Un article qui décoiffe

Pour savoir ce que regarde le courtisan, cliquez sur la photo
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Voilà un sujet étrange lorsqu’il est traité par un gars qui a la boule aussi lisse que celle d’un billard ou, si vous préférez, un crâne en peau de fesse. Mais au Journal, on n’hésite pas. Lorsqu’il s’agit de vous cultiver, nous ne reculons devant rien.

Au XVIII° siècle, à la Cour de Louis XVI, une mode fort voyante vit le jour : la coiffure pouf aux sentiments. Ces coiffures fort complexes pouvaient atteindre des hauteurs dingues. Et dans la chevelure de ces dames, il y avait de quoi faire son marché. Jugez plutôt.

On pouvait y trouver des fruits et légumes, des oiseaux, des figurines, des miniatures, des monuments, des cités… Pour confectionner ces chefs d’œuvre éphémères, le coiffeur posait un petit pouf au milieu de la chevelure de la dame. Il disparaissait sous les cheveux et les postiches. Et là, on pouvait planter le décor souhaité. En 1772, on recense près de 4000 coiffures possibles.

Bien entendu, le La est très souvent donné par la Reine Marie-Antoinette qui avec sa modiste Rose Bertin et de son coiffeur préféré Léonard. Ce dernier inventera nombre de coiffures telles la coiffure à la Dauphine, la Monte au Ciel où se logent des plumes d’autruche. Les décors sont souvent liés à l’actualité de la Cour : naissance, décès… ou à des faits marquants. Ainsi en 1778, la coiffure à la belle poule est en vogue (si j’ose dire) car il ne s’agit pas d’un hommage aux gallinacés mais à un bateau  qui frictionna la flotte anglaise. Pour rendre la beauté de la scène, les cheveux étaient ondulés comme une vague et une maquette de vaisseau trônait sur la tête des courtisanes. Vous savez sans doute que Marie-Antoinette fut écolo avant l’heure et qu’elle passait de nombreuses heures dans son hameau de la Reine à jouer à la fermière. La mode ne pouvait ignorer longtemps de penchant et on vit des coiffures agrémentées de carottes, choux, artichauts et autres légumes. Quand je vous disais qu’il y avait de quoi faire son marché grâce aux poufs à la jardinière. Cette mode dura une quinzaine d’années. Mais toujours plus imposantes, ces coiffures généraient de nombreux inconvénients : il fallait parfois une journée pour les réaliser et les femmes ainsi apprêtées ne pouvaient dormir qu’assises dans un fauteuil.

Mona ma chère, je suis persuadé qu’un joli pouf vous donnerait la stature d’une reine. Ce serait pratique pour cacher un joli flacon, n’est-il point ? Cela ne doit pas nous empêcher de boire un coup. Je débouche un vin du Languedoc : Les Darons 2013, un assemblage de Grenache et Carignan. Si vous aimez la framboise, foncez sur cette bouteille. Un fruit exceptionnel vous envoutera. La fin de bouche vire sur les épices ce qui laisse une bouche fraîche. Une jolie gourmandise.

On tient le bambou ?

mona-marie-antoinette

Y a-t-il besoin de vous redire que j’ai un petit faible pour Louis XVI et Marie Antoinette ? Ces souverains n’ont pas eu de chance et leur mort ne grandit pas notre pays. Bon, je ne vais pas vous refaire un couplet (et non un couperet) sur ce thème.

Je vais plutôt remonter dans le temps et les retrouver alors qu’ils venaient de s’unir par les liens sacrés du mariage, le 16 mai 1770. Durant le festin des noces, le Dauphin se serait empiffré. Louis XV lui glissa à l’oreille avec un air entendu : « Ne vous chargez pas trop l’estomac pour cette nuit« . Mais le dauphin répondit : « Pourquoi donc? Je dors toujours mieux quand j’ai bien soupé! » Le Roi faillit tomber à la reverse, lui qui était fort porté sur la chose se posait des questions sur son petit-fils pourtant appelé aux plus hautes fonctions.

Les jeunes tourtereaux furent placés dans le lit conjugal après que la jeune mariée eut enlevé son voilage de noces. Et la nuit fut fort calme ; le Dauphin se leva fort tôt pour aller à la chasse. Durant de longues années, le mariage ne fut pas vraiment con-sommé.

