Régime sans selle

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Mona,
Voilà bientôt dix ans que je suis mariée et toujours pas de chiard à l’horizon. Mon ventre semble aussi stérile que le désert de Gobi. Je désespère. Quant à mon marida, ça lui joue sur le tracsir et le pauvre, il s’est réfugié dans le tiercé. Heureusement, nous partageons un plaisir et chaque weekend on s’enfile (si j’ose dire) plus de deux cents bornes sur nos bécanes. Et on n’amuse pas la galerie avec nos clous de compète. Mon vélo il ferait pâlir d’envie même des pros. Bon, je m’éloigne du sujet comme si le vélo était un dérivatif pour oublier mon tracas. Mona, vous êtes notre dernier espoir. Votre conseil sera pour nous une bouée. Help !
Anna Baulizan

Ma petite Anna,
N’avez-vous pas lu mes conseils ? N’ai-je point déjà dit à plusieurs reprises que le vélo était un destructeur d’abricot et de coucougnettes. En faisant vos périples cyclistes, vous vous êtes esquintés la boîte à têtards et votre husband ses bijoux de famille. Donc pour espérer changer les couches d’un héritier, stoppez immédiatement le vélo ou bien, si jamais vous ne voulez pratiquer un autre sport, changez sa selle. En effet comme le démontre encore une étude de l’Université de San Diego, les poses fesses qui équipent nos bicyclettes sont des tue l’amour. La selle comprime les instruments de reproduction. Donc je vous conseille vivement d’acheter une selle orthopédique

Je profite de l’occasion pour informer chacun d’entre vous que les longues séances de vélo d’appartement aboutissent au même résultat : le tassement du périnée. Conscients des dégâts produits, les fabricants offrent maintenant un large panel de selles adaptées. Un investissement indispensable pour les accros de la petite reine.

Mona rangé son vélo au clou…

Que du musc !

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Je dois vous dire que le courrier que j’ai reçu de Sam Démenge m’a réellement fait plaisir. D’habitude, vos missives ne sont que demandes de conseils et appels au secours. Et comme j’ai eu déjà l’occasion de le dire, le plus grand nombre concerne le zizi-panpan. Et bien cette fois, Sam s’est pris en main (si j’ose dire). Alors qu’il avait la clarinette à moustaches qui ne pouvait monter plus de deux octaves auprès de sa bourgeoise, autrement dit, son engin était rarement dressé comme la colonne de la Place Vendôme. Il a utilisé les différents aphrodisiaques égrenés tout au long de votre Journal. N’ayant pas obtenu le résultat escompté, au lieu de se rapprocher de moi comme tant d’autres l’ont fait, il a cherché un traitement. C’est en lisant un ouvrage moyen-âgeux qu’il a trouvé les remèdes qui ont endurci (au-delà de ses espérances, dit-il) son boudin blanc rabougri.

Avec son autorisation, je publie les deux potions utilisées par Sam. L’originalité de ce traitement est qu’il combine (de cheval) un mélange à avaler et une potion à étaler sur les parties faibles.

Prenez de l’anis vert, ajoutez-y un peu de musc, une queue de lézard pilée, une once de testicule de rat, un foie de fauvette, une moustache de chat coupée en menus morceaux, deux cornes de limace et une cervelle de passereau. Faites confire le tout dans du miel. Prenez-en une cuillère à soupe tous les matins à jeun pendant huit jours. Durant la même durée, usez copieusement à vos repas de pois chiches, de carottes, d’oignons, et de la roquette en salade, assaisonnez vos plats d’anis, de coriandre, de pignons, et buvez un verre d’eau d’orties à chaque repas.

