Henri, t’es un gars lent ?

Nous sommes en 1556, Charles IX se rend à Nérac pour visiter la cour de Navarre. Fêtes et jeux se succèdent.

Au cours d’un tournoi de tir à l’arc, le Duc de Guise et Henri de Navarre sont en lice. A la recherche d’une cible pour les départager, le jeune prince de Navarre, âgé de 15 ans, voit briller une rose sur le sein d’une des jeunes filles qui entourent la barrière, il s’en saisit et court la placer. Le duc tire le premier, son adresse est en défaut… Henri plante sa flèche au milieu de la fleur, dont il se saisit galamment, puis il court la rendre à la jolie villageoise, sans la détacher de la flèche qui lui sert de tige.

Un trouble naïf et touchant se peint sur les traits charmants de la jeune fille. Henri sent s’arrêter le battement de son cœur ; un doux regard s’échange rapidement entre eux. Henri apprend que la Belle est la fille du jardinier du Château.

Dès le lendemain, le jardinage est devenu sa passion. Il demande au jardinier de l’aider à planter. C’est l’occasion de voir la jeune fille lorsqu’elle vient à la rencontre de son père.

L’idylle dure un mois et ils se retrouvent chaque soir à la fontaine. Mais le précepteur du prince les ayant surpris, décida d’éloigner Henri.

Les adieux furent déchirants :

« Vous me quittez, Henri, disait la tendre enfant, étouffée par ses pleurs, vous me quittez, vous m’oublierez, et je n’aurai plus qu’à mourir ! » Henri la rassurait, et lui faisait le serment d’un amour éternel.
« Voyez-vous cette fontaine de la Garenne, » disait-elle au moment où la cloche du château rappelait le prince pour le signal du départ;  « absent, présent, vous me trouverez là !… toujours là ! »…
Le temps passe… quinze mois. Henri qu’on appellera le Vert-Galant, revient au Château avec de belles filles. Il se promène dans le parc à leur bras.
Son amour le voit et, au hasard d’une promenade, ils se croisent. Henri est sous le charme et demande à la Belle de le rejoindre à la fontaine le soir.
« J’y serai à huit heures », lui promet-elle.

Huit heures sonnent. Le Béarnais s’esquive du château, il traverse le taillis du parc, et arrive à la fontaine. Personne…  Mais à l’endroit même où tant de fois il s’est assis près de son amour est fichée une flèche : il la reconnaît.  La rose fanée y tient encore. Un papier est attaché à la pointe; il le prend, essaie de le lire; mais le jour s’est éteint. Palpitant, troublé, il vole au château, ouvre le fatal billet. …le voici : « Je vous ai dit que vous me trouveriez à la fontaine : j’y suis. Peut-être êtes-vous passé bien près de moi. Retournez-y, cherchez mieux… Vous ne m’aimiez plus…. Il le fallait bien… Mon Dieu ! Pardonnez-moi ! … »

Le corps la jeune fille fut retiré du fond du bassin où s’épanchent les eaux de la fontaine.


Parmi toutes les femmes qui traversèrent la vie d’Henri IV, cette idylle de jeunesse ne laissa ni trace, ni marmot mais on fait mémoire de Fleurette puisque tel est son prénom dès que l’on tente de conter  fleurette.

C’est beau…

Mona pleuré en relisant cette histoire. Pas vous ?

L’haleine de bouc

henri-IV-1Henri IV, né Henri de Bourbon (1553 Pau – 1610 Paris) fut roi de Navarre sous le nom d’Henri III ,  de 1572 à 1610, puis roi de France de 1589 à 1610. Il fut le premier souverain français de la branche des Bourbon.

C’est dans la pure tradition béarnaise que lors de son baptême, ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d’ail, ceci pour lui assurer force et vigueur. Et çà doit marcher car il fut surnommé Vert-Galant pour souligner son ardeur envers les femmes. Il eut six enfants de Marie de Médicis et dix illégitimes de six de ses maîtresses.

Le Vert Galant n’était pas gourmet, mais il mangeait beaucoup et vite, comme il l’avait toujours fait au cours de ses campagnes et  il  lui arrivait d’en être malade. C’est ainsi qu’en juillet 1606, un gentilhomme vénitien, le marquis Giustiniani, vit retarder d’un jour le dîner, donné par Marie de Médicis et le roi, auquel il avait eu l’honneur d’être invité : « Car sa Majesté avait dû prendre pilule à la suite d’un banquet trop copieux ! ».

Henri IV aimait particulièrement le gibier qu’il ramenait de la chasse. Son plat préféré était le pâté dit « de la Tour d’Argent », parfumé d’ail et d’oignon. Il aimait d’ailleurs tellement ces bulbes qu’il faisait même fourrer les omelettes de gousses d’ail et pour goûter, il garnissait d’ail des tartines beurrées. Cet abus lui donnait une haleine tellement désagréable que toute la Cour s’en trouvait indisposée et que ses favorites s’éloignaient. Tallemant des Réaux a rapporté la réflexion, insolente, mais justifiée que l’une de ces dames fit à sa Majesté :

« Ah  Sire ! Il vous prend bien d’être Roi, sans cela on ne pourrait vous souffrir car vous puez comme charogne ! »

Mona pas une mauvaise haleine et va offrir un verre de Jurançon à son auguste Lépucurien.

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Henri IV reçevant sa portion journalière d'oignons et d'ail

Calamiteux agricoles

Lors d’une chasse à courre, un noble de la suite d’Henry IV, coupa court à travers une parcelle emblavée pour forcer la bête. Tard dans la soirée, tous ces braves chasseurs se retrouvèrent à festoyer. Le Roi demanda au courtisan qui avait traversé la parcelle pour être le premier sur la bête, comment il avait trouvé le repas.

– Très bien, Sire, les plats étaient fort goûteux. D’ailleurs, tout aurait été parfait si nous n’avions manqué de pain.

Le Béarnais tonitrua :

– T’auras du pain à ma table le jour où tu respecteras ceux qui le font pousser !

Maranges La Fussière - Côte de Beaune
Maranges La Fussière - Côte de Beaune - Bourgogne

A la terre, les anciens avaient parfois des mots lapidaires pour porter un jugement. Pour qualifier un sagouin, un moins que rien, le verdict tombait :

– « Lui, il pisserait dans un champ de blé » ou bien, selon les régions, « lui, il pisserait sur un pied de vigne ! »

Un homme capable de souiller ce qui le nourrit, ce qui le fait vivre…. En une phrase, tout était dit.

Mona pas envie de faire pipi