassant pour la première fois la barre des 10 milliards d’euros grâce principalement aux ventes de Bordeaux, Cognac et Champagne.

Ce secteur arrive en deuxième position de notre balance commerciale derrière l’aéronautique et devant les parfums et cosmétiques.

Ouf, c’est bon, nous exportons ce poison à prix d’or. Ils sont fous ces étrangers.

Bon Mona, vos origines étrangères vous autorisent à boire un coup de Champagne. Alors, je me prends pour James Bond, je fais péter le Bollinger Grande Année 2002. Pas donnée, mais la dépense est oubliée quand on le déguste.


[1] Qui s’abstient de boissons alcooliques

Pisse and love

Partie de chasse

O tempora, o mores ! En 1533, Henry VIII d’Angleterre convole en justes noces pour la seconde fois avec Anne Boylen. S’ensuit un magnifique repas pour fêter l’événement. Si on n’a pas retrouvé traces du menu, on pourra savourer cette note de l’époque :

La coronation[1] faite, ladite dame, Anne Boleyn, fut conduite en une grande salle qui lui était appareillée pour diner. La table était fort longue, et l’archevêque de Canterbury était assis à sa table bien loin d’elle.
Ladite dame avait à ses pieds deux dames assises sous la table pour la servir de ce que secrètement elle pourrait avoir à faire; les deux autres qui étaient debout auprès d’elle, l’une d’un coté, l’autre de l’autre, bien souvent levaient un grand linge pour la cacher que l’on ne la pût voir quand elle se voulait faire aisément quelque chose.
Son diner fut long et fort honorablement servi. Elle avait un parquet à l’entoure d’elle où dedans personne n’entrait que les députés pour le service, qui étaient les plus grands du royaume, même ceux qui servaient de sommeliers, d’échansons et de panetiers, avec leurs robes d’écarlate fourrées d’hermine. (texte original)

Il faut dire qu’en ce temps là, les toilettes n’existaient pas, que les dames avaient des tenues peu pratiques pour se soulager.

Mona pas envie. Merci.


[1] Couronnement

Une étude incisive

Décidément, chers lecteurs, vous êtes géniaux. A peine, l’encre de certains articles a eu le temps de sécher que nous recevons de votre part des textes qui viennent compléter, enrichir, parfaire voire couronner notre modeste contribution à la diffusion de la culture hexagonale.

Ce jour, permettez-moi de remercier chaleureusement Gérard Mençoiphe, chirurgien-dentiste, il m’a transmis des informations sur l’hygiène dentaire.

Selon Diodore de Sicile, des Romains avaient adopté une étrange manière, qui venait, disait-on, d’Espagne, de se brosser les dents.
Ils les lavaient avec de l’urine. Ainsi une esclave apportait à sa maîtresse une jolie petite fiole en onyx, remplie de l’urine d’un jeune garçon impubère dans laquelle on avait délayé de la pierre-ponce pilée. La Dame se gargarisait avec le précieux liquide : de quoi avoir une haleine de mérinos ! (oui, je sais, c’est facile !)

Au XIX° siècle, des médecins qui préparaient un Dictionnaire des Sciences Médicales constatèrent que les Espagnols avaient de meilleures dents que les autres Européens. Après enquête, les docteurs affirmaient que seuls quelques Hispaniques utilisaient encore ce gargarisme et d’ajouter «pas plus qu’en France».

De quoi expliquer le retard que nous avons en matière d’hygiène buccale ? Nous achetons seulement 2 brosses par an au lieu d’une par trimestre suivant les recommandations médicales. Pire, selon les statistiques, seuls 16% des Français respectent les trois brossages quotidiens préconisés par les dentistes alors que 53% déclarent se brosser deux fois par jour et 31% une seule fois.

Je ne sais pas, ma Chère Mona, si des études ont porté sur le gargarisme au vin. Mais en attendant, je vous propose une petite rincette avec le Savennières La Roche aux Moines 1991 de Madame Laroche. Ce vin ciselé donne la sensation de sucer les schistes de ce terroir. Beau moment de dégustation !