Quant à la confection de la pommade, prenez de la graine de bardane ; écrasez-la dans un mortier, joignez-y le testicule gauche d’un bouc de trois ans ; une pincée de poudre provenant des poils du dos d’un chien entièrement blanc, que vous aurez coupés le premier jour de la nouvelle lune et brûlés le septième. Vous mettrez le tout à infuser dans une bouteille à moitié pleine d’eau-de-vie, et que vous laisserez débouchée pendant vingt et un jours pour qu’elle puisse recevoir l’influence des astres.
Le vingt et unième jour, qui sera précisément le premier de la lune suivante, vous ferez cuire le tout jusqu’à ce que le mélange soit réduit à l’état de bouillie très épaisse ; alors vous ajouterez quatre gouttes de semence de crocodile, et vous aurez soin de passer le mélange à travers une chausse.
Après avoir recueilli le liquide qui en découlera, il n’y aura plus qu’à en frotter les parties naturelles de l’homme ramolli du bout, et sur le champ, il fera des merveilles.
Mais attention, ce mélange est tellement actif qu’on a vu des femmes devenir enceintes rien que pour s’en être frotté les parties correspondantes, afin d’en enduire l’homme sans qu’il s’en doutât.

L’auteur, un certain Nicolas Flamel, reconnait que les crocodiles étant assez rares dans nos régions, on pourra se procurer de la semence de chien de race endurante. Il précise enfin qu’il a répété très souvent cette expérience et toujours avec succès.

Merci Sam. Tout d’abord vous êtes la preuve vivante de cette réussite puisque vous avez attendu neuf mois pour constater votre pleine et entière guérison. Vous affirmez que votre membre est capable de rester au garde-à-vous dans tout type de terrain et de conditions climatiques. Votre moitié grimpe au rideaux à chacune de vos rencontres, et surtout, la meilleure preuve de votre santé retrouvée est la naissance d’un petit garçon que vous avez prénommé Nicolas, hommage à ce chimiste hors pair (si j’ose dire) à qui vous vouez une reconnaissance éternelle.

Sam, je dois vous dire que j’ai écrasé une petite larme à la lecture de votre courrier et je suis certaine que nos lecteurs, hommes sensibles s’il en est, se fouleront eux aussi d’un sanglot.

Pour Nicolas, je vous poste un livre qui lui sera fort utile lors de son éveil à la lecture : Le Kâma-Sûtra illustré avec de nombreuse planches couleurs. Allez embrassez-le pour nous.

Mona des raisons d’être fière de vous ! 

Je reçois deux dents

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Pendant longtemps, l’homme eut une connaissance très imparfaite de son corps. Nous avons déjà eu l’occasion de parler dans ces lignes des sorts qui étaient censés perturber tel ou tel organe et notamment l’aiguillette nouée.

Pour vous rafraichir la mémoire, cela signifie que le jeune marié n’a pas le membre suffisamment adamantin[1] pour explorer le sous-sol de sa jeune épousée. La cause en était attribuée à un sort lancé par une personne jalouse. Pour arrêter le maléfice, on recourrait à de nombreuses pratiques. En voici quelques exemples :

  • Laver les parties honteuses de l’un et l’autre sexe, avec une décoction d’Aquilegia. Après avoir appliqué cette lotion, le malade exposera la partie ramollie à la fumée de dents d’un mort. Voici la méthode pour faire ce parfum, on prend trois dents de la tête d’un homme mort qu’on réduit en poudre. On prend ensuite deux tuiles neuves qu’on fait rougir au feu et on les place en croix à terre. On jette dessus du bon esprit de vin du Rhin et la poudre des dents. On tient le membre envoûté au dessus de la fumée, jusqu’à ce qu’il commence à suer. On essuie la sueur avec un linge net de haut en bas. Après quoi on oint le membre d’asa foetida qui est la base contre les enchantements, puis on l’enveloppe dans un linge et on se va coucher. 
  • On prend un brochet mâle, on lui ouvre la gueule et on y verse de l’urine du mari charmé : on rejette le brochet dans le courant de l’eau et le charme cesse s’il n’est pas trop ancien. 
  • Le charme se lève aussi lorsque l’époux avant de connaitre sa femme pisse dans l’anneau qu’il a reçu d’elle. Si cela ne suffit point, il prendra de la limaille de la bague nuptiale dans un verre de vin. La limaille d’une cloche à l’endroit où le battant frappe passe pour un secret salutaire. On la mêle, avec un peu de safran et de poudre de priape de cerf pour enduire le tour intérieur de l’anneau. 
  • Enfin un autre remède est de prendre un œuf frais et de le faire cuire dans sa propre urine jusqu’à réduction de moitié. Après quoi, jetez ce qui reste d’urine dans le courant d’une rivière, ouvrez l’œuf et jetez le dans une fourmilière, dès que les fourmis l’ont pris, le charme sera levé.

