Pompe Afrique

En Europe, depuis Jean de La Fontaine, on sait que Perrette lorsqu’elle va au marché avec son pot de lait sur la tête, passe son temps à tirer des plans sur la comète et finit par casser le pot. Et lorsqu’elle revient chez elle, elle craint d’être battue par son mari. En Afrique, les choses semblent se passer autrement selon Mamadou Khânto, auteur de ce poème :

chaponbresse3Une fermière du Rwanda,
Qui était Hutu de surcroît,
Quitte sa case et sa smala
Pour le marché de Kampala.
Elle veut honorer sa tribu
D’un beau chapon gras et dodu.
Mais elle était peu fortunée,
Et le marchand Tutsi, rusé,
Refusa de baisser le prix
Du chapon par elle choisi.
Me le donnerais-tu,
Dit la cliente Hutu,
Contre une gâterie
Sur ton beau bengali ?
A voir, dit le vendeur,
De cette gâterie quelle serait la valeur ?
Vaudrait elle un chapon ?
Il m’en faudrait la preuve pour de bon.
Aussitôt la bougresse s’enfouit sous le boubou,
Et vite fait jaillir la sève du bambou.
J’ai gagné le chapon, s’exclame l’innocente,
La bouche encore pleine du produit de la vente.
Que nenni’ lui répond le volailler acerbe
Tout comme la figure, le chapon tu as perdu
Car comme le dit notre si beau proverbe :
Turlute Hutu,
Chapon point eu.

Mona pas oublié le drame du Rwanda : c’était en avril 1994