Même si tous les historiens ne sont pas d’accord, il est généralement admis que Loulou souffrait d’un phimosis qui l’empêchait de visiter en profondeur la boîte à bonheur de Toinette. De plus, ce moment de bonheur se transformait en souffrance pour lui. On comprend qu’il ne cherchait pas à visiter les sous-sols de sa moitié. Et il faudra attendre décembre 1778 pour que la Reine donne enfin naissance à une fille et ainsi faire taire les ragots. Durant ces huit longues années, Loulou avait le disjoncteur en rade. Lui qui était si doué pour bricoler les serrures, il n’avait pas trouvé la clé pour donner du bonheur à sa légitime royale. Souffrant du manche quand ce dernier se raidissait, Louis ne pouvait pas larguer sa gelée royale dans le pot que lui présentait sa dame.

Bon, il faut dire, à sa décharge (si j’ose dire) que la Marie-Antoinette qui deviendra une bien jolie femme était encore en devenir. Fort jeune, elle n’avait guère d’appâts à présenter à son homme pour le dégeler. Loulou qui essayait vainement d’en faire sa femme ne connut qu’échec sur échec.  Aussi il s’intéressait de moins en moins à sa partageuse de pageot. C’est humain, merde ! Il avait beau dire : « J’en Prince pour toi », il n’arrivait pas à mettre coquette au chaud.

On soupçonne Marie-Antoinette d’avoir cherché ailleurs un gars capable de lui jouer le grand air de la Flûte Enchantée. Et un nom revient souvent : Axel de Fersen, ambassadeur de Suède qui lui avait un équipement en parfait état de marche et qui était toujours prêt à rendre service à une nana dans le besoin. Et comme en plus, le Suédois est beau comme un soleil, on peut comprendre que la petite aurait pu se laisser aller.

Quant à Loulou, pressé par Louis XV et le reste de la famille royale, il consulte tous les toubibs qui lui déconseillent l’opération et lui prédisent une amélioration avec le temps.

Alors comment Louis fit-il pour se débrider son matériel à donner des frissons ? On peut penser qu’à force de mettre sa sentinelle à col roulé sur le qui-vive, le frein finit par se débloquer et permit  enfin de hisser le grand froc (comme on dit dans la marine) et de pratiquer une gymnastique sous baldaquin bien méritée.

C’est pas pour me jeter des fleurs, mais voilà encore une fois, je vous donne une page culturelle d’une haute tenue. L’histoire revisitée par votre Mona, c’est quand même plus bandant (si j’ose dire) que les cours de la Sorbonne.

Mona réellement un don pour rendre vivant l’histoire de France.

Aux pas d’Eloi

Mona bien sa culotte à l'endroit
Mona bien sa culotte à l’endroit

Qui n’a fredonné cette chanson : le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers. Mais savez vous qu’elle a été écrite dans la deuxième moitié du XVIII° siècle et moquait le roi Louis XVI et sa charmante Marie-Antoinette.

Mais revenons dans les années 600 durant lesquelles vécut Dagobert. Je ne sais pas s’il mit sa culotte à l’envers, mais il est certain qu’il l’avait souvent sur les chaussettes car le souverain était un chaud lapin. Ayant perdu son berlingot au cours de sa douzième année en compagnie d’une bergère, il convola en justes noces avec Gomatrude sans stopper les relations avec ses maîtresses. Six ans après, il la répudie et la remplace par Nanthilde qui quitta la robe de bure à cette occasion. A la rencontre de Ragnétrude, il craque et propose à sa femme de faire chambre à trois. Puis le pageot accueille aussi Berchilde. Seulement, la belle est déjà marida et le roi est accusé d’adultère. Qu’à cela ne tienne, il fait assassiner le gênant. Et le tour est joué : plus de mari, plus d’adultère. Si vous avez la comprenette duraille dans les histoires de famille, compulsez cette page.
Après dix ans de règne, Dagobert chope une mauvaise dysenterie qui lui vide la boyasse et lui fait finalement cracher son bulletin de naissance.

Cette comptine a été détournée en paillarde et est chantée dans les salles de garde. Pour le plaisir, je vous livre un couplet :

Le bon roi Dagobert
Avait toujours la queue à l’air
Le grand Saint-Eloi
Lui dit oh mon roi
Au mois de décembre
Faut rentrer son membre
Le roi lui dit très fier
« Rien ne vaut le vit au grand air ».

