Je vous mets vin sur vin

Dans le Code gourmand d’Auguste Romieu édité en 1829, on peut lire :

« Les nez bourgeonnés sont fort respectables : il ne faut cependant pas tomber dans cette erreur commune, qu’ils sont l’enseigne des robustes buveurs. Ce diagnostic appartient plus spécialement aux gens qui ne boivent que de l’eau. »

On est loin des discours ambiants sur le vin. Diabolisé dans le pays du bien vivre, du bien manger et du bien boire, le vin n’est plus présenté comme culturel mais comme un poison. C’est un comble.

Mais tout n’est pas perdu : l’Association nationale des élus de la vigne et du vin, lors de son dernier bureau, a retenu la proposition de son président, le sénateur Roland Courteau, qui souhaite organiser une série de rencontres et réunions d’information sur tout le territoire national sur le thème « Vin et Santé ». Cette initiative vise à promouvoir une consommation modérée de vin et à contribuer à la réhabilitation de l’image du vin, bien malmenée ces derniers temps. L’objectif est de présenter les résultats des travaux de recherche menées ces dernières années sur les effets bénéfiques sur la santé d’une consommation modérée de vin.

De quoi se remonter le moral et déclamer avec Roland Barthes : « Le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre… C’est une Boisson–Totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise« .

Mona pas mécontente de cette déclaration…

Faut pas placenta avec çà

Louis XVI et Marie-Antoinette se marièrent le 16 mai 1770. Ils étaient respectivement âgés de 16 et 14 ans. Bien que le Roi soit un colosse (il mesurait 1,93 m), il dut attendre plus de sept années avant de consommer le mariage. En effet, il souffrait d’un phimosis qui l’empêchait d’accomplir son devoir conjugal au grand dam des Cours de France et d’Autriche.

Enfin, le 11 décembre 1778, la Reine sentit les premières douleurs. La famille royale, les princes du sang et les grandes charges passèrent la nuit dans les pièces proches de la chambre de la reine. Madame[1], fille du roi, vint au monde avant midi le 19 décembre. L’usage de laisser entrer indistinctement toute personne qui se présentait au moment de l’accouchement des reines fut observé avec une telle exagération, qu’à l’instant où l’accoucheur Vermond dit à haute voix : « La Reine va accoucher« , les flots de curieux qui se précipitèrent dans la chambre furent si nombreux que la reine fut incommodée. Le roi avait eu, dans la nuit, la précaution de faire attacher avec des cordes les immenses paravents de tapisserie qui environnaient le lit de sa majesté : sans cette précaution ils auraient à coup sûr été renversés sur elle. Il ne fut plus possible de remuer dans la chambre : elle se trouva remplie d’une foule si mélangée, qu’on pouvait se croire dans une place publique. Deux savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches.

Le bruit, la déception d’avoir une fille[2] ou une faute de l’accoucheur eurent de graves conséquences sur la jeune mère. Elle se pâma ; l’accoucheur cria : « De l’air, de l’eau chaude!  Il faut une saignée au pied! » Les fenêtres avaient été calfeutrées ; c’est le Roi, lui-même qui les ouvrit précipitamment alors qu’elles étaient d’une très grande hauteur et collées avec des bandes de papier pour protéger les appartements du froid.
Le bassin d’eau chaude n’arrivant pas assez vite, l’accoucheur dit au premier chirurgien de la Reine de piquer à sec; il le fit, le sang jaillit avec force, la reine ouvrit les yeux. On avait emporté à travers la foule la princesse de Lamballe sans connaissance.
Les valets de chambre durent évacuer sans ménagement les curieux indiscrets qui, profitant du spectacle, n’étaient pas pressés de sortir de la chambre.

Le Roi décida sur le champ d’abolir l’usage de l’accouchement en public. Les princes et les ministres suffiront pour attester la légitimité d’un prince héréditaire.

