La Maud de l’entre deux guerres

Mona et Maud

Maud avait un look… Sa frange inspira des artistes et elle devint modèle de Léandre, Poulbot, Utrillo, Suzanne Valadon

Elle se lança dans le théâtre et devint très rapidement une vedette. Son accent parisien ravissait les spectateurs. Elle était connue pour dire le joli mot de Cambronne en toute occasion et avec un ton qui n’aurait pas déplu à Arletty. Les auteurs rajoutaient même ce mot dans leurs pièces pour gagner facilement des applaudissements nourris. Un jour qu’on la présentait à Gaston Doumergue, elle lança :
-Vous êtes le président de la République. Ah, merde alors !

Rip[1] en fit même une revue où elle jouait, qui portait ce titre : Et moi je te dis…Maud ! 

Cette coqueluche de l’entre-deux guerres accueillit dans sa loge le roi Léopold I de Belgique,  le roi Alphonse XIII d’Espagne, l’Aga Khan

Mariée à un maharadjah, elle réussit à le ruiner. Il faut dire qu’entre 1918 et 1930, son train de vie était somptuaire.

Maud Loty (ou Loti) habitait un luxueux appartement au 68 des Champs-Elysées où elle donnait des fêtes grandioses. Elle possédait également une villa à Enghien, une écurie de courses, et fut même propriétaire du théâtre de l’Avenue à Paris, rue du Colysée. Elle avait une collection de chaussures dont plusieurs paires d’escarpins décorés de diamants. A l’achat de sa 2500ème paire, elle donna une réception dont le Tout-Paris se souvint longtemps.
Sa Rolls Royce était capitonnée de soie saumon pour s’harmoniser avec sa couleur de peau.
On la voyait partout, à Deauville au volant d’une Bugatti grand sport, à Cannes où ses toilettes faisaient sensation … On la croisait aussi sur les champs de courses et dans les salles de jeux où elle laissait des fortunes.

Un jour, fatiguée de la vie qu’elle menait, elle décida d’entrer au couvent. Elle se rendit au Carmel de LisieuxMais dès le deuxième jour, la Mère Supérieure lui conseilla vivement de retourner dans le monde. Elle venait de lui demander du Champagne… pour accompagner ses repas.

De retour à Paris, elle continua à mener une existence excentrique et dispendieuse.

Mais, rongée par l’alcool, Maud Loty n’eut bientôt plus de rôles. Ses oublis et ses caprices de vedette avaient fini par lasser. Le public qu’il l’avait adulée, l’oublia… Alors elle commença à manquer d’argent.
Expulsée de son appartement de l’Etoile, elle sombra rapidement. C’est à Montmartre et à Pigalle qu’elle se fit diseuse de bonne aventure.
Mais le peu d’argent qu’elle gagnait filait dans les bars et tripots. Que de fois, les policiers la ramenaient chez elle et la posaient déjà endormie sur sa paillasse. Logée dans une mansarde, elle se nourrissait de fruits et légumes ramassés dans le caniveau ou en fin de marché, ou souvent donnés par un marchand des quatre-saisons qui fut un de ses admirateurs. Portant son éternel manteau de panthère, sans âge, usé, râpé, élimé et nue en dessous, elle semblait avoir trente de plus que son âge.

Après un séjour en hôpital psychiatrique, elle fut recueillie par sa sœur au Plessis-Robinson et elle y vécut jusqu’à 81 ans.

Mona pitié de cette Maud.


[1] Pseudonyme de Georges Gabriel Thenon, célèbre meneur de revue et chansonnier

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