Mona pas sa culotte à l’envers

Un gland dommage

Dis donc, Loulou, tu pourrais t'intéresser à moi, hein ?

Marie-Antoinette n’a pas été épargnée par ses contemporains. Dès son mariage, des incidents et accidents furent interprétés comme des signes de mauvais augure. Puis pendant des années, son royal époux ne fréquentait pas son lit et la Cour s’impatientait. Cette Autrichienne serait-elle capable de donner un héritier à la couronne ? Alors que Louis XVI souffrait d’un phimosis, il refusait l’opération par peur et espérait une issue naturelle à ce mal (si j’ose dire). Mais ses tentatives se soldaient par des échecs répétés et le mariage n’était toujours pas consommé. C’est au bout de sept ans, pressé par le frère de sa femme venu spécialement à Versailles, qu’il se fit opérer et rapidement un bébé arriva. Manque de pot, c’était une fille… De plus, des « gens bien informés » laissaient entendre que cette grossesse n’était pas due au roi mais à tel ou tel amant supposé…

Voici une lettre (un extrait) que Marie-Antoinette adressa à sa mère Marie-Thérèse, en 1775 :

« Nous sommes dans une épidémie de chansons satiriques. On en a fait sur toutes les personnes de la Cour, hommes et femmes, et la légèreté française s’est même étendue sur le roi. La nécessité de l’opération a été le mot principal contre le roi. Pour moi, je n’ai pas été épargnée. On m’a très libéralement supposé les deux goûts, celui des femmes et des amants. Quoique les méchancetés plaisent assez dans ce pays-ci, celles-ci sont plates et de si mauvais ton qu’elles n’ont aucun succès, ni dans le public, ni dans la bonne compagnie. »

Des chansons satiriques, en effet, se moquaient ouvertement du couple royal. Un extrait d’une chanson de 1775, qui, dit-on, tomba dans les mains de celle qui était devenue Reine.

Chacun se demande tout bas
Un roi peut-il, ne peut-il pas?
La triste reine en désespère.
L’un dit qu’il ne peut ériger.
L’autre qu’il ne peut s’y nicher
Qu’il est flûte traversière.

 Ma fille ayez un successeur,
Peu importe que le faiseur
Soit devant le trône ou derrière.
Mais avant de faire un cocu,
Tâchez de l’avoir convaincu
Qu’il a le pouvoir d’être père.

 Petite reine de vingt ans
Qui traitez mal les gens.
Vous repasserez en Bavière.
En attendant ces doux instants,
Le doux fruit de vos passe-temps,
Vous aurez ma chanson, j’espère.

Mona chanté rien que pour vous !

Une mèche basse !

Mona coupe un maximum de mèches pour ses nombreux admirateurs

Le British Museum contient nombre de trésors. Aujourd’hui, je vous laisse découvrir ce joli médaillon en forme de cœur. Ce sous-verre, peut-être en cristal de roche et  monté dans un châssis d’or, contient une mèche blonde de cheveux de Marie-Antoinette. Sur le verre une mention rapporte que ce cadeau a été fait à Lady Abercorn.

Quand, à quelle occasion ? Je n’ai pas trouvé…. Une chose est sûre, ce présent a été fait avant la fuite de Varennes. En effet, on sait qu’au retour de cette folle escapade, la chevelure de la Reine était subitement devenue blanche en une nuit.

Ma chère Mona, l’émotion m’étreint (comme dirait le PDG de la SNCF). Aussi, je vais boire un coup. Vous m’accompagnez ? Direction l’Alsace avec ce magnifique Pinot Gris Grand Cru Hengst 2007 du domaine Josmeyer.

Des gars, des os

L’année 1793, fut une des plus folles que connut la France. Les exécutions se suivirent à la chaîne. Après Louis XVI en janvier, ce fut le tour de Marie-Antoinette et des Girondins en octobre, d’Olympe de Gouges en novembre et de Madame du Barry en décembre. Cette même année, les restes des rois furent exhumés, pillés ou détruits. Les restes furent jetés dans une fosse commune.
Un texte de l’époque relate ce déchainement. C’est le « Journal historique de l’extraction des cercueils royaux, dans l’Église de Saint-Denis, fait par le citoyen Druon, ci-devant bénédictin« .