La chambre dégagée, la Reine retrouva ses esprits et fut replacée dans son lit. Ouf !

Mais, ma petite Mona, vous tremblez ; vous avez eu peur ? C’est fini, la Reine va bien ; allez on va faire péter une roteuse pour célébrer le premier enfant du Roi : le blanc de blanc de Ruinart est d’une rare élégance.


[1] Ou Madame Royale, prénommée Marie-Thérèse Charlotte
[2] La Reine connut le sexe de l’enfant grâce à un signe convenu avec la princesse de Lamballe

Rêve parti

Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, se promenant un soir à Bruges, trouva sur la place publique un homme étendu par terre et qui dormait profondément. Il le fit enlever et porter dans son palais, où, après qu’on l’eut dépouillé de ses haillons, on lui mit une chemise fine, un bonnet de coton, et on le coucha dans un lit du prince. Cet ivrogne fut bien surpris, à son réveil, de se voir dans une superbe alcôve, environné d’officiers plus richement habillés les uns que les autres. On lui demanda quel habit son Altesse voulait mettre ce jour-là. Cette demande acheva de le confondre ; mais après mille protestations qu’il leur fit qu’il n’était qu’un pauvre savetier, et nullement prince, il prit le parti de se laisser rendre tous les honneurs dont on l’accablait. Il se laissa habiller, parut en public, ouît la messe dans la chapelle ducale, y baisa le missel ; enfin, on lui fit faire toutes les cérémonies accoutumées. Il passa à une table somptueuse, puis au jeu, à la promenade, et aux autres divertissements. Après le souper on lui donna le bal. Le bon homme, ne s’étant jamais trouvé à telle fête, prit sans broncher le vin qu’on lui présenta, et si largement qu’il s’enivra de la bonne manière.
Ce fut alors que la comédie se dénoua. Pendant qu’il cuvait son vin, le Duc le fit revêtir de ses guenilles, et le fit reporter au même lieu d’où on l’avait enlevé. Après avoir passé là toute la nuit, bien endormi, il s’éveilla et s’en retourna chez lui, raconter à sa femme, comme étant un songe qu’il avait dû faire, tout ce qui lui était effectivement arrivé.

Mona pas rêvé : Lepicurien est son prince… sarment.

Un pourceau pris pour sot

Saint Antoine, figurine réalisée par Gérard Noirfalise

Mona vous a parlé hier du bacon. Un article génial comme d’habitude. Bravo, mon Petit. Il m’a semblé intéressant de compléter avec un texte sur cet animal dont on dit que tout est bon de la tête aux pieds.

Au Moyen-âge, chacun tentait de faire un peu d’élevage. Les habitants des villes élevaient au moins chez eux un ou deux cochons, que, durant la journée, ils lâchaient dans les rues où ils errent et se nourrissent de ce qu’ils trouvent. Ils dévorent les déchets. Ils s’attaquent parfois à des enfants. On doit même clôturer les cimetières pour empêcher les porcs de déterrer les morts… Ils sont la cause d’innombrables accidents. Le 2 octobre 1131, rue de Malthois[1] à Paris, un cochon se jette entre les pattes d’un cheval qui se cabre et désarçonne son cavalier. Ce dernier se brise la tête. Il meurt le lendemain. Et ce cavalier n’est pas n’importe qui : c’est le Prince Philippe, fils ainé du Roi Louis le Gros.

L’affaire fait grand bruit. Un règlement interdit dès lors de laisser errer les porcs. Mais, malgré les interventions répétées de nombreux souverains, les cochons resteront dans les rues jusqu’au XVI° siècle. Ainsi, les Religieux de Saint-Antoine, en vertu du privilège de leur patron, qu’ordinairement on représente avec un cochon à ses côtés, prétendirent n’être point assujettis à l’interdiction et ils voulurent être les seuls à avoir le privilège de laisser vaguer leurs porcs par les rues de la capitale. Ils y parvinrent. Le bourreau fut même chargé d’y veiller. Tout cochon qui n’appartenait point aux Antonins, pouvait être saisi par lui, il le conduisait à l’Hôtel-Dieu, et avait droit d’en exiger la tête, ou de prendre cinq sous en argent. Les animaux pouvaient même être condamnés à la pendaison.

