Je ne suis pucelle que vous croyez

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Mademoiselle,

Je suis tombée par hasard sur votre site et je dois vous dire combien j’ai été blessée à la lecture de tous vos exploits coïtaux, de vos turpitudes, de vos frasques étalées tout au long des pages de votre Journal. Vous prônez le nomadisme sexuel, vous avouez sans complexe changer de partenaire aussi souvent que de culotte. Vous nous faîtes partager votre folie vaginale. On croit entendre le bruit des ressorts tant la description détaillée de vos nuits libertines nous est imposée. Quant à vos illustrations, elles avilissent l’image de Mona : une fois blonde, une fois brune, une poitrine souvent trop généreuse et peu dissimulée, des attitudes provocantes. Mais que fait la censure. Pour moi qui suis aussi vierge qu’un pull de laine d’Ecosse, et je suis outrée, choquée, offensée. Le libertinage doit rester dans les alcôves. Le répandre comme les paysans étalent du lisier devant une préfecture bretonne est une ignominie. Vous feriez mieux de vous étendre sur le canapé d’un psychiatre freudien et d’y déverser vos fantasmes et vos perversions. Au nom de la France, de la morale civile et patriotique, je vous somme de supprimer ces pages licencieuses qui heurtent ma sensibilité de vierge de 92 ans. Et je suis certaine que de nombreuses innocentes au cœur aussi pur que le mien ont été blessées par la mise à nu de votre névrose clitoridienne. J’espère que vous ne serez pas suffisamment lâche pour ne pas publier mon texte dans son intégralité.
Sachez, Mademoiselle, que je vous vomis vous qui transpirez le mâle et le mal. Hors de ma vue site diabolique.
Ella Jamètiret

Madame,

C’est par respect pour votre grand âge que je resterai courtoise et mesurée dans ma réponse. Vous eussiez vécu au siècle de Poquelin, vous seriez la vedette du Tartuffe. Si ce Journal vous mettait si mal à l’aise, pourquoi avoir visionné tant de pages ? Cachez ce sein que je ne saurais voir… mais on regarde jusqu’au bout, engeance de vipères. Vous dites de ce site que Satan l’habite (si j’ose dire). Il n’en est rien. Quoi de plus naturel que de livrer des conseils à des lecteurs en détresse ou tout au moins inquiets. Et si mon exemple et mon expérience peuvent les aider à surmonter leurs faiblesses, quel mal y-a-t-il ?
Quant à votre attaque sur mon grand nombre d’amants à votre goût trop élevé, je me dois de préciser que tel est mon bon plaisir. Quand un homme multiplie les partenaires, on salue en lui un Don Juan, mais quand c’est une femme on la traite de femme facile, de catin. Waren Betty aurait eu 12.000 conquêtes, Georges Simenon 10.000…, personne n’y trouve à redire. A ma connaissance, aucune femme n’a revendiqué de tels exploits. Qui sait dans quelques années, peut-être dira-t-on une Mona comme de nos jours on parle d’un Don Juan. C’est tout le mal que je me souhaite !

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