Mona, je ne crois pas qu’avec vous, il soit nécessaire d’utiliser de tels désenvoutements. A la vue de vos courbes, je n’imagine pas un Popaul ne pas hisser les couleurs pour vous rendre les honneurs. Bon, je m’égare, comme disait Saint-Lazare. Buvons donc un coup, c’est bon pour tout : un Super Toscan Giusto di Notri 2006 du Domaine Tua Rita. Un assemblage bordelais pour un vin puissant, mûr à souhait et qui fait merveille avec un magret ou un gigot…


[1] Dur, littéralement «qui a la dureté du diamant».

Dure ? Si

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Je sais ; ça devient un sujet récurent et vous vous dîtes que je ne dois rencontrer que des mecs affligés de l’entresol, des mecs qui ont du chewing-gum mâché dans le calbute. Je vous rassure, vous imaginez bien qu’une belle femme comme moi, roulée comme un Cohiba, ayant des courbes comme celles d’une guitare de flamenco, un valseur rond comme des boules de pétanque, a le choix des prétendants. Y a des gars qui dorment sous mes fenêtres, qui me chantent et roucoulent des sérénades d’amour. Non je n’exagère pas. Mais je vous rappelle que notre mission, Lépicurien et moi, c’est de vous aider. Aussi, bien que vous ayant livré à maintes occasions, des moyens pour avoir un costume d’Adam bien amidonné et donc une zigounette raide comme une tringle à rideau, je ne peux laisser notre lecteur, Guy Gnolanberne. Il me dit que sa chipolata est aussi molle qu’une chiffe, qu’il baisse très vite pavillon même quand il a une légère raideur dans son pantalon devant une pouliche carrossée comme une Ferrari. Il y a quelques jours je faisais appel à Mouhammad al-Nafzâwî. C’est lui qui nous propose cette boisson aphrodisiaque :  

…Quant aux boissons qui excitent en vue des opérations de conjonction[1], nous nous bornons à citer celle-ci : on broie des oignons, dont on extrait le jus. On en prend une mesure pour deux mesures de miel écumé sur le feu. On mélange le tout et on fait cuire sur feu doux jusqu’à ce que le jus d’oignon soit absorbé par le miel, devenu à son tour très liquide. On ôte la préparation du feu, on la fait refroidir et on la place dans un récipient en verre jusqu’au moment de l’emploi. On en prend alors le poids d’une okke[2], que l’on mélange avec trois okkes d’eau dans laquelle des pois chiches ont trempé une nuit et un jour. On boit cette potion pendant les nuits d’hiver avant que vienne le sommeil. Si quelqu’un est de tempérament chaud, il n’en boira pas, car cela pourrait lui donner des calculs aux reins. De toute façon, on n’en prendra pas plus de trois jours de suite, sauf si l’on est un vieillard âgé et de tempérament froid; enfin cette potion ne devra pas être absorbée durant l’été.

Bon, je ne sais pas si çà donnera des résultats pour la zigounette de Guy Gnolanberne. Par contre, je me demande si ce mélange oignons et pois chiches ne va pas perturber ses boyaux et mettre en route un concerto ravageur pour instruments à vents. Le risque c’est de gazer une partenaire qui plus est insatisfaite. Vous me tiendrez au courant Guitou ?

Mona fait son boulot. Bon vent, les aminches !


[1] Coït
[2] Unité de poids variable selon les régions des pays autour de la Méditerranée. 

Les lésions dangereuses

Le 23 novembre dernier, je répondais au courrier d’Alain Puissant et je pensais le problème réglé. Pour ceux qui auront la flemme de relire cet article, je vous fais un bref résumé. Alain a un mal fou à rester au garde à vous devant Madame ; son doigt du milieu est rarement dur comme un os, si vous voyez ce que je veux dire. Pour pallier à la faiblesse de son gourdin, je lui ai conseillé de se faire des tisanes de racine de salsepareille chaque jour. Mais ce traitement schtroumpfien n’a pas répondu à mon attente ni à la sienne car de tente, il n’a pu monter. Le pauvre a son zizi-panpan qui est toujours aussi mou qu’un vieux chewing-gum mâché longuement par une mère maquerelle édentée. Vous voyez le triste spectacle ?