La viande de porc nécessitait des bouchers spécialisés. Ils ne s’organisent en corporation à Paris qu’en 1475 sous le nom de chaircuitiers-saulcissiers. Ils ne peuvent vendre que des viandes cuites. Il faudra attendre 1513, pour qu’ils puissent commercer la viande de porc non cuite.

Ma Chère Mona, ces cochons m’ont donné soif. Si vous attrapez deux verres, je vais pouvoir vous servir Le Petiot 2008, ce sauvignon de Touraine est remarquable. On attend plus que les rillettes pour finir la bouteille.


[1] Entre l’arcade de l’Hôtel-de-Ville et l’Eglise de Saint-Gervais

Porc franc

Voila qui donne faim !

Lorsqu’on parle de bacon, on pense systématiquement aux Anglais qui l’ajoutent à des œufs pour leur breakfast. La prononciation so british (bécone) s’est imposée à parti de 1895, date où ce mot arrive en français pour désigner de fines tranches de lard fumé.

Et pourtant, ce mot était employé dès le XII° siècle en France pour désigner « la viande de porc ». Et c’est en 1330, que le mot a emprunté le Channel dans les valises des Normands.

Nous ne devons pas oublier que, si aujourd’hui, la langue anglaise envahit notre langue, durant des siècles nombre de mots français ont été repris par les Anglais.

Dans des chroniques de voyages de l’époque, des auteurs étrangers soulignent le fait que les Français aiment beaucoup le porc. Et il est vrai qu’au moyen-âge, se déroulaient des festins où l’on ne servait que du cochon. Ces repas étaient nommés « baconiques ». Ainsi, à Paris, le Chapitre de Notre-Dame organise dès 1394 une foire aux jambons et au lard mêlant vente de viande et banquet en l’honneur de Monsieur porc. Cette foire devient très vite un des principaux rendez-vous d’achat de viande de porc. Au cours du XIX° siècle, la foire passe du Parvis Notre-Dame au Boulevard Bourbon, puis au Boulevard Lenoir. C’est le XX° siècle qui la chassera de la capitale vers l’Ile de Chatou. Mais ferraille et antiquités prendront vite le pas sur les charcutiers…

Mona pétit…

L’ivre de chevet

La petite histoire de France fourmille de nombre d’anecdotes qui valent bien celles de la grande histoire. Dans un ouvrage du XIX° siècle qui relate l’histoire de la table au cours des siècles, on peut lire :

Un ivrogne qui avait bien bu se leva la nuit d’auprès de sa femme, et ouvrit la fenêtre pour se débarrasser « du superflu de la boisson », comme dit Molière. Comme il pleuvait, il entendait l’eau d’une gouttière qui tombait, et, croyant que c’était de lui que provenait ce bruit, il restait toujours dans la même posture. A la fin, sa femme, impatientée de ne le voir pas venir, lui cria :

« – Eh bien, quand donc auras-tu fini?…
– Hélas! repartit l’ivrogne, je finirai quand il plaira à Dieu ! »

Plaise à Dieu, ma chère Mona, que nous buvions un verre de vin ! Merci Gente Dame de sortir deux verres et de tremper vos lèvres dans ce nectar produit par François Chidaine : Les Tuffeaux 2006. Ce vin de Montlouis est à la fois frais et moelleux. Un vin à boire et à pisser… lentement.

