Vous avez fini de vous A. Musset ?

À Alfred Tattet. 

Qu’il est doux d’être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d’été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l’herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :

Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d’en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

 De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D’avoir vécu trente ans comme Dieu l’a permis,
Et, si jeunes encor, d’être de vieux amis.

Alfred de Musset a écrit ce poème en 1838.
Mais qui était donc Alfred Tattet ? Ce fut sans aucun doute le seul vrai ami du poète au milieu des noctambules, viveurs, noceurs, fêtards, coureurs de jupons qu’il fréquentait. Fils d’un agent de change, il brûla la vie par les deux bouts et décéda de la goutte à 46 ans.

Ce Tattet eut de nombreuses maîtresses dont Marie Pleyel, la femme-virtuose du roi du piano Camille Pleyel. Jaloux comme un pou sur la tête d’un chauve, il soupçonna Marie de le tromper. Qu’elle fasse cocu son mari avec lui, lui semblait naturel mais qu’elle trimbale son berlingot dans le pageot d’un autre, çà non !

Bien court Madame ?

Aussi, il décide de se venger. Avec l’aide se son ami Musset, il attire la belle dans une maison isolée à quelques encablures de la capitale. Et là, la Marie fut étendue sur un lit, attachée, bâillonnée et ses robes, jupons, cotillons et crinoline relevées. Elle s’attendait au pire. Ses yeux exorbités (si j’ose dire), ses tentatives de cris étouffés par le bâillon qui emplissait sa bouche (pourtant si habile à tailler les crayons), la pauvrette transpirait comme une Algéroise au sortir d’un hammam. Sentant sa dernière cuirasse s’effondrer : je veux parler de sa culotte dim-ding-dong dont l’élastique cassa comme la soupière de la grand-mère que votre femme vous lance à la figure. Marie fut effrayée en voyant sortir de la poche de son (ex) amant un rasoir tranchant comme celui d’une  portugaise. Non pas çà : ils ne vont pas me saigner comme une dinde qui mange des marrons glacés à la veille de Noël. Que nenni ! Mais Marie sentit la lame se promener sur un endroit précis que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici. Puis, les deux Alfred sortirent de la cire et en usèrent généreusement de telle sorte que Marie avait l’entrée de la crèche aussi déplumée qu’un poulet cou-nu du Forez.

Or si à notre époque, les femmes se font facilement ratiboiser la foufounette, au milieu du XIX° siècle, ce n’était pas au goût du jour et de la nuit. On imagine Marie, montrant son clavier sans aucune touche noire à Camille qui s’y connaissait un max en instrument. Même en expliquant que l’automne était précoce, que le vent l’avait surprise, elle eut du mal à ce que Camille lui rejoue la partition de son asperge d’édredon sur motte désertique.

Sacrés Alfred, ces deux potaches méritent que l’on teste un coup  de mousseux. Et ma petite Mona, que diriez-vous d’un Préambulles de Causse Marines. Ce vin explosif est un régal. Encore chapeau Patrice, un des vignerons rois de Gaillac !