Le premier jour, le samedi 12 octobre dans l’après-midi, les ouvriers chargés des exhumations descendirent à la lueur de torches et de lanternes vers le caveau des Bourbon situé dans la galerie souterraine.
Le premier roi à être sorti de son repos est Henri IV qui apparut, momifié, incroyablement bien conservé, avec sa barbe blanche intacte et « les traits du visage parfaitement reconnaissables » selon plusieurs témoins. Le cercueil ouvert fut ensuite exposé durant plusieurs heures, dressé contre l’un des piliers du passage des chapelles basses. De nombreuses anecdotes ont circulé sur l’attitude adoptée par le public à ce moment-là, dont l’épisode légendaire d’un soldat qui va trancher la barbe d’Henri IV, le roi guerrier et conquérant, pour en faire une moustache postiche avant de s’écrier : « et moi aussi je suis soldat français et désormais, je n’aurais plus d’autres moustaches. Maintenant, je suis sûr de vaincre les ennemis de la France et je marche à la victoire ».
Le soir venu, les ouvriers partent et laissent le roi dressé seul, sur son pilier.

Deux jours plus tard, le lundi 14 octobre, le travail reprend vers 3 heures de l’après-midi. Ils prennent le corps d’Henri IV et le jettent le premier dans la fosse commune creusée spécialement pour les Bourbon.

Un des profanateurs et voleur de restes humains est Alexandre Lenoir, directeur du Musée des Monuments Français. On sait qu’il vola notamment quelques poils de la moustache d’Henri IV pour en donner ensuite une partie à son ami Vivant Denon qui dirigeait le Louvre.

Les poils de moustache d’Henri IV sont conservés dans un reliquaire au musée Bertrand de Châteauroux et offrent, là encore, une excellente traçabilité.

Mona pas de sympathie révolutionnaire.

Y’a pas de quoi se marier

Le 16 mai 1770, Louis Auguste, Dauphin de France et futur Louis XVI, épouse Marie-Antoinette Josèphe, Jeanne, Archiduchesse d’Autriche. A la suite de la cérémonie religieuse, les jeunes époux signent deux copies de l’acte sur les registres paroissiaux. Ces deux volumes sont conservés : l’un aux archives départementales des Yvelines, l’autre aux archives municipales de Versailles.

Sur la toile, on peut visionner la copie des archives départementales. C’est bien, mais il eut été plus intéressant d’y voir celui des archives municipales.

En effet, sur la signature de la Princesse se trouve une tâche d’encre. La plume a cassé au moment au moment où elle signait. Mauvais présage

Le 31 mai, les jeunes tourtereaux se rendent à Paris pour y être applaudis par le peuple. Un feu d’artifice, confié au grand Ruggieri, doit être tiré de la place Louis XV[1]. Une foule immense est réunie. Ce jeune Dauphin représente un espoir pour des Parisiens qui n’ont plus d’estime pour Louis XV.

La foule grossit, grossit… La nuit tombe et de nombreux spectateurs tentent de rallier la place. D’autres repartent vers l’église de la Madeleine… Bousculade, chute, incendie,… morts, blessés… Mauvais présage

Armand d’Allonville se souvient dans ses mémoires :

Je ne puis clore cet article de mes mémoires sans parler de l’effroyable catastrophe dont les fêtes célébrées à l’occasion du mariage de Louis XVI devinrent la cause. J’étais bien enfant, mais il est des événements trop frappants pour qu’on les oublie, sur lesquels on revient dans un âge plus avancé, et dont on cherche alors à connaître tous les détails. Aussi ai-je eu la certitude que cinquante-trois personnes avaient péri sur la place, que, des trois cents blessés, l’on n’en put sauver qu’environ la moitié, en dépit de tous les soins qui leur furent prodigués ; que le mal était provenu de quatre causes : l’entêtement que le corps de ville, et surtout le prévôt des marchands, mirent à s’emparer de la police de la fête : l’incendie spontané de l’échafaudage construit pour le feu d’artifice ; des cordes tendues par des filous, et le passage des pompes par la rue Royale , non encore pavée, à travers laquelle une foule effrayée se précipitait.