Un gros bonnet

Vous me connaissez, je suis plutôt bonne fille et je porte à mon cher patron Lépicurien respect et dévouement. Mais à peine rentrée de vacances, il m’a fait beaucoup de peine. Tout juste s’il a eu un mot gentil sur mon magnifique bronzage, sur ma bonne mine… et pis, sa première réelle conversation avec moi a concerné ma poitrine. Tout de go, il m’a demandé si je serai contente de prendre 2 tailles de bonnet d’un coup. Les seins, enfin je veux dire les bras, m’en sont tombés.

– Et pourquoi ? Je les trouve très beaux et leur volume me convient bien, lui ai-je dit ans me démonter. Vous qui m’avez vu régulièrement,sur ce blog, je pense que vous serez d’accord avec moi : ils sont beaux mes lolos…

Mais, le patron, c’est le patron, aussi je me suis enquise de l’intérêt soudain qu’il portait à mon équilibre psychologique et mammaire.

Sa réponse fut aussi brutale et destructrice qu’un uppercut au foie d’un gros buveur.

Ben voilà, me dit-il, je vous ai ramené un souvenir de vacances : un soutien-gorge qui vous fera un buste de playmate, qui fera paraître, à vos cotés, Amy Winehouse, malgré ses passages dans les mains des chirurgiens, plate comme une limande.

Lépicurien a compris à ma tête que j’étais perturbée, que j’avais les méninges en vrac à peine rentrée.

Aussi, il s’arrêta de parler et déposa sur mon bureau un paquet. En rougissant comme une jeune fille du pensionnat des oiseaux, j’ouvrais le cadeau et en sortais bien le présent annoncé. Mais sur le coté du soutif, il y avait un appendice fort long qui m’intriguait. Je commençais à tripoter le truc pour voir si cela s’enlevait.

– Attention, me dit le patron, ne cassez pas le tuyau.

– Un tuyau, et pourquoi faire, je vous prie ?


– Ce sous-vêtement est d’une utilité autant pour vous que pour moi, me dit le grand homme. En effet, les bonnets se remplissent de liquide pour une contenance de 75 cl. Alors lors de nos prochains rendez-vous chez des clients ou lors de concerts où il est interdit d’amener des boissons, vous les remplirez avec un breuvage de qualité et nous pourrons nous désaltérer et profiter des plaisirs de Dionysos en toute discrétion. Deux remarques, il faudra mettre le vin au frais avant remplissage pour que votre chaleur intime ne détériore pas le divin nectar. Et certains pourront s’étonner qu’au terme de la réunion, votre profil soit moins marqué qu’à votre arrivée. Pour éviter, cela, je me permettrai de souffler dans votre tuyau… Vous arrivez avec un soutien-gorge au vin et repartez avec des seins à l’air comprimé. Amusant, non ?

Finalement, je me dis que ce présent est d’une rare élégance et qu’il m’ira comme un gant. Quel plaisir, chers clients, de me rendre chez vous avec un flacon de Sein-Emilion ou de Sein-Romain enveloppant ma poitrine. Et quel plaisir de pouvoir siroter un Sein-Joseph, un Sein-Chinian ou un Sein-Nicolas-de-Bourgueil en loucedé. Et quand mon patron sera en train de téter son petit coup, j’aurais l’impression fugace d’être sa mère, sa femme, sa sœur.

Du coup, je me suis précipitée dans ses bras et l’ai embrassé en le remerciant du choix judicieux et de la confiance qu’il mettait en moi en me confiant le transport clandestin des précieuses bouteilles qu’on pourrait se siffler discrètement en toute occasion. Un secret de plus entre nous…A partir de maintenant, lorsqu’on me demandera mes mensurations, je dirai 75 c… l.

Et puis, j’ai trouvé un cadeau que je lui ferai à l’occasion : le beer-belly, une poche ventrale qui vous fait un petit ventre et qui contient ses 75 cl de plaisir et puis comme çà, on pourra alterner les plaisirs : vin blanc ou rouge à volonté, le pied !

Mona laité, c’est Lépicurien. Et vous ?