Veuillez abréger, Mademoiselle, mes érections distinguées

Encore une anecdote sur le Prince de Bénévent [1], me direz-vous. Mais le personnage est si riche que quelques lignes supplémentaires ne sont pas de trop.

caylusTalleyrand, avec l’âge devint un vieillard libidineux. Et il ne se résignait pas à cesser de plaire. Il s’était entiché de la belle et charmante comtesse de Caylus, qu’il bombardait sans cesse de madrigaux enflammés [2].

Devant l’abondance des missives, la jeune femme, excédée, lui répondit vertement d’arrêter immédiatement sa cour et de s’abstenir de lui envoyer de tels poèmes, … « étant donné l’usage que j’en fais » !

Le Prince, dont la vivacité d’esprit était intacte malgré son âge, lui adressa un ultime billet qui se terminait par ces mots :

Allez, petits papiers, suivez votre destin,
Mais, en passant, veuillez m’annoncer au voisin!

Mona, je vous propose un vin blanc de Valençay dont Talleyrand avait acheté le château en 1803. Ces vins de Sauvignon et de Chardonnay sont légers et frais.


[1] Le 5 juin 1806, Talleyrand devient duc de Bénévent. Dans une lettre à Joseph, son frère roi de Naples, Napoléon écrit le 5 juin 1806 : « J’ai pensé qu’en tout état de choses les enclaves de Bénévent et PonteCorvo ne pouvaient être que des sujets de troubles pour votre royaume. J’en ai fait deux duchés : celui du Bénévent pour Talleyrand, et celui de PonteCorvo pour Bernadotte. Je sais que ces pays sont peu riches ; mais je suppléerai à la dotation de ces duchés. Talleyrand est assez riche pour n’en avoir point besoin. Je me chargerai de la dotation de celui de Bernadotte. »

[2] Madrigal : compliment galant