Ce qui fixait dans ma mémoire un aussi triste souvenir, c’est la profonde douleur dont la ville et la cour furent alors frappées ; c’est, et cela était plus près de moi, la tristesse et les pleurs des deux jeunes princesses[2], à qui l’on ne put parvenir à cacher le funeste événement qui venait d’avoir lieu. Elles versaient des larmes sur le sort de l’humanité souffrante, sans prévoir, hélas! qu’elles auraient un jour à en répandre de plus amères sur le leur, et celui surtout de ce qu’elles avaient de plus cher au monde !

Un coup à perdre la tête !

Bon Mona, il est temps de boire un coup. Allez, hop, deux verres, je vous prie. Le Domaine des Lys Sacrés 2009 est royal. Ce Côte de Brouilly va vous refaire boire du Beaujolais…


[1] Actuelle Place de la Concorde. C’est sur cette même place, renommée Place de la Révolution, que Louis XVI et Marie-Antoinette furent guillotinés en 1793.
[2] Marie-Antoinette et Elisabeth, sa belle soeur

Ah, çà ? : sein

Marie-Antoinette moule un bol pour vous

Lépicurien vous a parlé de la coupe et de sa flute… avec toujours ses jeux de mots vaseux, mais je dois avouer que c’était instructif. Moi, je suis heureuse de vous présenter un objet moins usité  que la flute à Champagne mais fort recherché par les amoureux de Marie-Antoinette. Je veux parler de ses « jarres tétons »[1] ou  » jattes tétons ».

Elles auraient été moulées sur un sein de Marie-Antoinette… mais rien n’est moins  sûr. En effet nombre de textes de l’époque soulignent que la Reine était si pudique qu’elle ne prenait ses bains que vêtue d’une chemise pour se cacher de ses servantes.

chemise de Marie-Antoinette

Mais Toinette excite toujours ses admirateurs et nombre de légendes ont traversé le temps.

Revenons donc à ces bols : ils faisaient partie d’un service en porcelaine dessiné par Jean-Jacques Lagrenée et fabriqué par la manufacture de Sèvres. Il était destiné à la laiterie du Château de Rambouillet. Louis XVI avait acheté ce Domaine pour y pratiquer la chasse, sa passion. Il fit édifier pour Marie-Antoinette deux laiteries, une où l’on fabriquait du fromage et l’autre pour y déguster du lait avec les bols-seins. Une grotte artificielle permettait de conserver le lait au frais.

Le service fut dispersé durant la Révolution. Et les collectionneurs s’arrachèrent les bols. Je me demande si Lépicurien n’en a pas un…

A moins qu’il n’ait acheté une réplique réalisée par l’ancienne manufacture royale intégrée à la maison Bernardaud depuis 1986. Le fameux bol vaut un peu plus de 750€. Mais quand on aime, on ne compte pas…

Mona pas moulé de bol pour son lait ce matin, et vous ?


[1] Bol en forme de sein

Faut pas placenta avec çà

Louis XVI et Marie-Antoinette se marièrent le 16 mai 1770. Ils étaient respectivement âgés de 16 et 14 ans. Bien que le Roi soit un colosse (il mesurait 1,93 m), il dut attendre plus de sept années avant de consommer le mariage. En effet, il souffrait d’un phimosis qui l’empêchait d’accomplir son devoir conjugal au grand dam des Cours de France et d’Autriche.

Enfin, le 11 décembre 1778, la Reine sentit les premières douleurs. La famille royale, les princes du sang et les grandes charges passèrent la nuit dans les pièces proches de la chambre de la reine. Madame[1], fille du roi, vint au monde avant midi le 19 décembre. L’usage de laisser entrer indistinctement toute personne qui se présentait au moment de l’accouchement des reines fut observé avec une telle exagération, qu’à l’instant où l’accoucheur Vermond dit à haute voix : « La Reine va accoucher« , les flots de curieux qui se précipitèrent dans la chambre furent si nombreux que la reine fut incommodée. Le roi avait eu, dans la nuit, la précaution de faire attacher avec des cordes les immenses paravents de tapisserie qui environnaient le lit de sa majesté : sans cette précaution ils auraient à coup sûr été renversés sur elle. Il ne fut plus possible de remuer dans la chambre : elle se trouva remplie d’une foule si mélangée, qu’on pouvait se croire dans une place publique. Deux savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches.

