Souvenir de vacances

mona-videe

A peine le pied posé sur le sol français, je recevais un coup de fil de Lépicurien. Mon auguste patron se souciait de moi, ça fait chaud au cœur. Il me proposait de le rejoindre dans son antre pour y partager un dîner. J’hésitais étant fatiguée, mais le bel hidalgo, avec son tact légendaire sut trouver les mots pour me faire fléchir. Puis il raccrocha ne me laissant pas le temps de l’informer de ma santé…

Donc, quelques heures à peine après être descendue de l’oiseau de fer qui me ramenait de contrées fort lointaines, je pénétrai chez mon extraordinaire boss. Il me rassura, tout était prêt et je serai dans mon lit deux heures après si je le souhaitais. Il me dressa le menu concocté par ses soins : chariot de crudités, une côte de bœuf bien épaisse et persillée venant d’un bœuf de Bazas, un must qui faisait dégouliner de plaisir le grand homme, un plateau de fromages à faire pâlir où pâtes molles, chèvres, bleus et pâtes lavées se disputaient la vedette et pour finir sur une note légère, une salade de fruits exotiques augmentée de pommes et poires. Le repas serait arrosé d’un vin blanc de Loire, un rouge de Nuits et un liquoreux de Barsac.

Lépicurien me vit me décomposer devant lui. A chaque plat, je me sentais défaillir. Comme je vous l’ai dit, je n’avais pas eu le temps de lui signaler que je ramenai un souvenir fort encombrant de mon périple îlien. J’en ramenai une turista pas piquée des hannetons, une colique telle qu’un espion aurait pu me suivre à la trace… Aussi écœurée par l’énumération gourmande lâchée par Lépicurien, je crus vômir et fonçais dans les cagoinces. J’y restais si longtemps qu’on crut que j’étais en train de repeindre les lieux. Sans rentrer dans les détails de mon séjour chiotard, je dois vous dire que je me vidais comme une borne incendie récemment vandalisée. Je sortais du lieu avec les boyaux aussi vides que le cerveau d’une blonde et allais m’effondrer sur une banquette. 

Je dus expliquer à mon boss que son repas était magnifique, qu’en temps ordinaire, j’y aurais fait honneur mais que l’état de ma tripe ne me permettait pas d’envisager d’en croquer ne serait-ce qu’un minuscule bout sauf à ce qu’il me donne la permission de saloper sa banquette, sa chaise, sa nappe, son tapis de Chine… Il comprit qu’aucun des mets qu’il avait retenus n’était compatible avec la diarrhée que je trimbalais. Bon appétit, dis je avant de partir me coucher, laissant le boss attaquer son kilo de barbaque.

Mona rien bouffé pendant trois jours et s’est gavée d’eau de riz. Merd’alors !   

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