Par Rimbaud jour…

Mona et Verlaine évoquent Rimbaud

Contrairement à ce que vous pensez, si j’en crois votre courrier, la vie au Journal Epicurien n’est pas un long fleuve tranquille. Il arrive parfois que mon cher patron, Lépicurien, m’apostrophe sèchement voire durement à propos de mes articles. Ainsi, il a trouvé que le pseudonyme que j’ai utilisé dans un récent texte, -Gérard Mendeuver de Vinrouge- était insultant pour ses amis bretons. Car bien que n’étant pas issu de cette région poivrot-celte, il dit avoir un profond respect pour ces gens qui épongent avec une régularité et une abnégation qui forcent l’admiration, nos excédents de vins médiocres qui ne trouveraient pas preneur sur d’autres marchés.

Pour exprimer son courroux, il m’a lancé à la figure : votre Gérard Mendeuver de Vinrouge, c’est abracadabrantesque.

Sur le coup, çà fait mal, car je trouvais ce jeu de mot excellent et surtout la flèche décochée par le grand homme m’avait traversée de part en part. En effet, vous vous rendez compte de la longueur de ce mot : 18 lettres. Presque un alphabet !

Je peux vous avouer, vous qui êtes mes amis, qu’une larme a perlé sur ma joue, mais de cette larme, j’ai fait une perle puisque je me suis attardée sur abracadabrantesque.

Certes, comme vous, bande de pétris de culture latino-gréco-française, je sais que cet adjectif signifie «sans queue, ni tête»[1]

Mais d’où vient ce mot ? Instinctivement (si, si, je n’exagère pas !), j’ai pensé à la Duchesse d’Abrantès, cette femme écrivain dont la vie fut un vrai roman. D’ailleurs, Théophile Gautier la surnommait la duchesse d’Abracadabrantès. On n’est pas loin…

Mais en fait, c’est Arthur Rimbaud qui, dans le Cœur Supplicié, créa ce mot :

Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé !

Vous voyez mes amis, d’une blessure épicurienne, je vous ai fait une page de culture. On dit quoi ? Merci Mona…, c’est çà, c’est bien.

Mona pas un poil de fierté d’être si instruite (de Schubert).


[1] Ce que je ne souhaite à aucun homme, mes petits chats

1 pensée sur “Par Rimbaud jour…”

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