Le bruit, la déception d’avoir une fille[2] ou une faute de l’accoucheur eurent de graves conséquences sur la jeune mère. Elle se pâma ; l’accoucheur cria : « De l’air, de l’eau chaude!  Il faut une saignée au pied! » Les fenêtres avaient été calfeutrées ; c’est le Roi, lui-même qui les ouvrit précipitamment alors qu’elles étaient d’une très grande hauteur et collées avec des bandes de papier pour protéger les appartements du froid.
Le bassin d’eau chaude n’arrivant pas assez vite, l’accoucheur dit au premier chirurgien de la Reine de piquer à sec; il le fit, le sang jaillit avec force, la reine ouvrit les yeux. On avait emporté à travers la foule la princesse de Lamballe sans connaissance.
Les valets de chambre durent évacuer sans ménagement les curieux indiscrets qui, profitant du spectacle, n’étaient pas pressés de sortir de la chambre.

Le Roi décida sur le champ d’abolir l’usage de l’accouchement en public. Les princes et les ministres suffiront pour attester la légitimité d’un prince héréditaire.

La chambre dégagée, la Reine retrouva ses esprits et fut replacée dans son lit. Ouf !

Mais, ma petite Mona, vous tremblez ; vous avez eu peur ? C’est fini, la Reine va bien ; allez on va faire péter une roteuse pour célébrer le premier enfant du Roi : le blanc de blanc de Ruinart est d’une rare élégance.


[1] Ou Madame Royale, prénommée Marie-Thérèse Charlotte
[2] La Reine connut le sexe de l’enfant grâce à un signe convenu avec la princesse de Lamballe

Pour moi, c’est sur, elle est tailleur…

Mlle Bertin, modiste 1747-1813

Marie-Jeanne Bertin est née en Picardie en 1747. En 1763, elle est engagée comme modiste[1] dans un atelier parisien. Sept ans plus tard, elle ouvre magasin rue du Faubourg Saint Honoré.

Devenue la protégée de la Duchesse de Chartres, elle devient vite la coqueluche de Paris avant d’être présentée à la Dauphine Marie-Antoinette qui lui demande de confectionner sa garde-robes. Or si Le budget du département de la toilette de la Dauphine s’élevait en 1773 à un total de 120.000 livres, il passe dès 1774 à 200.000 livres alors qu’elle devient Reine.

Les deux femmes passent tant de temps ensemble que le surnom de « ministre des modes » est attribuée à celle qui se fait maintenant appelée Rose Bertin. Mlle Bertin, ministre de la mode, coûtait d’ailleurs plus cher qu’un secrétaire d’État. Et les modes allaient se succéder à un rythme effréné. Elle se plaisait à dire qu’en matière de mode : « Il y a de nouveau que ce qui est oublié« . De leur rencontre, la mode des coiffures les plus exubérantes, des chapeaux les plus fous, des robes les plus luxueuses, puis des robes de campagne, s’établit.
La Cour se met au diapason et les commandes affluent. Mais nombre de nobles sont au bord de la ruine…. et ce flot de dépenses vaut à la Reine sarcasmes et pamphlets.


Elle habille également la Du Barry, Madame de Polignac, la Princesse de Lamballe et rapidement toute la Cour qui se doit de suivre la mode lancée par la Reine. Nombre de nobles, entrainées dans ce tourbillon, sont au bord de la ruine….

Avec la Révolution, les affaires ralentissent. Heureusement, la clientèle étrangère permet à Mlle Bertin de voyager en Allemagne, en Angleterre et d’échapper à la Terreur.

Craignant pour sa vie et voulant se rapprocher de ses clientes, elle se réfugie en Angleterre. En 1795, elle se rend en Russie. A son retour à Paris, elle habille Joséphine de Beauharnais et la Reine d’Espagne. Mais elle n’est plus en à la mode et se retire dans sa maison d’Epinay où elle vivra jusqu’au 22 septembre 1813.

Mona tours, c’est vous ?


[1] On se tromperait si l’on se figurait qu’une marchande de modes, au dix-huitième siècle, se contentait de fabriquer des chapeaux. Elle avait le monopole de l’ornementation des costumes. La couturière taillait, cousait, la modiste parait.