La bite ne fait pas le moine

Mona & Patrick Plattier

Un cordelier[1] disait la messe à la Cour, on l’aida à s’habiller et revêtir ; mais en l’accoutrant, on lui cousit l’aube avec sa robe et chemise. Mais quand ce fut à Ite missa est, et que le pauvre moine voulut retirer son aube, il emporta ensemble et habit et chemise, qui étaient bien cousus ensemble, et se rebrassa[2] jusqu’aux épaules, montrant son callibistri[3] à tout le monde, qui n’était pas petit, sans doute. Et le moine toujours lisait, mais tant plus se découvrit-il, jusqu’à ce qu’un de messieurs de la Cour dit : «Et quoi, ce bon père nous veut ici faire l’offrande et baiser son cul ?» Dès lors, fut ordonné que les pauvres pères ne se dépouillent plus devant le monde, mais en leur sacristie. Et le monde demandait : «Pourquoi est-ce que ces moines ont la couille si longue?» Panurge résolut très bien le problème en disant: «Ce qui fait les oreilles des ânes si grandes, c’est que leurs mères ne leur mettent point de bonnet sur la tête. A pareille raison, ce qui fait la couille des pauvres bons pères, c’est qu’ils ne portent point de chausses foncées[4], et leur pauvre membre s’étend en liberté à bride avalée, et leur va ainsi trimballant sur les genoux, comme font les patenôtres[5] aux femmes. Mais la cause pourquoi ils l’avaient gros à l’équipollent[6], c’est qu’en ce trimballement les humeurs du corps descendent audit membre; car selon les légistes, agitation et motion[7] continuelle est cause d’attraction.»

Ce texte de Rabelais m’a été adressé par Josée Paledir. Y était joint une question fondamentale :

« Mona, vous qui êtes notre phare culturel dans ce bas monde, pouvez vous me confirmer que les moines du Moyen-âge avaient des testicules plus pendantes que leurs congénères ? »

Tout d’abord, Josée, merci de ce compliment qui me va droit au cœur et le fait fondre comme une flèche de Guillaume Tell transforme les pommes en compote.

Pour comprendre cette particularité physique, il faut remonter au milieu du VI° siècle. Saint Benoît écrit sa règle monacale. Dans son chapitre LV, il note que les moines porteront un caleçon lorsqu’ils sortent du monastère et qu’ils le rendront dès leur retour. On peut en déduire que les religieux ne portaient pas de sous-vêtements le plus clair du temps. Cependant, quelques années plus tard, Saint Fructuosus conseille le port du caleçon à ceux qui servent à l’autel. Puis au XII° siècle, Pierre le Vénérable en recommandera l’usage permanent par «nécessité, propreté et honnêteté».

Une toile de mon ami, Patrick Plattier, artiste libre, peintre et musicien de l’Ile de Ré, illustre à merveille cet article. Faites un petit tour sur son site pour rentrer dans l’univers du D’conn’Art et du Bigd’conn.

Mona toujours des slips Petit-Bateau au bord de la mer…


[1] Moine
[2] Retroussa
[3] Sexe
[4] Culotte ou caleçon
[5] Chapelets
[6] Equivalant
[7] Mouvement

2 pensées sur “La bite ne fait pas le moine”

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