Vous me connaissez ; je vous aime trop pour vous laisser dans la gêne. Alors Alain Puissant, je ne lâcherai rien (si j’ose dire) avant que ton arbalète décoche des flèches d’amour comme s’il en pleuvait. 

Et, comme je suis pas toubib, j’ai consulté. Et des savants de Marseille, j’en ai rencontrés. Chacun avait son avis : les origines du mâle mal sont complexes et mériteraient des examens approfondis. Ouais, d’accord, les docs, c’est sympa, mais Alain, il veut plus attendre. Il aimerait échanger tout de suite l’anchois rance qu’il a entre les guiboles contre un bel os de gigot dans son slip kangourou.

Mais, une étude récente a attiré mon attention. A la suite de quoi, je me suis rendue chez mon dentiste, Adam de Lait. Il m’a incitée à rencontrer Alain pour immortaliser sur pellicule ses ratiches. Sitôt dit, sitôt fait (mais je vous préviens, c’est tout à fait exceptionnel. Alors, ne rêvez pas, vous ne verrez pas Mona débarquer dans votre gourbi pour vous palper, bande de dégoutants). Alain Puissant m’attendait dans sa chambre et quand je lui dis que j’étais là pour l’examiner, le pauvret baissa tristement son falzar et s’apprêtait à me présenter sa chipolata et ses valseuses.

-Mon ami, que faîtes-vous ? lui dis-je. Ce sont vos dominos que je suis venue inspecter. Alors remontez moi (si j’ose dire) çà et ouvrez plutôt votre claque-merde (tiré des Tontons Flingueurs). Je sentis (c’est vrai qu’il refoulait du goulot, Alain) que mon interlocuteur, lecteur et patient d’un instant était pour le moins surpris. Mais Coco, c’est la vue de ton râtelier qui me donnera des indications précieuses sur l’état de ton chauve à col roulé. Je pris des photos de ses crocs que je portais prestement chez Adam de Lait. En voyant les clichés, il jura, pesta et dit qu’il n’avait jamais vu un tel délabrement et se proposait de refaire à prix coutant le pavement complet d’Alain Puissant.

Or que dit l’étude que je vous ai invités à lire ? (mais je vous connais bande de paresseux, vous êtes habitués à ce que Tata Mona vous mâche le boulot) :  

53% des hommes souffrant de problèmes d’élévation du chapiteau de calbute ont une inflammation des gencives due à des problèmes de ratiches.  

Pour Alain Puissant, le problème est réglé. Mon dentiste lui a refait entièrement la devanture et aujourd’hui, il lève les couleurs aussi vite et aussi haut qu’un légionnaire ne les grimpe au mât. Dans son slibard de marque bandalaise, sa chipolata est devenue une matraque de compétition. Un grand merci à mon arracheur de dents.

Alors toi !… plutôt, vous qui n’avez jamais osé m’écrire alors que votre tige est aussi défraichie qu’une une salade sur un étal en plein cagnard, foncez chez votre estourbisseur de clous de girofle et faîtes une révision générale de votre soupirail à sottises. Et peut-être que votre popaul retrouvera une vivacité, une raideur qui fera tomber maman à la renverse.

Mona pas besoin des services d’un arracheur de dents. Son sourire est une légende à lui tout seul.  

