Les fourberies de scalpel

18 novembre 1686, chirurgiens, apothicaires rentrent dans la chambre de Louis XIV. Le roi fut placé sur le bord de son lit, un traversin sous le ventre pour élever les fesses, tournées du côté de la fenêtre, les cuisses écartées et assujetties par deux des apothicaires.
Voici comment procéda l’opérateur : une petite incision, faite avec la pointe d’un instrument ordinaire, fut d’abord pratiquée à l’orifice externe de la fistule, afin de l’agrandir et de pouvoir plus facilement y introduire le bistouri à la royale. L’incision fut ensuite pratiquée avec cet instrument. Huit coups de ciseaux enlevèrent toutes les callosités que le chirurgien du Roi, Félix rencontra sous son doigt. Cette partie si douloureuse de l’opération fut supportée avec beaucoup de courage par Louis XIV : pas un cri, pas un mot ne lui échappa.

Rien ne saurait dire l’étonnement dans lequel fut toute la cour lorsque l’on apprit que le roi venait de subir une opération que chacun regardait comme si dangereuse : une fistule bien mal placée.

La réussite de l’opération pratiquée sur Louis XIV, en mettant le comble à la réputation de Félix, mit aussi à la mode son procédé; et il fut facile de constater immédiatement son efficacité, car depuis l’opération faite au roi, il semblait que tout le monde fût attaqué de la fistule. «C’est une maladie, dit Dionis, qui est devenue à la mode depuis celle du roi. Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps n’ont plus eu honte de la rendre publique ; il y a eu même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s’informait de toutes les circonstances de cette maladie. Ceux qui avaient quelque petit suintement ou de simples hémorroïdes ne différaient pas à présenter leur derrière au chirurgien pour y faire des incisions ; j’en ai vu plus de trente qui voulaient qu’on leur fit l’opération, et dont la folie était si grande, qu’ils paraissaient fâchés lorsqu’on les assurait qu’il n’y avait point nécessité de la faire.»

C’est dur la vie de courtisan. Mais fils, tu le… vaux bien

Mona pas subi d’opération.

Mona à l’arctique de la mort ?

Mona, surpise par le froid

Depuis quelques jours, la France grelotte. Des régions peu habituées aux frimas ont été perturbées par quelques flocons de neige inhabituels. De mémoire de Français, un des pires hivers reste celui de 1709, sous le règne de Louis XIV qui est un roi fort âgé[1].

C’est dans la nuit du 5 au 6 janvier que le froid tombe sur toute l’Europe. Des témoins de l’époque relatent que « la mer, le Tibre, le Danube, le Rhin, la Seine et toutes les rivières et fleuves à flux et reflux ont été glacés plus de 12 à 15 pieds de haut, et en les endroits les moins creux tout le poisson était gelé. » Des scènes d’apocalypse peuvent être vues dans les campagnes : « Des vaches, boucs, chèvres, moutons et agneaux d’un an, ont été trouvés morts et gelés en leurs étables. » Pire un homme qui se rendait de Paris à Versailles est retrouvé mort figé sur son cheval gelé sur le pont de Sèvres… Le froid est si intense que l’on voit les corbeaux geler en plein vol….

Tout ceci a un coût, 1 million de morts en France ; il faudra plus de 10 ans à l’économie pour s’en remettre. Les prix du pain explosent. Des convois de blé sont attaqués. Le Roi fait fondre sa vaisselle pour donner de l’argent au peuple. Une pré-révolution, quoi !

Bon Mona, je ne vois qu’une chose : du vin chaud ou un grog. Allez sortez la casserole !


[1] 60 ans, soit 20 ans de plus que l’espérance de vie

Mona’s

"Je vous attends..."

Il est des lieux mythiques. Cette adresse, au nom pourtant anglo-saxon, comme le Crazy-Horse, symbolise Paris. Cette table a vu défiler nombre de têtes couronnées, stars hollywoodiennes. Fortunes et artistes y ont festoyé depuis 1893… Je veux parler de Maxim’s.

Et pourtant, les débuts furent chaotiques. A cet emplacement, se tenait un glacier italien du nom d’Imoda. Le 14 juillet 1890, alors que la France garde en mémoire le siège de 1870 par les Prussiens, le glacier décore sa boutique de diverses oriflammes dont celui de la Prusse. Rapidement, une foule se réunit devant la boutique et la met à sac. Si j’osais, je dirais que le glacier ne se remit pas de ce bris de glace…

C’en est trop, dépité, il vend son affaire à un certain Gaillard. Ce dernier travaille dans un bar américain. Aussi pour suivre la mode, il anglicise son prénom : Maxime qui devient Maxim’s.

Mais il ne s’agit pas encore de cette célèbre enseigne inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques. C’est un simple restaurant, mais, qui est remarqué par Irma de Montigny, une superbe parisienne qui y amène ses admirateurs (et ils sont nombreux).

Sur le site de Maxim’s on rapporte une anecdote qui reflète bien ce que fut cet endroit. À la fin des années cinquante, il fallut remplacer les célèbres banquettes rouges. En les démontant, les ouvriers découvrirent une fortune glissée entre le dossier et l’assise : des louis d’or, des bagues, des diamants, des rubis … tombés des poches des élégantes qui ne se donnaient pas la peine de les ramasser. Leurs protecteurs leur en redonnaient au moins autant le lendemain matin.