Y’a que demi-mâle

Mona votre service, mes petits chats

Depuis que j’ai eu la chance d’être embauchée par Lépicurien, des courriers arrivent régulièrement contenant la détresse de certains d’entre vous dont le piston à coulisse ne coulisse pas. En un mot, des gars ayant la braguette réformée, ont les trois jambes en coton et cherchent toujours le remède qui leur permettrait d’honorer leur belle pour qu’elle foute pas le camp avec un mec monté comme un pneu Michelin. Et ces braves gars à l’escargot en déroute attendent de Tata Mona un miracle. Ben non, mes petits choux, je ne suis ni sorcière, ni magicienne. Au cours des nombreuses feuilles sur ce sujet, je vous ai donné nombre de moyens. Alors soyez gentils, avant de m’envoyer votre missive, relisez mes conseils.
Mais quand je lis la souffrance de Justin Peticou (qui doit se marier dans quelques jours et qui craint que son anguille de calecif reste au point mort durant toute la nuit de noces), je ne peux rester les deux pieds dans le même caleçon. Aussi Justin, j’ai trouvé pour vous un texte du XVII°[1] siècle qui donne quelques conseils qui vous seront bien utiles pour espérer donner à Madame des souvenirs nocturnes de qualité kamasoutrique. Courage, mon petit Justin, la nuit de noces, çà ne dure (le mot est peut-être mal approprié) qu’une nuit.

Lorsque les nouveaux mariés sont sur le point de coucher ensemble la première nuit de leurs noces, leur faire écrire sur un billet, Omnia ossa mea[2] … et sur un autre billet, Quis similis[3]
Puis lier le premier billet sur la cuisse droite de l’époux, et le second sur la cuisse gauche de l’épouse (ce qui fait quis sur cuisse)

Percer un tonneau de vin blanc, dont on a encore rien tiré, et faire passer le premier vin qui en sort dans la bague qui a été donnée à l’épouse le jour du mariage.
Pisser dans le trou de la serrure de l’Église où on l’a épousée. Quelques-uns disent qu’afin que ce moyen ait tout le succès qu’on peut espérer, il faut pisser par trois ou quatre matins dans ce trou.

Mona percé le tonneau et vous invite à le vider sans pour autant pisser dans ses serrures.


[1] Abbé Thiers, Traité des superstitions
[2] Extrait d’une prière
[3] Psaume 83

La bourse ou la vie

Mona en plein congrès

Dans le livre de la Genèse, le premier chapitre raconte la création et on peut lire : Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous.

L’Eglise, durant des lustres, respecta au pied de la lettre cette sentence. Malheur aux époux qui n’avaient pas d’enfants. Ils pouvaient passer devant un tribunal pour prouver leur puissance. De nombreux ouvrages relatent ces procès ignobles.  Permettez moi de vous conter la mésaventure du baron Charles d’Argenton.

En 1595, il épousa Magdeleine de La Chastre,(avec un nom comme çà, je me serais méfiée à sa place) «Damoiselle de grande et ancienne maison». Comme le voulait la coutume, le drap taché de sang fut livré au public, ce qui prouva la consommation du mariage.

Tout allait bien durant quatre ans. Les époux semblaient heureux. Mais point d’enfant…

Magdeleine, encouragée par sa mère, fut persuadée de l’impuissance de son mari. L’affaire fut soumise à l’officiaI[1] de Sens qui ordonna promptement l’inspection des parties génitales du baron. Le constat mentionne que d’Argenton «n’avait point de témoins[2] extérieurement, mais comme une bourse sans boulettes, laquelle se retirait au dedans quand il se renversait, de manière qu’il n’avait autre chose qu’une verge, encore était-elle beaucoup plus courte que l’ordinaire des autres hommes».

Le baron proteste. Ses testicules existent, mais «cachées au dedans». Il réclame le congrès[3]. L’official refuse : l’absence de testicules est une preuve suffisante qui permet d’épargner la pudeur de Magdeleine de La Chastre.

Malgré son intervention auprès des autorités religieuses, la sentence fut confirmée. Il demanda au Saint-Père de prendre les choses en main (si j’ose dire).

S’en suivit une bagarre d’experts et d’avocats. Le défenseur du baron cita des chirurgiens qui affirmaient que les «testicules apparents» ne sont point nécessaires au «labourage d’amour» (amis poètes, bonsoir). «Je ne suis point châtré, s’exclame d’Argenton, j’ai de la barbe au menton, et ma voix n’est point grêle, mais semblable à celle des autres mâles, forte et virile

Mais malgré ses arguments, le baron perdit ce procès.

Le 3 février 1604, le baron d’Argenton mourut sans avoir été réhabilité. L’autopsie du cadavre fit courir tout Paris et se déroula en présence de médecins et chirurgiens et même de spectateurs.  Et les testicules cachés furent analysés : ils se trouvèrent pleins comme ceux des autres hommes.
D’Argenton fut déclaré puissant à titre posthume et la faculté de médecine de Paris décida, par décret, «qu’il n’est pas besoin, pour être capable d’engendrer, de trouver les testicules dans la bourse d’un homme, pourvu, toutefois, qu’il ait d’autres marques suffisantes de virilité».

Cette décision fit jurisprudence pour nombre de malheureux.

Mona dit que çà lui a fait une belle jambe à Charlot !


[1] Vicaire judiciaire est un juge ecclésiastique.
[2] Testicules
[3] Au Moyen Age, le congrès était une épreuve judiciaire destinée à prouver l’impuissance d’un mari en vue d’une annulation de mariage. Les époux étaient réunis dans un lit, en présence de juges, avocats, greffiers, médecins, experts judiciaire, et il s’agissait pour la Cour d’être témoins de l’impossibilité de la conjonction entre les époux.

Ah, ces mots lassent

Décidément les gars, sous votre superbe affichée, vous êtes plutôt des angoissés et des mous du bout ! Vous allez dire que je ne vous ai pas habitués à parler comme çà, aussi direct et aussi vert. Mais je dois vous dire que, comme à chaque fois que je vous concocte un article sur les problèmes liés à vos amygdales, vous me déversez (mais peut-on employer ce mot) des tonnes de mails.

Tel me remercie chaudement pour la recette de la pommade de jeune bouc qui a eu les effets escomptés sur Madame (félicitations mes coquines); tel autre se plaint d’avoir son joujou pas plus gros qu’un compte-gouttes et me demande de l’aider à développer sa personnalité…

zizienberneMais un grand nombre de vos écrits me confirme la justesse d’une statistique que j’ai lue avec effroi : la peur ou la réalité de la panne. Vous m’écrivez par exemple que « vous avez le poireau qu’est toujours en Suisse » ou en berne, si vous préférez, ou bien « le bec-verseur asséché » ou même « le scoubidou en plein démaillage ».

Dur, dur (oh, pardon!!), je compatis…

Mais, je suis désolée, mes petits choux, mais je suis pas Mimi Gringoire. Mais comme je vous aime, et vous le savez bien, je me suis penchée (là c’est le bon terme) sur votre problème. Mais comme j’ suis pas toubib, je vous glisse un extrait d’un bouquin écrit par le Docteur Auguste Debay : « Hygiène et physiologie du mariage« . Certes, l’ouvrage date un peu (1849), mais je suis sure que nombre d’entre vous verront le bout du tunnel (j’espère que cette formule ne froissera personne) avec les traitements ci-dessous exposés.

Mais tout d’abord, le Doc nous apprend à reconnaître le rabougri du fondement :

IMG00200-20091125-1317Les principaux caractères de l’impuissance, en général, sont : un teint blanc, étiolé, la couleur blond pâle des cheveux, la rareté des poils et de la barbe; les chairs mollasses, les formes empâtées par une graisse diffluente, un timbre de voix aigu, une parole lente, les yeux mornes, le regard terne, sans chaleur, les épaules étroites; l’odeur fade ou aigre dans la transpiration; les testicules peu volumineux, les bourses pendantes; le membre viril allongé, petit, flasque, le gland ridé, etc., etc..

Cette description doit retenir notre attention Mesdames. Ces signes ne vous laisseront pas espérer un concerto pour sommier et ressorts digne de Mozart. Alors dès que vous zieutez un gars répondant à ce signalement, passez votre chemin. C’est pas lui qui tirera la chevillette avant que vous soyez Mère Grand.