Mona pas de protecteur : une place à prendre.

Je te nommerai Mona's

L’ivre de comptes

Mona rend hommage au dégustateur inconnu avec Delvallé

Depuis 2005, la production mondiale de vin baisse régulièrement. De 300 millions d’hl, on est descendu à 259 cette année. C’est comme si les vignes de l’Australie avaient disparu sur la période (10,9% de la production mondiale)…

Quant à la France, elle conserve sa place de premier producteur avec 44,75 millions d’hl et pour une fois assez loin devant l’Italie avec 42,58 millions d’hl. Il faut dire que si en France, on a arraché 23.400 ha cette dernière année, on a arraché davantage chez nos voisins transalpins.

Cette baisse de production n’est pas gênante car dans le même temps, la consommation de vin se réduit régulièrement dans nos vieux pays : ainsi dans notre beau pays, on boit à peine 40 litres par an et par habitant contre 120 litres il y a 50 ans… O tempora, o mores !!!

Certes, on est encore loin devant les autres, mais avec 4 litres de moins chaque année, on est mal barré… Un motif de se réjouir, c’est que la qualité l’emporte de plus en plus sur la quantité. Le Français boit moins mais mieux. Et pourtant, le prix moyen d’achat d’une bouteille est encore bien bas : 3,54 €.

Cependant les vignerons peuvent espérer de meilleurs jours. En Chine, la consommation qui est de 0,5 l par an et par habitant devrait passer à 1 litre d’ici 2013… et là, çà en fait des bouteilles. Et quand on pense que l’Inde commence à s’intéresser au vin… on se dit que le réveil viendra de l’Est.

Ma Chère Mona, pour l’avenir des vignerons et pour notre plaisir, sortez donc deux verres, je vous prie. On va boire un Hautes Cotes de Beaune du domaine Denis Carré : Le Clou 2007. Ce vin rond et gourmand va nous requinquer…

Trop au lit ??

Mona reine des prémisses ?

Hier, je parlais avec Lépicurien. Mais j’ai senti rapidement que le grand homme était gêné par mon propos. J’étais en train de lui décrire par le menu, ma soirée au lit. Je luis disais que j’avais pris un grand plaisir avec les prémisses, en un mot que j’avais pris mon pied… Il me rétorqua sèchement que ma vie intime ne l’intéressait pas… et il sortit aussitôt de mon bureau.

J’étais effondrée. Lépicurien, cet homme qui est un peu la lumière de ma vie, ce génie qui m’a tout appris du vin et de la table, il me montrait ses limites. Lui… confondre prémisses et prémices…. Ah, non, pas çà…

Or, les prémisses sont les deux propositions d’un raisonnement, d’un syllogisme qui aboutissent à une conclusion. Vous ne me suivez pas… bon prenons un exemple :

Un cheval bon marché est rare.
Or tout ce qui est rare est cher.
Donc un cheval bon marché est cher.

Les deux premières lignes sont les prémisses. Et moi, j’aime bien écrire des syllogismes dans mon lit. Bon, tant pis… je vais aller voir Lépicurien et lui donner un cours de prémisses en lui mettant les points sur les i.

Mona pas certaine d’être « trop polie »…

Cheval 1947 : hippipique, houra

Cheval Blanc 1947 au verre

Ce16 novembre, à Genève, une vente aux enchères offrait aux amateurs, des Grands Crus dans des millésimes d’exception et des volumes rares. Dans un communiqué, la maison Christie’s se félicite du résultat. Et on la comprend.

Une Impériale[1] du Château Cheval Blanc 1947 a été achetée 304 375 dollars (soit 224 000 €) alors que l’estimation était de 150.000 à 250.000 $. L’expert de la vente a assuré au collectionneur qu’il pourra la conserver 50 ans sans aucun problème compte tenu de la qualité du millésime de cet illustre Château de Saint Emilion. Au cours de cette même vente, 12 bouteilles du Château Lafite-Rothschild 1982 ont trouvé preneur à 88.000 $ la caisse. Pour le même prix, vous auriez pu acheter seulement 6 bouteilles de la Romanée Conti 2005… dur, dur !

Mais revenons à ce Cheval 1947, je conseille à l’acheteur de bien réfléchir avant d’ouvrir ce flacon. Chaque verre de 12 cl revient à 4.500 €…
Mais j’oubliais, on n’achète pas ce genre de vin pour le boire ; mais pour le mettre dans une cave blindée et, de temps à autre, le montrer à ses amis pour leur signifier qu’on en a une plus grosse qu’eux… Ah, que !

Bon Mona, contentons nous d’un vin normal. Si vous sortiez deux verres pour tremper nos lèvres dans la cuvée Romanis 2008 du Château Grès Saint Paul. Ce domaine du Languedoc produit des vins non pour les collectionneurs mais pour les buveurs de bons vins. Tout le soleil du Sud est dans cette bouteille.


[1] Contenant de 6 litres, soit l’équivalent 8 bouteilles