Mais venons en à ce qui vous tracasse, mes petits poulets, Auguste va tout vous expliquer sur les causes et vous proposer des traitements qui, je l’espère, rendront à votre paupol  santé et prospérité. Assez parlé, place à la science :

Le traitement de l’impuissance varie selon les circonstances, les tempéraments, les âges et les causes qui l’ont amenée et qui l’entretiennent. Pour être plus clair dans notre exposé, et afin d’être bien saisi des personnes étrangères à la médecine, nous établirons lés catégories suivantes :

  1. L’impuissance qui accompagne naturellement la vieillesse n’a point de remède. Chaque âge a ses plaisirs, de même que chaque saison a ses fleurs. Le vieillard ne doit plus penser à la procréation.smoking_impotence
  2. L’impuissance par vice ou imperfection des organes génitaux appartient au domaine de la chirurgie, et demande une main habile pour être guérie.
  3. L’impuissance par influence morale, telle que la timidité, la honte, la crainte, les folles terreurs d’une imagination crédule, etc., exige une médication entièrement morale; elle cesse aussitôt que l’influence est détruite.
  4. L’impuissance par concentration de l’activité nerveuse au cerveau; — par l’exaltation des sentiments d’amour et de respect— par la fougue des désirs exige des habitudes tout a fait opposées, c’est-à-dire le repos de l’esprit, l’exercice physique, les distractions, les voyages, la vie et les travaux de la campagne; —les bains tièdes, etc. Dans les cas d’impuissance causée, soit par un amour excessif de la personne, soit par la fougue des désirs, on recommande l’exercice physique et les distractions ; mais il est, en outre, nécessaire de s’éloigner, pour quelque temps, de l’objet adoré; chasser les idées ou les images qui pourraient entretenir l’exaltation cérébrale; se mettre à un régime alimentaire doux et faire usage de boissons tempérantes, l’eau de laitue, le petit-lait, les émulsions d’amandes, etc., enfin tout ce qui est propre à combattre l’éréthisme, dont la violence enchaîne les facultés viriles.
  5. L’impuissance due a l’atonie des organes génitaux (et c’est la plus commune) exige un traitement tonique et réparateur, afin de réveiller le système nerveux génital engourdi, de ranimer les forces musculaires épuisées, de revivifier le tissu érectile du pénis par des aphrodisiaques employés sagement et avec modération. Ce genre d’impuissance étant le plus général, le plus difficile a combattre, et se rencontrant spécialement chez les hommes mariés d’un âge mûr, c’est sur lui que les médecins ont le plus porté leur attention, notre tâche est d’exposer les traitements les plus efficaces qui ont été dirigés contre cette maladie.
    Le sujet frappé de cette impuissance sera d’abord mis à un régime substantiel propre à relever ses forces délabrées : les viandes rôties, les consommés de viandes, les gélatines, les poissons, les écrevisses, etc. ; — les truffes, les artichauts, le persil musqué, la roquette, les asperges, les alliacés, les semences de cacao, et une foule de plantes alimentaires que nous indiquerons au chapitre des aphrodisiaques, ont une action marquée sur les organes de la génération. Les vins vieux, les cordiaux à dose modérée, les boissons ferrugineuses dans lesquelles il entre du quinquina, sont d’excellents toniques dans les cas d’épuisement sans signe d’excitation

    A cette nourriture confortante on joindra les exercices physiques, la chasse, l’équitation, l’escrime, la danse, la natation, la gymnastique, s’il est possible; et de temps en temps des bains froids en été, tièdes en hiver. Les douches d’eau aromatique, les douches de vapeur de même nature sur les parties génitales, les frictions avec un liniment aphrodisiaque sur la colonne vertébrale, à l’intérieur des cuisses, sur le périnée et sur le corps même de la verge; la rubéfaction de la peau des lombes et de la partie interne des cuisses, au moyen d’une friction ammoniacale ou de l’application d’un cataplasme sinapisé. Les lotions d’eau salée, très froide, sur les parties génitales, renouvelées trois fois par jour pendant huit a dix minutes chaque fois, ont été souvent couronnées de succès; — les bains de marc de raisin, de boue ferrugineuse ; les immersions dans les décoctions de plantes aromatiques ou crucifères, etc. Si tous ces moyens échouaient, il serait nécessaire d’en venir aux liniments ambrés, musqués, ammoniacaux, cantharidés ; à la flagellation, à l’urtication, enfin au galvanisme et à l’électricité.

Mona cuisiné de la viande rôtie, des écrevisses et des truffes. Si çà vous dit…